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sur 407 notes
Quelles aventures que sont celles de Don Quichotte ! Je ne m'attendais pas à un livre aussi intéressant et drôle. À avoir lu trop de romans de chevalerie, cet homme en perd peu à peu la raison et se proclame lui-même chevalier errant, parcourant avec son cheval et bientôt son écuyer Sancho, l'Espagne.

Don Quichotte est un personnage très intéressant. Il ne faiblira jamais sur ce qu'il sait, sur ce qu'il croit savoir et voir. Rien ne pourra ébranler sa pensée, même si elle est évidemment loin d'être bonne. En voulant être chevalier, cet homme va s'embrigader dans des histoires toutes aussi rocambolesques les unes que les autres qui m'ont beaucoup amusé. Toutes les personnes qui le rencontrent le prennent pour fou, certains font semblant de jouer à son jeu, d'autres essayent de le ramener à la raison.

Le seul qui ne comprendra la folie de son maître est Sancho. Simple paysan, il va connaître une grande évolution, en aiguisant ses qualités comme la logique et la clairvoyance. J'ai beaucoup apprécié ce duo, qui ne sont pas à un statut égal mais qui s'attachent l'un à l'autre malgré tout.

L'écriture qui se veut moyen-âgeuse n'a pas été compliquée à lire. (je vous parle de l'édition folio, les différentes éditions ont une traduction assez différentes de l'oeuvre). L'ironie de l'auteur m'a plu, il se moque de son personnage qui se veut fier et chevaleresque. La fin commençait néanmoins à se faire attendre. Donc s'il vous tente, je vous recommande d'essayer rien que pour le plaisir des aventures de ce chevalier.
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Je l'ai lu il y a un bon moment déjà, par curiosité et après avoir reçu les commentaires d'un ami. Mon verdict : un excellent divertissement !

Premièrement, c'est très drôle ! Vraiment ! Je me souviens avoir failli m'esclaffer dans le métro, et les oisifs environnants ont pu m'apercevoir avec un sourire difficilement réprimé.

Suivre l'excentrique Don Quichotte et son fidèle mais peu efficace serviteur Sancho dans leurs aventures fut un réel plaisir. Leur incessant bavardage loufoque ainsi que les occasionnels discours inspirés de Don Quichotte m'ont ravi. La langue a un petit côté désuet qui ne gêne nullement la compréhension et qui donne plutôt un cachet que j'ai personnellement trouvé addictif. Je vous propose un petit lexique à l'usage des lecteurs : incontinent = immédiatement, icelui = celui-ci, icelle = celle-ci. Et voilà, vous êtes maintenant prêt à affronter cette oeuvre sans crainte !

On suit les deux compères dans des péripéties diverses et le cours de l'histoire prend parfois la forme d'un ''roman à tiroirs'' où des espèces d'interludes, comme par exemple l'histoire d'un personnage secondaire, viennent colorer le quotidien. le tout m'a laissé un impérissable souvenir !
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El Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha - Primera Parte
Traduction : César Oudin, revue par Jean Cassou
Notes : Jean Cassou
Présentation : Jean Carnavaggio

ISBN : 9782070379002

Vous l'avez souvent lu sous les touches de mon clavier : il y a une heure bien précise pour lire un livre. le lecteur ne doit surtout pas désespérer et attendre, attendre ... Parfois, bien sûr, l'heure n'arrive jamais. Est-ce la faute du lecteur ou celle de l'auteur ou la leur à tous deux car, quelque part, au plus profond de leurs rêves, ils n'ont aucun atome crochu l'un avec l'autre ? Qui pourra le dire ? ... Mais la chose est rare, pour ne pas dire rarissime, en tous cas en ce qui concerne la race des Grands Lecteurs, ce que nous sommes tous, peu ou prou et en fonction de nos obligations, sur Nota Bene. Simplement, il faut persévérer.

Pour "Don Quichotte", j'ai persévéré. Mettant à profit notre "Tour du Monde en Livres de l'Année", je me suis dit : "Retentons : qui n'ose rien n'a rien." Je dois à la vérité de confesser avoir passé la "présentation" - je voulais faire connaissance directement avec l'"Ingénieux Hidalgo de la Mancha" - survolé les notes - ce qui n'est pas mon habitude, loin de là - et mis au minimum cent bonnes pages à prendre enfin pied dans le roman. Mais cette fois-ci, c'est pour toujours : plus jamais la porte ne restera fermée pour moi, plus jamais je ne dirai mal ou même ne pas comprendre le succès (énorme) qui fut et demeure celui du Quijote.

Certes, il faut se remettre dans le contexte de l'époque de la parution et songer que Cervantes, s'il raille les dangers des romans de chevalerie et les exaltations étranges qu'ils peuvent introduire dans des cervelles par ailleurs pleines de bon sens, n'en insiste pas moins sur la nécessité pour l'homme de se changer les idées en quittant parfois la réalité, trop souvent morose et routinière, pour un univers entièrement fictif mais qui le rassérène et lui permet de retrouver une équanimité singulièrement compromise par les contrariétés, soucis et tracas divers du quotidien. "Ne confondez pas le rêve et la réalité," nous conseille-t-il, "mais n'oubliez pas que le rêve, pour autant, nous est nécessaire à tous."

Le rêve, les livres ... A l'époque de Cervantes et de son ingénieux héros, les romans de chevalerie avaient encore la cote. Celle-ci était néanmoins en forte baisse, le Temps faisait son oeuvre mais on assistera à un bon regain d'intérêt tout au long du XVIIème siècle qui, soulignons-le, en France, sera le siècle des Précieuses. Or, à bien regarder les oeuvres de Melle de Scudéry, cette "reine" du genre, la filiation est claire. Tout comme, du roman "précieux", le genre passera insensiblement à ce que nous finirons par nommer tout simplement le roman "psychologique", lequel est celui qui connaîtra le maximum d'avatars : l'épistolaire, le philosophique, le romantique, etc, etc ... Et tout cela, en partant, à l'origine, de "Lancelot du Lac" et des grands romans de Chrétien de Troyes (tout ce que vous voulez savoir sur lui, vous le trouverez, grâce à Lydia, dans notre rubrique "Littérature Médiévale" : quel fabuleux parcours qui ferait, certainement, verser une larme d'émotion à notre illustre hidalgo de la Mancha !

Revenons à Don Quichotte, justement, chevauchant sur son Rossinante (car Rossinante, bien loin d'être une jument, appartient au sexe mâle, eh ! oui ! ), la lance et l'écu au bras, un heaume toujours plus ou moins incomplet sur la tête (en tous cas en cette première partie) et, à ses côtés, monté sur un âne que lui volera un forçat remis en liberté par le Quichotte en personne, le simple et honnête Sancho Pança, paysan de son état originel, élevé à la qualité d'écuyer par la grâce de l'Homme de la Mancha. Quoique, disons-le tout de suite, l'intérêt sous-tende bien aussi un peu la démarche de Sancho. Don Quichotte, devenu chevalier errant, lui a en effet assuré, avec cette fermeté solennelle qui n'appartient qu'à lui, que, au cas, plus que probable , où lui-même ferait fortune au service de quelque empereur ou impératrice, il le récompenserait, lui, son bon Sancho, en le nommant gouverneur d'une île. Cette possibilité de régner un jour sur une île où il prévoit déjà d'ailleurs, ce qui nous renseigne pas mal sur les moeurs du temps, d'entretenir des esclaves noirs, paraît, chez le terrien originel qu'est Sancho, une véritable obsession. Obsession qui le fait marcher comme la carotte fait, dit-on, marcher l'âne puisque, en dépit des reproches de son épouse, Teresa, il accepte de suivre Don Quichotte sans avoir obtenu de lui un véritable salaire.

Capable des raisonnements les plus sages toutes les fois - c'est très rare - qu'il autorise son esprit à se détourner de l'univers des romans de chevalerie, Don Quichotte a, le reste du temps et pour reprendre une expression moderne mais qui dit bien ce qu'elle veut dire, une case (voire deux ou trois) en moins. L'univers dont, jadis, il se contentait de se distraire quand il se plongeait dans la lecture des livres en traitant, est devenu pour lui la réalité. En conséquence, il se fait armer chevalier par un tavernier qu'il prend, le plus sérieusement du monde, pour un seigneur féodal et, flanqué de Sancho, s'en va en quête d'aventures qui lui apporteront célébrité et fortune. Selon les règles de la chevalerie errante, il a pris, comme "dame de ses pensées", une fermière assez gironde, en qui il voit désormais la dame Dulcinée du Toboso (le Toboso étant le nom du village où elle réside) et, toutes les fois que lui survient une mésaventure, il y décèle tout net la griffe d'un ignoble enchanteur, étant entendu que tout chevalier errant digne de ce nom a toujours pour ennemi un enchanteur ou mage aussi redoutable que haineux.

En contrepoint, s'élève la voix de Sancho Pança qui, quand on lui vole son âne par exemple ou quand les hôtes du tavernier se livrent à une plaisanterie des plus douteuses en le faisant sauter et rebondir contre son gré sur une couverture dans la cour de l'auberge, ne voit là-dedans que la vérité toute crue et toute nue, à savoir un vol et un affront. Mais, à toutes les remarques de son honnête écuyer, Don Quichotte oppose la froide logique ... de sa déraison : l'âne a été enlevé par un enchanteur et c'est le même mage mal intentionné qui a fait croire à Sancho qu'on le faisait voler dans les airs en usant pour cela d'une couverture - et d'une brutalité regrettable.

C'est dans ce premier tome, plus précisément dans sa première partie, que se place le fameux épisode des moulins à vent que la folie de Don Quichotte transforme en géants. Vous l'y verrez aussi, toujours en guerre contre des géants inexistants, tranchant à grands coups d'épée la partie supérieure de grosses outres de vin placées dans sa chambre, à l'auberge. Je vous laisse imaginer tout ce que la couleur du liquide répandu apporte à sa théorie comme quoi il vient de trucider de monstrueuses créatures ...

Ramené une première fois chez lui en un bien triste état - il a été roué de coups - Don Quichotte ne s'en esquive pas moins une seconde fois, toujours avec Sancho, loin des regards de sa nièce et de sa gouvernante, lesquelles sont accablées par sa folie mais ne savent pas trop qu'y faire. le barbier du coin et le curé se lancent alors à la poursuite du malheureux, le curé étant d'accord pour se déguiser en femme et se faire passer pour une malheureuse dame en détresse aux yeux du Chevalier A La Triste Figure (surnom que Don Quichotte lui-même s'est donné, en plein accord avec son écuyer), tout ceci visant à le contraindre en douceur à un nouveau retour en ses pénates.

Il serait fou - eh ! oui ! - de vouloir conter ici par le menu toutes les aventures qui parsèment ce premier tome. En dépit des siècles qui nous en séparent, certaines parviennent à nous faire rire et sourire. D'autres, plus proches des histoires gigognes, lasseront peut-être certains mais je puis vous assurer que la scène qui voit Don Quichotte arracher à la chaîne des forçats en partance sans se soucier des raisons pour lesquelles on les a condamnés au bagne de Sa Majesté Très Catholique, constitue un sommet de grandeur et de bouffonnerie qu'il faut connaître, d'autant qu'il s'assaisonne d'une pointe inquiétante et laisse malgré tout un malaise au lecteur.

Au final, c'est dans une cage où il se croit enfermé par la seule volonté du hideux et toujours aussi invisible enchanteur, dans un char tiré par de paisibles mais bien modestes boeufs, que Don Quichotte revient chez lui avec armes et bagages, accompagné, il va s'en dire, de Sancho, du curé et du barbier, sans oublier quelques connaissances, comme don Fernando, faites pendant ce second périple. le lecteur est touché mais il enrage aussi de voir qu'un homme qui possède tant de qualités humaines, et peut-être justement parce qu'il les possède, a choisi, inconsciemment certes mais peu importe, de se réfugier dans un monde irréel où pullulent redresseurs de torts et damoiselles en péril. le monde est-il si mauvais que la folie lui soit préférable ? Voilà ce que l'on est tenté de se poser comme question à la fin du volume. Et j'ajouterai : ce nous voyons autour de nous aujourd'hui ne donne-t-il pas finalement raison au Quijote ? ... Où sont passés les chevaliers errants qui mettraient fin à tant d'exactions et d'atrocités qui ont, aujourd'hui, droit de cité et desquelles détournent la tête les prétendus grands de ce monde ?

Don Quichotte n'est-il pas éternel parce que, au-delà les bouffonneries dont il n'a pas conscience, on a besoin de tout ce qu'il représente de noblesse et de désintéressement, deux valeurs que trop d'entre nous considèrent comme relevant de la folie ? ...

Rendez-vous au second tome pour voir si notre impression se confirme. ;o)
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Roman le plus comique que j'ai jamais lu. L'épisode des moulins à vent n'est pas célèbre sans raison, une vraie pièce d'anthologie. La prémisse est déjà drôle, Don Quichotte est devenu fou à la lecture de trop de livres et la tension comique de tout le récit provient de l'écart entre l'interprétation que fait Don Quichotte de ce qui lui arrive et ce qui lui arrive vraiment.
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Un grand classique de la littérature, qui reste trop peu lu à mon goût. Don Quichotte, un simple hidalgo, enivré par la lecture de roman de chevalerie rêve lui aussi de faire partie de la petite confrérie des chevaliers errants. Pour ce faire il décide de partir à l'aventure afin d'acquérir ce qu'il lui semble être une grande renommée... sans jamais se rendre compte de son ridicule. Alors qu'il pense par exemple intervenir lors d'un combat entre deux grandes armées, le narrateur nous fait clairement comprendre qu'il s'agit en réalité d'un troupeau de moutons qui avance... Par des effets de double énonciation très plaisant, le lecteur ne peut être amené qu'à railler l'attitude d'un qu'on Quichotte tiraillé entre la réalité et le rêve qui le guide...
En dehors de son histoire à lui, le roman est ponctué de récits enchâssés qui eux aussi se révèlent très plaisants et parviennent à captiver l'attention du lecteur.
En somme, à y voir de plus près, ce délire de Don Quichotte ne souligne pas tant une folie qu'une volonté de retrouver une gloire, ce qui peut rappeler la situation de l'Espagne à cette époque: une Espagne désenchantée et en quête de gloire suite à la chute de l'empire bâtit par Charles Quint.
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J'ai longuement hésité avant d'écrire une critique sur le tome 1 du Quichotte.

Quoi écrire que vous ne sachiez déjà ? Quoi écrire, du haut de mon insignifiance, qui puisse vous enjoindre ou vous dissuader de lire cette oeuvre après que des très grands l'ont commentée, analysée, décortiquée, pris appui dessus ou, au contraire, lui ont volontairement tourné le dos, preuve s'il en est de son importance ?

De simples impressions de lecture, c'est tout ce que je sais faire, et encore, pas des plus fraîches, ces impressions, car je ne l'ai pas relu tout à fait récemment.

Tout d'abord, Don Quichotte, c'est l'exemple parfait de l'incarnation d'un portrait type, un personnage qui est rentré dans la culture collective de l'humanité, comme dans l'expression populaire de tout un chacun « se battre contre des moulins ».

Ils ne sont pas si nombreux les romans (ou toute autre forme d'écrit) ayant marqué d'une telle empreinte l'inconscient collectif. Il y a probablement le Gargantua de Rabelais, le Don Juan de Molière, le Faust de Goethe, le Frankenstein de Mary Shelley, le Quasimodo d'Hugo, le capitaine Nemo de Verne, le père Ubu de Jarry, lequel tient sûrement beaucoup de son grand frère espagnol. Je sais qu'on pourrait encore en citer quelques uns, voire quelques dizaines au grand maximum, dont bon nombre issus de la BD franco-belge d'après guerre, mais dans l'ensemble, ils ne sont pas très nombreux, et celui-ci, sans être nécessairement le premier (Ulysse aurait sûrement plus d'arguments pour revendiquer ce titre), marque un tournant dans l'histoire mondiale de la littérature. Un peu comme après la basilique de Saint-Denis, on ne construira plus jamais un édifice chrétien exactement de la même façon, une porte s'est ouverte, un passage s'est offert. Ce n'est pas nécessairement la plus grande réalisation de ce style, mais c'est celle sans laquelle rien ne serait arrivé.

Don Quichotte (on devrait d'ailleurs écrire Don Quichotte et Sancho Pança, car c'est le couple qui est génial, pas de Laurel sans Hardy, pas de Quichotte sans écuyer) est donc un symbole, symbole d'un monde en mutation en sa qualité autoproclamée de chevalier errant, vestige des temps révolus du moyen âge, symbole d'un renouveau de l'écriture qui ose se gausser des chansons de gestes et autres oeuvres passées de mode, symbole de l'Espagne et de ses emblématiques moulins qui tournent et qui tournent sans forcément avoir grand chose à moudre, symbole d'une Espagne elle aussi vestige, celle qui dominait le monde et qui va très bientôt entamer son déclin.

Miguel de Cervantès a donc eu, certes ce génie de la création littéraire, mais aussi, et peut-être, surtout, ce génie de trouver un étonnant baromètre pour annoncer les temps à venir. Voilà, en gros, en très gros, les impressions que m'ont laissées Don Quichotte.

J'ai souvenir également d'une lecture particulièrement drôle et efficace au début, peut-être jusqu'au premier tiers, d'un milieu de roman qui, sans être désagréable, m'a semblé un peu lassant à la longue et redondant par ses situations toujours un peu téléphonées, mais d'une fin qui retrouve un élan magistral. Mais, quelle incorrigible insatisfaite suis-je pour m'exprimer ainsi, rassurez-vous, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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depuis plusieurs années je souhaitais lire Don Quichotte...
Les personnagesde Don Quichotte et Sancho Panza sont vraiment attachant.
leurs péripéties sont très drôles et surtout la folie douce de Don Quichotte.
Malgré quelques longueurs , ce roman écrit en 1605 !! est excellent .
Évidemment j'attaque le 2ième tome dans la foulée.
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Le tome 1 de L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche est probablement le livre à lire avant de se lancer dans la littérature espagnole moderne. Cervantès joue ici la carte de la parodie. Don Quichotte n'est pas chevalier, loin de là. Certes il est passionné de romans de chevalerie ce qui lui vaut une connaissance encyclopédique du chevalier du roman de chevalerie mais cela ne suffit pas. Bien au contraire, sa passion le rend fou et l'amène à confondre moulins avec géants, tavernes avec châteaux et troupeaux de brebis avec armées redoutables.

De ce fait, ce roman est une parodie où l'on sourit souvent devant la bêtise de Don Quichotte et de son valet, convaincu du talent de son maître. Néanmoins, le récit souffre quelquefois de ruptures rythmiques, particulièrement lors des récits "secondaires" qui rejoignent l'histoire et s'étendent parfois sur plusieurs chapitres ! On quitte un instant nos deux anti-héros charismatiques pour s'intéresser à l'histoire d'un figurant. Pas forcément agréable à lire, et parfois véritablement ennuyant, c'est le principal point noir du livre. Autant, nous suivons avec intérêt l'histoire principale, autant les intrigues secondaires qui viennent se nouer dessus ne font que rajouter du blabla. Je ne reste pas sur une mauvaise note de l'Ingenieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche mais il est dommage que les inconvénients susnommés gâchent un peu le plaisir de lecture !
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Comme chacun sait, Don Quichotte vivait tranquillement dans son village de la Manche jusqu'à ce que, la cervelle échauffée par la multitude de romans de chevalerie qu'il possède et lit, il s'imagine lui-même en chevalier errant destiné à guerroyer, sauver les femmes en danger et prêter son bras armé au faible. Il lui faut une dame à qui penser: Dulcinée, villageoise à qui il n'a jamais parlé, fera l'affaire. Il réussit à convaincre un paysan du coin, Sancho Panza, de lui servir d'écuyer, lui promettant le gouvernement d'une île quand leurs exploits les auront rendus riches et célèbres, et hop, les voilà partis sur les routes, chevauchant l'haridelle Rossinante pour Don Quichotte, et un âne pour Sancho.

Don Quichotte possède une imagination fertile qui le conduit à prendre des moulins pour une armée, c'est connu, et cet épisode survient dans les premiers chapitres, mais ensuite tout lui est occasion de se tromper. Mis le nez sur son erreur, il attribue tout à des enchantements.
Sancho, lui, le suit peu ou prou dans ses délires...

Dans cette première partie (et je m'oblige à ne pas relire la seconde pour garder l'esprit libre), Don Quichotte ne voyage finalement pas à plus de trois ou quatre journées de cheval de son village. du temps se passe dans un endroit sauvage et écarté, ou une hôtellerie, lieux où curieusement se retrouvent tous les protagonistes s'ajoutant à l'histoire au fur et à mesure. Car les aventures du pauvre hidalgo peuvent sembler répétitives : une idée lui vient en tête, il fonce, le sang coule, c'est violent en général, ensuite jamais il ne réalise sa folie, il a toujours une explication logique pour lui, ce au grand étonnement des assistants, qui pour la plupart rient de lui, reconnaissant vite qu'il ne "perdait les étriers" et que sa "cervelle avait un faux pli"seulement sur le chapitre de la chevalerie, restant logique et intelligent pour le reste.[ les expressions citées sont dans le texte!]

Les aventures de notre chevalier errant sont entrecoupées d'histoires fort bien contées, en règle générale histoires d'amour difficiles ou contrariées, donnant à penser qu'il s'agit de digressions, mais Cervantès s'amuse bien à relier tous les fils à la fin. On trouve aussi une sorte de nouvelle, où un mari aimé et heureux se met en tête de faire courtiser son épouse par son meilleur ami, histoire de vérifier si la belle est fidèle. Dans toutes ces histoires d'ailleurs amoureux hommes comme femmes tombent souvent en pâmoison ou folie, ou carrément meurent d'amour...

Mais ce qui m'a bien plu, c'est que Cervantès n'oublie pas son lecteur (ne surtout pas rater sa préface), critique les romans de chevalerie tout en les parodiant, et intervient sans crier gare au détour d'une page. Par exemple quand les amis de Don Quichotte veulent brûler ses livres, l'un est sauvé, écrit par un certain Miguel de Cervantès, qui a droit derechef à une critique de ses écrits.

Fin chapitre 8, patatras!Don Quichotte et un Biscayen s'élancent l'un vers l'autre l'épée au poing, les spectateurs tremblent et prient, et zut alors, pas de suite trouvée pour ces aventures. Mais, chance! "me trouvant un jour à Tolède, dans la rue d'Alcana, je vis un jeune garçon qui venait vendre à un marchand de soieries de vieux cahiers de papier. ". Ces cahiers sont écrits en arabe et content l'Histoire de don Quichotte de la Manche, écrite par Cid Hamed Ben-Engeli, historien arabe." Dans le premier cahier justement se trouvait l'histoire de Don Quichotte et du Biscayen, "tous deux dans la posture où l'histoire les avait laissés."
Fin donc de l'arrêt sur image, l'histoire continue...

De nombreux proverbes ou considérations de bon sens émaillent les discours, souvent le fait de Sancho Panza aux savoureuses argumentations. Sa nièce dit aussi:"Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus?"

Tout du long de cette relecture, je constatais à nouveau à quel point Cervantès est plutôt moderne, tout en usant d'une langue recherchée ou triviale parfois, coulant vraiment très aisément.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Dur dur !! de très longs mois pour venir à bout de ce livre, pourtant considéré comme le premier roman ! La barrière du langage est en effet énorme, et j'ai eu du mal à rentrer dedans et à me l'approprier. La structure du roman me rappelle quant à elle celle des "Mille et une nuits": des histoires imbriquées les unes dans les autres, à la manière des poupées russes. Enfin, si l'idée de la folie de Don Quichotte, qui, se prenant pour un chevalier, déforme tout son environnement (la campagne espagnole du XVIème siècle) en un univers de contes de fées peuplé d'ogres et de princesses, donc si cette idée-là est intéressante, elle est cependant trop tirée en longueur pour m'avoir tenu en haleine. Et dire qu'il y a un second tome ! Et de là le constat d'un de mes problèmes: mon impossibilité à arrêter un livre en route !
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