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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Yasmine et Chérif sont marocains. Ils font connaissance à Paris où ils sont venus tous les deux étudier. Elle est historienne et lui architecte.
A la fois étrangers mais totalement intégrés à cette ville qu'ils adorent,leur amour s'épanouit dans la connivence intellectuelle. Ils partagent les mêmes valeurs sur tous les grands sujets societaux,la justice et la liberté.
Yasmine est issue d'une famille très aisée de Casablanca, lui plutôt de la classe moyenne avec un père très engagé politiquement qui s'est battu toute sa vie pour ses convictions.
Alors qu'ils attendent leur deuxième enfant,ils décident de retourner vivre dans leur ville natale dans le désir d'un ancrage familial et la volonté de mettre leurs compétences au service de leur pays pour contribuer à son histoire. En quelque sorte, s'inscrire dans une continuité culturelle plutôt que de se rattacher à un autre récit lié à l'exil.
Malgré la profondeur de leur amour,le retour dans une société patriarcale qui méprise l'homme s'il ne s'enrichit pas et ne démontre pas qu'il protège "femme et enfants", va progressivement abîmer le couple.
Chérif se laisse entraîner dans un projet immobilier qui doit "recaser" les "bidonvillois" de Keryane, en périphérie de la ville. Il se persuade qu'il pourra créer un quartier respectueux des habitants qui contribuera à l'avancée sociale qui correspond à ses rêves de justice,même si le discours de Yasmine qui l'alerte sur la corruption et les risques majeures liés au déracinement des habitants, ne le laisse pas indifférent.
Yasmine va à la rencontre des bidonvillois pour écrire un livre sur,et avec eux. Ce qu'elle découvre et les liens qu'elle tisse avec eux la persuadent que Chérif a signé un contrat avec le diable et qu'il va y laisser son âme.
Ce roman sort des sentiers battus et des clichés qu'on trouve parfois sur le Maghreb. Yasmine Chami vit à Casablanca et on ressent la connaissance de celle qui vit réellement le sujet qu'elle aborde , même s'il est évident que la qualité de son récit reflète un travail de réflexion et d'analyse approfondi.
Si plusieurs sujets se croisent dans ce roman, celui de la gentrification et des drames humains qu'elle engendre pour le profit des systèmes capitalistes, domine largement.
Cela aurait pu être un coup de coeur mais il manquait pour moi un iota d'émotion supplémentaire. Les qualités intellectuelles de Casablanca circus et sa maturité politique, l'inscrivent parfois ,en effet, à la frontière de l'essai et du roman ce qui entraîne une relative mise à distance des émotions.
Je remercie chaleureusement Actes Sud et Babelio pour ce beau cadeau qui s'inscrit malheureusement dans une actualité qui donne encore plus d'acuité au roman.
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Lorsque Babelio m'a proposé la lecture de ce roman dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, j'ai tout de suite accepté. Je ne connaissais pas l'auteure, Yasmine Chami, n'avais rien lu d'elle, mais j'adore les éditions Actes Sud et leurs parutions. Je ressors ravie de la lecture de "Casablanca Circus" et pourtant, ce n'était pas gagné.

Ce n'était pas gagné parce que, malgré la très jolie couverture aux couleurs chatoyantes, ma plongée dans les premières pages m'a quelque peu fait peur. Par-dessus tout, j'aime les écritures simples, les phrases courtes, les rythmes vifs. Nous en étions loin. Mais l'auteure est une magicienne qui a réussi, très vite, à me prendre dans la musique de ses mots, des mots magiques et magnifiques. J'ai eu l'impression qu'ils me berçaient et je me suis laissée aller.

J'ai par ailleurs beaucoup aimé la structure du texte avec un récit cadencé par le journal intime de May tenu au gré de l'avancement de sa grossesse. Car, voilà, May et Chérif, un jeune couple né à Casablanca et venu en France – à Paris – une fois leur bac en poche – a décidé de retourner vivre dans son pays d'origine à l'arrivée de leur second enfant. Chérif est architecte et May, historienne et après Ilias, leur petit garçon, ils attendent, on le sait très vite, une petite fille. Et c'est à elle que parle May dans ses carnets.

Ce roman est foisonnant qui mêle beaucoup de thèmes : le couple et ses rapports, la place des femmes au Maroc, et celle des hommes "… il (Chérif) a besoin de réussir professionnellement comme un homme doit le faire chez nous, être un chef de famille, c'est une des clefs de son équilibre et donc du tien", les difficultés rencontrées dans un monde perdu de vue et les différences entre l'orient et l'occident. La voix de May est émouvante qui se bat pour défendre les habitants du karyane d'El Bahriyine, menacés de "recasement", certes dans des logements décents, mais loin de leurs habitudes, de leur travail, de l'océan, de leur vie, quoi.

Un roman qui nous décrit Casablanca ente beauté et pauvreté, une voix à la fois douce et forte qui nous dit son amour pour le Maroc et la France, un récit qui mêle politique et finances, une histoire d'amour malmenée.

Bref ! un roman magnifique, magnifiquement écrit.

Lien : https://memo-emoi.fr
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La case de Lahcène et les autres
Chérif et May ont fait leurs études à Paris et y sont restés. Mais à l'approche de la naissance de leur deuxième enfant, ils rentreront à Casablanca.
Lui est architecte, elle historienne.
Revenir au pays n'est pas un problème, chacun a une famille accueillante et présente.
Chérif va travailler sur un projet immobilier qui ne sera pas sans conséquence sur son couple.
« […] cette idée de transformer pas seulement le paysage urbain, mais les hommes eux-mêmes en concevant autrement les villes et les lieux… »
Une ambition peut-elle être humaniste ?
À Casablanca il y a le bidonville Karyane d'El Bahriyine, ces habitations conçues de bric et de broc abritent une population défavorisée.
Les habitants de ce bidonville sont riches de leur solidarité et de leur situation géographique, ils dominent l'océan et sont près du centre-ville. Tous vivent de petits boulots.
C'est un roman ethnographique qui interroge sur la marche du monde.
Les concepteurs de ce projet immobilier cherchent à se faire le maximum d'argent sous couvert de bonnes intentions, reloger les familles dans de meilleures conditions.
May raconte chaque jour son incursion dans le bidonville et les vies de ceux qu'elle rencontre, mais cela n'éveille aucun écho chez Chérif.
Meilleures, est-ce certain ? En effet le mot recasement revient souvent et dit tout. Il s'agit de déplacer cette population hors de la ville, sachant que cela les éloignera de toutes possibilités de vivre de petits boulots et de scolariser leurs enfants.
Chérif et May sont du bon côté de la barrière sociale, ils sont lettrés et ont une famille derrière eux.
May va vite éprouver un malaise grandissant et voir son mari sous un jour différent.
Les protagonistes de ce projet ne sont jamais aller à la rencontre de cette population, n'ont évidemment pas chercher à connaître leurs besoins réels. Plutôt raser les lieux et en faire une « vitrine » que d'améliorer l'existant en assainissant.
May va tenir un carnet de bord de sa grossesse car elle attend une fille.
Le lecteur va ainsi découvrir toutes les problématiques de la condition des femmes, ainsi que le travail qu'elle fait : écrire l'histoire de ce bidonville et des résidents.
Elle livre à l'enfant à naître ses inquiétudes sur ce monde qui a du mal à changer, ce patriarcat qui laissent les femmes au bord de la route. La femme est toujours coupable.
Ce retour au pays révèlera la faille de ce couple « moderne » qui avait tout pour réussir.
Si les jeunes ne changent pas le monde qui le fera ?
La lecture de ce livre ne peut que nous interpeller après le séisme qui a secoué le Maroc.
Il a été bien mis en évidence que la population la plus isolée a été la plus touchée et aussi la plus difficile à secourir.
Repenser le monde est-il possible ?
Ce livre est le chant de ceux qui résistent.
« Les mots portent leur poids de sueur et de larmes. »
Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour cette lecture privilégiée.
©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Il n'y a pas tant de dialogues dans ces 196 pages et pourtant il n'est question que de rencontres. Entre continents et cultures, entre sexes, entre générations, entre classes sociales, entre passé et présent, entre nés et à naître.
Il n'y a pas quantité de dialogues mais il y a ces regards sur les paysages et les choses invitant à explorer permanence et mutations; ces regards partagés épousant l'intime.
Citer le nom d'une ville dans un titre est prise de responsabilité et engagement, risquant l'éprise, l'emprise et la méprise. Yasmine CHAMI en est consciente, en créant un roman nourri de détails, au vocabulaire d'un parfum caractérisé, sans l'enfermer dans le situé.
Citer le nom d'une ville c'est peut-être aussi rappeler que les villes sont au féminin, capables d'engendrer.



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J'ai achevé ce matin la lecture de ce livre reçu dans le cadre de la dernière opération masse critique en date.
Merci donc à Babelio et à Actes Sud.

J'ai beaucoup aimé ce livre pour de nombreuses raisons, particulièrement pour la qualité de l'écriture.

Je ne connaissais pas @Yasmine Chami mais à l'évidence je vais continuer de la suivre car une telle plume est simplement rare.

L'intrigue du roman est d'une grande simplicité, rappelée régulièrement au cours du récit mais les enjeux sont développés avec un grande générosité.

Les difficultés liées au passé de Casablanca et à la colonisation, celles du couple May-Chérif, les doutes et les conflits plus ou moins larvés déclenchés par le projet d'urbanisme, les histoires annexes des personnages secondaires, tout est traité minutieusement et avec une même générosité d'écriture.

Je ne peux que conserver un souvenir exquis et presque extatique de ce beau livre lu et je me réjouis à l'avance à l'idée du prochain.


Lien : https://youtu.be/R3ELS9IfIac..
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Avec ce 5ème roman, Yasmine Chami nous offre sans doute son texte le plus personnel.
Un texte vibrant pour le Maroc, et cette ville de Casablanca en particulier - si singulière, vraie, dont l'histoire des murs et des habitants ne saurait être dénaturée par des aménagements urbains, aussi utiles soient-ils considérés.
Un texte important également pour dire, justement, à quel point l'architecture, la conception des villes et de ses quartiers, impacte le quotidien des personnes qui vont y vivre, y travailler, s'y mouvoir, se l'approprier ou non, rester à la marge ou prendre pleinement part à la vie de la cité.
Un texte sensible, enfin, pour se rappeler que l'amour est finalement bien peu si les valeurs portées ne sont pas communes ou cessent de l'être, que la bonne volonté parfois ne suffit pas, et que cette sphère de l'intime est fragile et perméable à de multiples choses extérieures.

Voilà ce que vous trouverez dans ce livre d'une grande richesse, dont la double construction vient au service de l'histoire de départ : May et Cherif, qui se sont connus jeunes étudiants en France, décident de rentrer dans leur ville d'origine, Casablanca, afin d'y faire grandir la famille qu'ils ont fondée.
Les regards nouveaux que chacun pose sur la société marocaine, ses réalités et ses attendus qui varient suivant que l'on soit un homme ou une femme, les itinéraires qui peu à peu vont s'éloigner, l'incompréhension, la désillusion, la peur et le regret, mais aussi la détermination à rester alignée avec ses idéaux sont contenus dans de longues et jolies incursion d'un journal de grossesse que May rédige à l'attention de son enfant à naître.
L'histoire autour, plus générale, plus romanesque, est le fruit d'un narrateur extérieur, omniscient, et le va-et-vient entre ces deux propositions dynamise ce "Casablanca Circus" et le rend vraiment passionnant !

À lire, si ce n'est déja fait 🌟
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Merci aux éditions Actes Sud et à Masse Critique Babelio de m'avoir donné l'opportunité de découvrir cette autrice.

J'avoue avoir eu vraiment du mal à entrer dans le livre. le style et l'écriture m'ont paru difficiles. Mais j'ai bien fait de persévérer car le thème en vaut la peine.

Un jeune couple marocain vivant à Paris décide de revenir dans leur ville d'origine, Casablanca. Lui est architecte-urbaniste et elle, historienne. Ils attendent leur deuxième enfant et font ce choix du retour au pays pour bénéficier de l'aide de leur famille, mais aussi pour mettre leurs compétences au service de leur pays.
Mais rien ne se passe comme prévu. Sitôt arrivés, Chérif le mari se met à travailler sur un projet de relogement d'un bidonville, situé au bord de la mer, sur un terrain appartenant à un promoteur, cousin de May, la femme. Elle le sait animé par le profit et elle met son mari en garde, lui l'homme de conviction, qui n'a travaillé que sur des projets à forte dimension sociale. Elle pense, à juste titre, que ce projet ne va pas dans le sens des habitants du bidonville dont la vie est ancrée dans cette partie de la ville. Elle propose de profiter de son congé de maternité pour faire une analyse sociologique de leurs besoins.
Chérif est issu d'un milieu modeste, May de la grande bourgeoisie casablancaise. Il a soif de reconnaissance et de réussite. Ce besoin est amplifié par le modèle de réussite de la société marocaine, qui ne peut être que celle de l'homme.
Le relogement est présenté comme une amélioration pour les habitants, et Chérif veut y croire. May s'emploie à démontrer que ce n'est pas le cas. Cela va créer de fortes tensions dans le couple.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui montre la société marocaine « vue de l'intérieur ». C'est un roman social comme je les aime, avec des parties qui relèvent plus de l'essai que du roman. Juste un bémol : la narration est entrecoupée de morceaux du journal intime de May (avec une police de caractère que j'ai trouvée difficile à lire) ce qui ralentit la lecture.


Lien : https://recettesetrecits.fr
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En moins de 200 pages l'autrice nous raconte la societe marocaine avec une grande finesse autour d'une histoire emouvante. L'histoire s'inscrit dans un contexte social, historique et sociologique extremement bien decrit. Style fluide et agreable a lire. Une recommendation absolue!
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Regard acerbe et décolonial sur la société française et marocaine, d'une nuance et finesse étonnante face à une telle concision, même pas 200 pages. Exercer un tel style tout en balançant nombres de concepts et de personnages aux facettes multiples, c'est un vrai bonheur. J'ai dévoré ce livre et je vais de ce pas m'acheter le rester des livres de Chami. Je recommande chaudement.
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