Bonjour amis lecteurs,
Aujourd'hui je vous propose le nouveau livre de Cetro: « Nos petites lumières » C'est toujours pour moi un grand bonheur lorsqu'un de ses livres paraît. Je revendique en effet le statut de fan inconditionnelle car toujours sous le charme de la plume unique de l'auteur. Celui-ci nous plonge dans un roman poignant, bouleversant et terriblement sombre qui décrit dans un pays en guerre la fuite d'une jeune femme et de son vieux père. Un triste sujet, malheureusement d'actualité et profondément douloureux puisque le lecteur est confronté à l'horreur de la guerre, à la mort, à la destruction, au carnage, à la dévastation, aux tortures, à la haine de l'étranger, au racisme…Mais Cetro, qui jongle avec les mots, nous conte aussi une merveilleuse histoire d'amour à travers les flash-back d'une vie heureuse dans une famille aimante qui a adopté une enfant étrangère. Les personnages principaux, chien compris, sont extrêmement attachants et on se raccroche aux petites lumières de bonheur pour ne pas sombrer dans le chaos. On vit leurs joies et leurs terreurs, leurs douleurs, leur fatigue et leurs espoirs. le lecteur se retrouve en osmose avec la nature et sa beauté, dans un monde terrifiant. L'auteur est le meilleur complice des mots et nous livre un superbe roman teinté d'espoir.
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Les habitants de la planète Terre excellent en un art séculaire, celui des violences guerrières, ces exutoires de haine que l'on expulse comme un ganglion purrulent. Ce besoin de hurler par les bombes et le plaisir de destruction enfantin des possessions de l'autre, rejaillit toujours de manière infaillible. Et le premier paillis à embraser porte souvent le masque de "l'autre", ce rescapé de claquements de terreur de la fois précédente, poussé hors de ses frontières par un gigantesque jeu maléfique de rubik cube humain.
Et parmi la terreur et la dévastation, des corps qui se redressent et qui marchent, portés par un espoir fou, que rien n'arrête, l'espoir que l'autre côté existe et qu'il est épargné. La sensation qu'il existe un refuge quelque part.
L'histoire de l'humanité en quelques sortes, déployée mille fois, repliée aussi souvent, le temps de panser des plaies qui se rouvriront tôt ou tard, dans ce Grand écosystème imbriqué.
Dans une campagne anonyme, quelque part, évolue un couple de vignerons et leur fils, Enzo, une oreille branchée sur le sol et les murmures de la nature, et un rire à décrocher les états d'âme. Et dans ce quelque part tranquille, un matin, un bébé survivant d'un périple, venu d'ailleurs, et qui va s'enraciner dqns ce cocon. Un enfant échappé d'une fuite. Et une histoire parallèle d'une autre échappée, sous les éclats et la terreur, le carton de partition d'un orgueil de barbarie que l'on replace au début de la chanson.
Les drames et les regards vaillants sont-ils ennemis, changeant de camps au gré du vent, ou poussent-ils siamois dans un ADN commun à tous ? Tout être vivant est-il mu à la fois par une pulsion de conquête hostile et par un instinct de survie entremêlés ?
Je découvre avec émotion la plume de Cetro, pleine d'espoirs sans tomber dans les travers qui me lassent vite dans les feel-good. L'émotion est tissée avec soin sans vous épargner d'images fortes. Les larmes ne sont jamais loin, et j'ai de plusieurs fois regarder dehors pour retrouver les lignes de ce roman.
Ma petite faiblesse personnelle : je n'ai aucune capacité de résistance face aux êtres sensibles à la gente canine, et les attentions de Cetro pour Pongo, ce chien sorti de nulle part, m'empêchent de vous lire à voix haute ce passage sans trémolos, alors que vous le confie :
"Pongo s'est installé sur un canapé, dans la salle à vivre, et accrédite l'idée selon laquelle ce foyer est le sien. Peut-être est-ce pour lui que ses maitres, dans l'incapacité de l'emmener, ont laissé la porte ouverte? Que se passe-t-il dans la tête de ce pauvre animal ? Attend-il toujours le retour de ses humains de compagnie ? Combien de temps est-il resté ici, d'attente en déception, avant d'oser s'aventurer ailleurs? Nourrit-il lui aussi des espoirs qui s'étiolent avec les jours qui passent ?
Son regard, usé d'avoir trop surveillé en vain cette porte, vecteur de tant de mélancolie, vient me filler un méchant uppercut. Oui, ces yeux-là, si si expressifs, porteurs d'une douleur qu'il ne pourra exorciser dans les mots, me bouleversent."
Je viens de découvrir une plume qui me touche au plus haut point, grâce à l'attention délicieuse d'une camarade de lecture à distance. Merci infiniment Virginie 😉
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Ce bel oiseau, il porte sur ses ailes tous les bons souvenirs qui lui sont liés. Je te connais, tu fais comme si ça te causait pas, comme si t'étais aussi hermétique à tout ça qu'un scaphandre l'est à la flotte, mais tu me trompes pas, Je sais qui tu es, oublie pas que ça fait un bout que je te pratique. En tout cas, je te garantis que pour moi, c' est un vrai petit bonheur. Tu vas trouver ça un peu con, mais le demeuré que je suis appelle ça ses petites lumières. On a tous les nôtres, même toi sous ta vieille écorce rêche, et j'imagine que que chacun les définit comme bon lui semble. Quel que soit le nom qu'on leur donne, et même si on les nomme pas, d'ailleurs, c'est la même chose, c'est la en chacun de nous, c'est ce qui donne sa saveur à l'existence et nous aide à passer les moments difficiles. Tu sais, tous ces petits instants qui te qui te rendent heureux, qui mettent en branle toute ta carcasse, te laissent le souffle court et le cœur en bataille, moi, je les garde là, dans mon citron, et ils éclairent ma route. Tant qu'elles resteront allumees, mes petites lumières, je perdrai jamais mon chemin, je garderai le cap. On sait pas, si jamais la guerre s'étendait, c'est à elles que je me raccrocherais pour pas sombrer.
Pongo s'est installé sur un canapé, dans la salle à vivre, et accrédite l'idée selon laquelle ce foyer est le sien. Peut-être est-ce pour lui que ses maitres, dans l'incapacité de l'emmener, ont laissé la porte ouverte? Que se passe-t-il dans la tête de ce pauvre animal ? Attend-il toujours le retour de ses humains de compagnie ? Combien de temps est-il resté ici, d'attente en déception, avant d'oser s'aventurer ailleurs? Nourrit-il lui aussi des espoirs qui s'étiolent avec les jours qui passent ?
Son regard, usé d'avoir trop surveillé en vain cette porte, vecteur de tant de mélancolie, vient me filler un méchant uppercut. Oui, ces yeux-là, si si expressifs, porteurs d'une douleur qu'il ne pourra exorciser dans les mots, me bouleversent.
Tout ce qui m'entoure n'a pour moi aucune valeur, mais pour cette personne, le moindre bibelot, le plus vilain rideau, le plus bancal des meubles recelaient chacun une note du passé, qui mises bout à bout jouaient pour elle le générique du long métrage de sa vie.
« Je n’avance jamais qu’à la poursuite de mon passé et des bonheurs qui le jalonnent, de ces petites lumières qui éclairent mes pensées et irriguent mon cœur, et ne m’arrêterai que lorsque la dernière d’entre elles sera morte et éteinte. »