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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Suivi du Discours sur la négritude.
Véritable acte d'accusation du colonialisme sous toutes ses formes. Dénonçant point par point la colonisation occidentale : ses motivations, ses effets, ses justifications , et l'idéologie qui en découle. Un texte majeur.

26/08/2009
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Aimé Césaire dénonce dans ce pamphlet écrit en 1950 la violence et la barbarie coloniale. Cette violence extrême, toute entière au service de la bourgeoisie française (et dont le point culminant furent les massacres de Sétif, en Algérie, et de Madagascar, en 1945) permettait d'imposer aux peuples colonisés une exploitation féroce, et la ré-orientation de toute leur économie au profit de l'industrie coloniale. Les impérialistes européens n'ont apporté ni civilisation, ni droits, ni libertés, comme l'auto-proclame les colonisateurs, mais l'oppression et la haine, le racisme, et une forme de fascisme.
Césaire oppose donc, à cette légende qui cherchait à se donner bonne conscience, des territoires aux économies naturelles, coopératives et à la mesure de l'homme, détruites par l'impérialisme ; des peuples brutalisés et méprisés ; « des sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, des formes originales d'institutions minées, des terres confisquées, des religions assassinées, des magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées ».
L'auteur s'insurge particulièrement contre la torture infligée par l'armée française aux malgaches, aux vietnamiens et aux algériens.
Il critique ainsi objectivement la classe bourgeoise qu'il qualifie de décadente, car ne connaissant plus de limites dans les crimes et les préjudices qu'elle commet au travers du système économique capitaliste.
C'est un excellent petit livre, qui dénonce avec justesse les rapports entre colonisateurs et colonisés, et résume à lui seul toute la morgue que constituait la colonisation.
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Brève et éclatante, une énorme claque imparable sur cinquante-deux pages. Ce discours dit tout, et le dit bien. Sur l'Occident impardonnable. Sur le capitalisme cause affichée de cette abomination. Sur le racisme de classe, d'Etat, d'institution. Sur les préjugés bourgeois, les horreurs dont ils se réjouirent, la vision de l'Autre comme une bête. Sur la soif de sang, de profit, indissociables, et sur l'état moribond de telles sociétés.

Sans doute qu'à l'époque ce fut un nécessaire cri de révolte et d'espoir en l'humain (sait-on jamais). Je ne sais pas s'il est encore question d'espoir aujourd'hui, et surtout si l'on a vraiment réalisé que la colonisation, le rapport colonial au reste-du-monde, ne se sont jamais, jamais arrêtés, mais en tout cas ce livre est indispensable. S'il n'en fallait qu'un...

(Des passages vraiment difficiles moralement, qui peuvent faire penser par leur dureté et leur caractère édifiant au "Code Noir", tout aussi bref et tout aussi nécessaire).
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Aimé Césaire a été un immense poète, un penseur martiniquais et un homme politique de premier plan. A la lecture de son oeuvre immense servi par une langue, un talent d'écriture, de réflexion sur le colonialisme et la négritude d'une profonde acuité. C'est dans son discours sur la Négritude, néologisme fruit de sa pensée sur cette question dont il fût l'un des principaux fondateurs. Ce discours sur la Négritude fût prononcé en 1987 à l'Université internationale de Floride (Miami). Ce discours sur la Négritude est l'antithèse des mots maladroits du "Discours de Dakar" écrit par Henri Guaino et prononcé par le président Nicolas Sarkozy en juillet 2007. Ce dernier affirma que "L'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire." Une ineptie. le "Discours sur le colonialisme" est lui publié pour la première fois en 1950. Aimé Césaire y pourfend le colonialisme mené par "la bourgeoisie européenne" afin d'exploiter, pour les spolier, les peuples d'Afrique. La richesse de l'Afrique, les différentes cultures qui la composent, son histoire, creuset de l'humanité, la volonté légitime de reprendre en main ce dont l'Afrique a été spolier culturellement (avec le souhait des colonisateurs européens de rompre avec plusieurs millénaires d'histoire africaine afin d'y importer de force le modèle européen). Cette soi-disant "mission civilisatrice" a été menée pendant des siècles avec l'usage de la violence, le prix du sang, de l'esclavage, des massacres notamment perpétrés par la Belgique au Congo à la fin du XIXème siècle. Ces accès de violence sont monnaie courante alors. On souhaite effacer, on dédaigne les différentes cultures qui ont façonnés l'Afrique. le texte d'Aimé Césaire est un cri puissant, le souhait d'un prise de conscience, d'une prise de pouvoir de la destinée de l'Afrique par les Africains. Nous sommes dans les années 1950 et le mouvements de décolonisation est engagé et aboutira à l'indépendance de nombreux Etats africains. Une texte majeur d'Aimé Césaire qui m'amène à vouloir en lire d'autres.

Lien : https://thedude524.com/2022/..
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La civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale » est moralement, spirituellement indéfendable, accuse Aimé Césaire. Il met à bas toutes les tentatives de justification du colonialisme, sans la moindre concession.
(...)
Il ne s'embarrasse pas de circonlocutions polies. Dans une langue violente, lucide et franche, il condamne définitivement la colonisation. Son discours vital et beau est à lire impérativement.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.

Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Il faut lire le "Discours sur le colonialisme" d'Aimé Césaire (paru en 1950).
Pour nous rappeler quels discours abjects ont justifié et escorté la colonisation : ceux du maréchal Bugeaud ("Il faut une grande invasion en Afrique" p.19), ceux des romanciers et intellectuels (Jules Romain : "la race noire n'a encore donné, ne donnera jamais un Einstein, un Stravinsky, un Gershwin", p.35), ceux plus gentiment teintés de racisme du géographe Pierre Gourou qui écrivait encore en 1947 qu'il n'y avait jamais eu de grande civilisation tropicale (p.39)…
Etonnantes aussi les considérations de l'essayiste Octave Mannoni qui accorde aux Malgaches une inclination naturelle à être dominés (p.47) alors que Césaire rappelle astucieusement qu'ils se révoltèrent en 1947 et aussi au moment de la colonisation française à la fin du 19ème siècle !
Il faut lire ce discours car celui prononcé à Dakar en 2007 porte encore une partie des préjugés qu'Aimé Césaire dénonce plus de 50 ans auparavant !
Il faut le lire pour sa plume acérée et sa verve coruscante.
L'humanité n'a pas seulement donné Einstein, Stravinsky et Gershwin, elle a donné aussi Pouchkine, Alexandre Dumas et Césaire.

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"Il ne faut écrire qu'au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l'encre, un morceau de ta chair reste dans l'encrier", disait Léon Tolstoï. Je ne prétendrai pas savoir dans quel état d'émotion se trouvait Césaire quand il écrivait ce pamphlet, mais je parierai tout de même qu'il n'était pas loin de celui dont mentionne Tolstoï. J'ai dévoré les 52 pages de cette oeuvre, et aussitôt fini, je n'ai pas pu m'empêcher de la relire une seconde fois, et ce dans la même nuit. Fustigeant la colonisation, dépeignant dans le moindre détail la pensée et l'idéologie qui a permis à une telle monstruosité d'exister, osant la comparaison entre nazisme et colonialisme, Césaire a su dans ce pamphlet coucher le ressenti réel de tout un peuple. Il y a certes plus de 50 ans déjà qu'il a été écrit, mais cela n'enlève en rien au fait que le thème traité dans cette oeuvre demeure encore d'actualité. Face aux récentes tentatives de justifier ou du moins d'excuser cette colonisation ce notamment en France (discours de Sarkozy mentionnant les "pseudo" avantages de la colonisation, hommage de François Hollande à Jules Ferry, reprise des théories pro-coloniales par le même Nicolas Sarkozy lors de son discours de Dakar, etc) mais aussi face à l'injustice de l'histoire (on omet de mentionner que dans l'Amérique ayant sauvé l'Europe du Nazisme, les noirs, soldats y compris, étaient victime d'une autre forme de Nazisme), ce livre demeure à mes yeux comme un pansement, car même s'il ne guérit pas la douleur qui est mienne, il la calme et contribue à sa guérison. "Les grandes douleurs sont muettes", il y'a des choses que nul ne peut décrire, mais que l'écriture ne peut omettre, merci donc à Césaire d'avoir été l'instigateur de cette écriture.
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Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

Voilà un ouvrage, petit par la forme, mais percutant par le fond : “Discours sur le colonialisme suivi de Discours sur la négritude” du célèbre écrivain, poète et homme politique français martiniquais Aimé Césaire aux Éditions Présence Africaine.

L'ouvrage est donc divisé en deux parties. D'abord un texte d'Aimé Césaire sur le colonialisme, puis un autre texte traitant cette fois si de la négritude, dans le cadre de la Première Conférence Hémisphérique des peuples noirs de la diaspora, qui a été organisée par l'Université Internationale de Floride à Miami, en hommage à l'auteur, ou il prononça ce discours le jeudi 26 février 1987.

Commençons d'abord par le commencement : le discours sur le colonialisme. Dans ce véritable blâme du colonialisme, Aimé Césaire détruit à coup de phrases assénées méthodiquement, toute l'idéologie colonialiste et ces défenseurs avec.

Par des analogies qui peuvent appeler à la polémique, des exemples terrifiants, mais vrais, et des retours sur des réalités idéologiques de nombres d'intellectuels, Aimé Césaire nous rend compte d'une idéologie de la barbarie. Une barbarie qui a le culot de se surnommer civilisation.
Césaire montre comment une classe bourgeoise européenne prend l'idéologie colonialiste comme un humanisme, qui en fait n'en est pas un. Il explique comment finalement la colonisation implique non pas une civilisation des colonisés, mais bien l'inverse : une barbarisation des populations qui est enclenchée.

Aimé Césaire compare notamment, et a plusieurs reprises, l'idéologie colonialiste, qui est basée sur le racisme le plus pur, à l'idéologie nazie. Aimé Césaire rend compte d'un colonialisme, qui n'a rien à envier au nazisme, et que Hitler n'est que l'un des maillons d'une longue chaine de barbarie européenne qui a commencé bien avant lui.
Les exemples de situation coloniale, il y en a des dizaines, l'auteur aimant à parler de la situation malgache, zaïroise, ou encore indochinoise.
Le poète martiniquais, écrit certains propos qui paraissent teintés de communisme, et va jusqu'à, à un unique passage, prendre exemple sur l'URSS de l'époque. Il explique que l'idée colonialiste est une idée développée par la bourgeoisie européenne, et qu'elle implique la prolétarisation des pays colonisés.

Aimé Césaire s'attelle aussi à étaler et dénoncer les propos choquants de nombreux intellectuels européens, sur les sois-disant bienfaits du colonialisme, à partir de plusieurs disciplines : la géographie, l'ethnologie, la psychologie, la théologie, la philosophie, etc.
Enfin, le fil rouge (c'est le cas de le dire), de ce discours foncièrement anticolonialiste, est d'une actualité frappante : il faut lutter contre l'européanisation du monde, et la destruction des sociétés anciennes, des sociétés extra-européennes et de leurs civilisations.

La suite de l'ouvrage est consacré au discours sur la négritude, prononcé en 1987. Dans ce discours particulièrement intéressant, Aimé Césaire revient sur le concept phare qu'il a lancé avec Léopold Sedar Senghor, Léon-Gontran Damas et plus tard Alioune Diop et d'autres intellectuels noirs, au milieu du 20ᵉ siècle : la négritude. Un concept, qui a influencé un grand nombre de personnalités noires et qui est même devenu un mouvement littéraire.

Aimé Césaire définit donc ce concept, en trace les grandes lignes, l'expose comme un concept qui a eu un impact sur le monde. Il définit ce concept, comme ayant en effet une dimension ethnique, mais surtout une dimension historique, “une manière de vivre l'histoire dans l'histoire”. Ce n'est pour lui ni une philosophie, ni une métaphysique, ni “une prétentieuse conception de l'univers”. Il explique la négritude comme un refus de l'oppression, un combat contre l'inégalité, une révolte contre ce qu'il appelle “le réductionnisme européen”, donc contre l'acculturation et l'aliénation culturelle du monde par l'Europe. Autrement dit par le fait que l'Europe agisse comme si sa culture relevait de l'universel.
Aimé Césaire arrive enfin sur le concept d'identité, qui est finalement la question que pose la négritude. Une question bien plus importante et bien plus profonde que l'ethnicité. Une question phare, pour Césaire.

Pour conclure, on ne peut qu'être émerveillé face à la plume de Césaire. Une écriture, belle, très profonde, très élaborée, digne du poète qu'il était. L'on voit l'intérêt qu'il porte pour la lutte contre le colonialisme, l'engagement qu'il prend par ces deux textes pour l'égalité, contre l'oppression et pour la culture. Son analyse tranchante du colonialisme, son dégout de cette idéologie, nous dévoile un homme profond par sa réflexion et intelligent par son analyse. 

Merci aux Éditions Présence Africaine pour ce petit ouvrage extrêmement instructif, une maison d'édition qui a très longtemps accompagné Césaire
Un livre à lire et à relire pour se souvenir, ne pas oublier et continuer à combattre contre ces idéologies, ces pensées qui aujourd'hui existent encore, pas loin de trois quarts de siècle après ce discours sur le colonialisme.
Lien : https://www.instagram.com/le..
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Des textes sévères et chargés de mots sincères, accusateurs, défenseurs de la dignité de chaque peuple bafouée par la soif de pouvoir à moins que ce ne soit la soif de puissance. Des écrits admirables et qui ont fait de ce homme politique un grand homme de lettres pareillement.
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Un discours à lire absolument !

Rien ne sert de rappeler la beauté de la plume de l'auteur qui n'est plus à prouver. Ce discours incroyable dénonce avec force les ravages de la colonisation et l'hypocrisie de l'époque face à la situation.

Un discours dont les arguments peuvent être fréquemment mis en relation avec des faits d'actualité.
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