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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après des années d'études à Paris, un jeune couple de retour au Maroc s'y retrouve confronté à un décalage inattendu. de leurs rêves et idéaux à la réalité vécue, leurs illusions ne tardent pas à s'effriter face aux antagonismes sociaux et culturels qui s'ouvrent entre eux et leur famille, viennent infléchir leur carrière, et, bientôt, s'immiscent jusque dans leur intimité au travers du rapport entre masculin et féminin.


Tous deux originaires de Casablanca, May et Chérif se sont tout de suite sentis sur la même longueur d'onde, lorsque, étudiants, ils se sont rencontrés à Paris. Rapprochés par leurs appartenances communes, leurs frustrations et aspirations de gens du Sud du monde découvrant l'Occident, ils n'ont alors pas réalisé tout ce qui, dans leur ville natale, viendrait les séparer. Elle a toujours vécu dans les beaux quartiers et leur luxe tapageur. Lui est issu d'un milieu modeste et, dans son désir d'acceptation par sa belle-famille autant que par la bonne société de Casablanca, se retrouve très vite obsédé par une obligation de réussite professionnelle. Tandis que pour le faire briller, son métier d'architecte l'amène à toujours plus de compromissions politiques, entre népotisme et conflits d'intérêts, elle, de son côté, se voit de plus en plus réduite au rôle de faire-valoir, ses travaux d'historienne désormais tout à fait secondaires, surtout depuis la naissance de leur fille.


Au travers de ce couple malgré lui sur la ligne de friction de multiples frontières et contradictions, se révèle une ville de tous les contrastes, véritable coeur du roman. de ses quartiers prestigieux aux luxueuses demeures jusqu'à son misérable bidonville que les plans d'urbanisme prévoient de reléguer loin du centre et du bord de mer, de sa classe de nantis prêts à bien des arrangements jusqu'à son humanité la plus précaire, mais aussi la plus fraternelle, c'est un brassement de puissants courants de convection qui semble animer la tectonique sociale et territoriale de cette ville protéiforme défiant les cases et les définitions pré-établies.


Enchâssant dans cette ample fermentation la gestation d'une vie nouvelle à travers les cahiers où, durant sa grossesse, May s'adresse à sa future fille et lui promet le monde meilleur, plus juste et égalitaire, pour lequel elle entend mener bataille, le récit mène une réflexion rigoureuse, lucide et engagée, sur les constructions du masculin et du féminin au Maroc, questionnant l'équilibre des pouvoirs en place. Toute en subtilité et empathie, adjoignant à son histoire de touchants personnages secondaires illustratifs d'autant de situations réelles – comme la non-reconnaissance par l'état civil des enfants nés hors mariage, qui, privés de papiers et d'identité, n'ont droit à aucune existence dans la société –, la narration est aussi un vibrant hommage à ceux qui font bouger les lignes vers plus de justice sociale et pour les droits liés au genre, en même temps qu'un chant d'amour pour cette ville et ce pays sur lesquels l'auteur porte un véritable regard d'anthropologue.


Une grande acuité d'analyse préside à cet ouvrage dont, peut-être plus que les qualités romanesques, l'on retiendra surtout la portée sociologique et l'engagement féministe. Il en résulte une lecture réellement éclairante sur les ressorts de la société marocaine et sur ce qui y construit les relations entre les hommes et les femmes.


Un grand merci à Babelio et aux Editions Actes Sud pour cette découverte.

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May et Chérif ont le projet de quitter Paris et de s'installer au Maroc. Chérif est architecte et May historienne. Un grand projet de réhabilitation du bidonville de Casablanca enthousiasme Chérif tandis que May remet en question l'aspect historique et social de ce bouleversement pour ceux qui vivent dans ce quartier.

Dans le récit s'intercale le journal de grossesse de May, où elle confie à sa fille en devenir ses sentiments sur la société où elle grandira, nous offrant ainsi de belles pages sur la place de la femme dans cette société patriarcale et traditionaliste.


Si l'aspect politique et social est très intéressant, le romanesque est un peu mis de côté. le texte n'est pas facile à lire, car il contient de nombreuses données culturelles, géographiques et historiques difficile d'accès si l'on est pas spécialiste.

Il n'en reste pas moins que ce roman offre une perspective intéressante sur la difficile conquête d'un statut d'égalité homme-femme dans notre monde actuel, et sur le poids des traditions et de l'éducation.

Merci à Babelio et à Actes sud

200 pages Actes sud 23 août 2023
Masse Critique privilégiée Babelio

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La machine à fabriquer le rêve français est grippée. Chérif et May ont décidé ensemble la perspective du retour à Casablanca. May est enceinte de leur second enfant. Ils rêvent d'inventer autre chose, c'est pour cela qu'ils rentrent chez eux. Cette ville est coupée en deux, une ségrégation entre la ville européenne et la ville populaire. Ce retour va provoquer un affrontement entre les deux époux.
Chérif est chargé d'un réaménagement urbain avec d'énormes enjeux financiers qui va entraîner le déplacement des habitants d'un bidonville Karyane d'El Bahriyine, la rupture avec leur passé, leur histoire. Un projet urbain vécu par May comme une injustice à laquelle elle ne peut se résoudre.
J'ai beaucoup apprécié ce roman, et les thématiques qu'il aborde : les jeunes Marocains laissés à l'abandon et embrigadés par des imams obscurantistes, les enfants illégitimes qui n'ont aucun statut, la place des femmes, le fossé entre une élite ambitieuse qui rêve de modernité et des quartiers populaires attachés viscéralement à leur bidonville. Cette dualité est parfaitement illustrée par le couple May-Chérif et par la ville de Casablanca qui est finalement le personnage principal de ce livre.

À travers les rencontres que May va faire dans le bidonville, Yasmine Chami nous livre des portraits de ces gens invisibles, elle nous raconte leur fragilité, leur précarité, mais aussi leurs savoirs partagés, leur force, leur patience, leur solidarité. le récit est original, conçu comme des carnets rédigés pendant sa grossesse par May à l'attention de sa future fille Selma.
Je remercie infiniment les éditions Actes Sud et Babelio de leur confiance.
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Ils avaient décidé ensemble que le retour au pays coïnciderait avec l'arrivée de leur deuxième enfant.
Casablanca, May et Chérif l'avaient quittée aussitôt leur bac en poche.
A leur retour ils découvrent que les choses ont bien changées où peut-être est-ce leur regard qui a changé.
Unis par des valeurs humanistes, May et Cherif vont s'opposer à propos d'un plan d'urbanisme. Architecte, Cherif est amené à travailler sur un projet d'habitat social qui implique la destruction d'un bidonville et le relogement de ses habitants dans un quartier excentré. May ne peut accepter l'idée que son époux participe à l'exclusion de cette population déjà fragilisée. Exclusion qui libérera un terrain, situé au bord de l'océan, très convoité des promoteurs. Comment conserver ses idéaux face aux injonctions familiales et sociétales ?
C'est l'épreuve du feu pour nos deux protagonistes pris dans les vicissitudes de la ville : inégalités, corruption, hypocrisie des élus.
J'ai été dérangée dans la première partie du roman par la longueur de certaines phrases, ce qui a ralenti ma lecture.
Peu à peu le style s'allège et devient même agréable.
J'ai apprécié la description de la ville, les conditions de vies des habitants qu'ils soient issus des beaux quartiers ou des bidonvilles.
Même si je suis loin du coup de coeur, « Casablanca Circus » reste un bon moment de lecture qui m'a permis de découvrir la plume de Yasmine Chami.
Merci à Babelio et aux Editions Acte Sud pour ce voyage au Maroc.
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C'est avant tout la beauté du texte qui m'a retenue. Avec moins de douceur au fil des évènements qui retentissent sur la vie d'un jeune couple. Beaucoup d'intelligence dans la mise en forme de ce roman.
Après des études à Paris, d'architecte pour lui, d'histoire pour elle, jeunes parents d'un petit garçon et d'une petite fille à venir ,des jeunes marocains reviennent à Casablanca, émerveillés de ce retour au pays et pleins d'énergie. Cherif porte en lui l'espoir de pouvoir offrir aux habitants d'un grand et ancien bidonville situé face à l'océan , un relogement décent , en dur, moderne, mais situé bien loin de leur lieu de travail, souvent la pêche. C'est sans compter avec une société corrompue et des promoteurs véreux.
May, issu d'un milieu très aisé, où surtout les apparences comptent (pas pour son médecin de père), va elle, apprendre à connaître intimement les gens du bidonville, elle perçoit l'utopie que porte son mari, faire le bonheur des gens sans leur accord, et surtout la difficulté qu'ont les femmes à se sortir de siècles de patriarcat rigides et pernicieux.
C'est un très beau roman pour lequel je remercie les Edts Actes Sud et Babelio.
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L'idéalisme contre le réalisme : c'est l'un des sujets de Casablanca Circus, peut-être le meilleur livre de Yasmine Chami, et certainement l'un de ceux qui lui est le plus personnel. May et Chérif forment un jeune couple très uni, dans l'attente d'un deuxième enfant, et de retour dans leur ville natale, Casablanca. L'ambition, dans leurs métiers respectifs d'historienne et d'architecte, n'est jamais dénuée d'engagement moral. Mais quand l'idéalisme et les convictions de May se heurtent au sens du réalisme, avec d'éventuels compromis, pour Chérif, la fragilité de leur relation semble affleurer. Casablanca Circus séduit par son style très littéraire, au gré de deux récits parallèles, dont les monologues de la mère à l'enfant dans son ventre, et par le portrait de Casa, la ville face à l'océan, où améliorer la condition d'habitants d'un bidonville, belle idée au demeurant, révèle surtout un cynisme immobilier où la loi des privilèges s'imposera toujours aux plus démunis. Lutte des classes mais aussi lutte des sexes, avec cette domination arrogante du masculin qui épouse une tradition, au Maroc comme un peu partout ailleurs, qui ne disparaîtra pas si facilement. L'air de rien, sans colère mais avec assurance, Casablanca Circus aborde de nombreux sujets et, malgré un discours militant et féministe, n'en oublie jamais sa trame romanesque et son amour d'une ville dont certains voudraient gommer la singularité et l'authenticité, au mépris de ses habitants, avec le profit pour seul moteur. Yasmine Chami veut espérer que le combat, à Casablanca et évidemment dans de nombreux endroits du monde, n'est pas perdu d'avance.

Tous mes remerciements aux éditions Actes Sud et à Babelio.

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Chérif, architecte, 38 ans et May, historienne, 33 ans, décident de quitter Paris où ils vivent heureux avec leur fils, alors que May est enceinte de 3 mois, pour rentrer au Maroc, et plus précisément à Casablanca, afin que leurs enfants connaissent leur famille, leurs racines, leur histoire.
Alors que tous deux étaient pétris d'idées de justice sociale, en osmose, un fossé se crée entre eux car Chérif travaille sur un projet de relogement ("recasement"!!!) des habitants d'un bidonville en plein centre de Casablanca, appelé à être détruit; ceux-ci bénéficieraient de logements neufs, salubres mais loin du centre-ville, sans moyen de transport, ni travail. May décide alors de rencontrer les habitants et d'écrire un livre sur eux afin que la mémoire de ces lieux et de ceux qui y vivent soit préservée; elle s'oppose à son mari car elle constate quel arrachement, déracinement ce serait pour la majorité d'entre eux.
J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman où les thèmes sociologiques et féministes sont plus importants que la fiction car l'auteure se lance, en premier lieu, dans des descriptions assez détaillées de Casablanca qui signifient peu pour quelqu'un qui ne connaît pas la ville. En revanche, Yasmine Chami-Kettani m'a embarquée lorsqu'elle critique la société patriarcale marocaine où le paraître, le statut social, la fortune sont des marqueurs sociaux essentiels, où l'homme n'est considéré comme tel que s'il est en mesure de protéger sa famille et de lui assurer une vie luxueuse, où la femme a pour rôle de soutenir son mari, de s'effacer derrière lui. Ces caractéristiques sociétales se retrouvent dans le couple May-Chérif, dont le retour s'avère difficile pour le couple, May refusant de n'être définie que par rapport à son mari. Ce sont deux conceptions de vie qui s'affrontent.
L'architecture, comme vecteur social, est un thème important du livre; l'architecture doit être un moyen de transformer les hommes en leur permettant de s'approprier l'espace dont ils ne se sentiraient plus rejetés.
Autre thème central, la place des femmes dans la société marocaine où une jeune fille enceinte hors mariage est un déshonneur tel pour une famille qu'elle se retrouve à la rue sans rien, son enfant illégitime n'ayant aucune existence légale, où une femme n'existe qu'à travers son mari même si elle travaille et qu'elle est éduquée, où la famille élargie, omniprésente peut être ressentie comme une prison pour une fille qui souhaite échapper aux schémas traditionnels.
La double narration, celle d'un narrateur extérieur et celle de May lorsqu'elle s'adresse, dans un journal qu'elle tient, à sa fille à naître, à la première personne, offre deux styles d'écriture différents : le premier est descriptif, factuel alors que le deuxième est intime, plein d'émotion et d'amour, parfois lyrique.
Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour cette découverte que je n'aurais probablement pas faite seule.
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Chérif et May sont originaires de Casablanca au Maroc, l'un et l'autre issus de quartiers et milieux sociaux différents. Ils ont fait leurs études à Paris, et le couple y vit confortablement.
Lui est architecte, elle, historienne ; enceinte de leur deuxième enfant, ils ont à coeur de revenir à Casablanca, d'y réaliser leurs projets professionnels et l'épanouissement de leur famille.

A Casablanca, forts de leurs ambitions et de leurs rêves, Chérif et May vont vivre une expérience éprouvante pour leur couple, un certain décalage, leurs liens s'en trouveront ébranlés face au difficile équilibre entre réalités et idéaux.
Ils vont devoir composer avec la réalité du terrain et des complexités secouant leurs convictions et sujets de dilemmes.

Pouvoirs en place, diversités sociales et disparités, l'autrice livre une fine observation, avec un focus sur le karyane d'El Bahriyine – l'un des plus anciens bidonvilles de Casablanca - et ses habitants.

Yasmine Chami brosse un portrait lucide et empathique dans un style élégant et sophistiqué.
Elle aborde l'aspect sociétal et économique, politique et historique, en explorant des sujets comme le relogement des habitants des bidonvilles, la réhabilitation de certains quartiers, et le patrimoine de cette grande ville du Maroc.
Avec son esprit féministe, elle attire notre regard sur le patriarcat dominant et la place des femmes dans la société, et dénonce la corruption et la « hogra » - ce mépris social des autorités publiques envers les plus démunis.
Un roman plein d'humanité et de poésie, et un hommage à ceux qui résistent.

J'ai découvert Yasmine Chami avec ses deux précédents romans.
Ses phrases, souvent très longues, créent une certaine ambiance, sensible et raffinée, nécessitant concentration et patience !

Merci à Babelio et aux Editions Actes Sud pour cette belle lecture.
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Une bonne pioche de la Masse Critique de Babélio que je remercie ainsi que l'éditeur ACTES SUD !

196 pages, un court roman qui se lit facilement. 

May et Cherif se sont connus à Paris, étudiants. May est historienne, Chérif architecte. Ils ont un petit garçon Elias, et au début d'une deuxième grossesse décident d'élever leurs enfants à Casablanca d'où ils sont natifs.

Avant leur retour au Maroc, Chérif veut finaliser son projet dans la Cité des Bosquets :  reconquête des territoires perdus de la République en repensant les espaces communs de cette cité-ghetto. Ce rêve d'architecte se basant sur le travail ethnologique documenté par May, faute de soutien et de volonté politique, il n'aboutira pas.

A Casablanca, une nouvelle opportunité s'offre à Chérif : Nassim, un promoteur, cousin de May lance une vaste opération immobilière : l'aménagement de la corniche dominant l'Atlantique et le recasement des habitants du bidonville dans un "lotissement pilote" à l'extérieur de la ville dans le cadre du programme Villes sans bidonvilles Deux autres chantiers s'offrent : la construction d'un écovillage dans le sud et celle de la villa du promoteur.

May se lance dans une recherche concernant la population du bidonville, le Karyane El Bahirine, elle fait la connaissance des habitants, met en évidence les relations de ceux-ci avec la proximité de l'océan, leurs moyens de subsistance - tout ce qu'il vont perdre avec leur "recasement". Elle noue des amitiés, s'investit émotionnellement et s'éloigne des plans de son mari qui suit le promoteur. le projet du couple perd, au fil des concessions, sa consistance. 

Je ne suis pas entrée dans le roman dès le début. L'auteure a eu l'idée de dédoubler le récit à deux voix, distinguées par deux polices de caractère : le récit et un monologue de May qui s'adresse à sa fille-foetus tout au long de sa grossesse. Ce procédé artificiel m'a dérangée. Les états d'âme de la femme enceinte m'ont un peu ennuyée.

La présentation de  la famille de May et de Chérif m'a bien intéressée : analyse de la société marocaine aisée, bourgeoisie intellectuelle - médecins ou avocats - et parvenus "m'as-t-vu". Apparition des absents, fantômes de la colonisation, français mais aussi juifs qui ont quitté le Maroc. Les positions politiques féministes et anticoloniales de May et de Chérif au langages radical en France se heurtent à la vie marocaine et des contradictions se font jour. Gouffre entre le mode de vie des classes aisées et des habitants du Karyane que May découvre....Solidarités entre femmes, inattendues aussi. J'ai beaucoup aimé  cette analyse ethnographique très fine et je me suis laissé emporter par le reste du récit. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Tout d'abord, un grand merci à Babélio et les éditions Actes Sud pour la découverte de ce roman, car, parmi l'abondance de parutions d'automne, il aurait fallu un miracle pour que l'ouvrage arrive jusqu'à moi.
May et Cherif forment un couple uni et follement amoureux. Parents d'un petit garçon, ils attendent une petite fille. Tous deux natifs de Casablanca, ils ont fait de très bonnes études chacun en France où ils exercent respectivement les professions d'historienne et d'architectes.
A Casablanca il y a en bordure d'océan, un bidonville que les autorités ont décidé de raser. Les habitants seront déplacés et relogés plus loin, loin de tout… Cherif est engagé avec d'autres associés dans cette opération de grande envergure ; c'est ainsi que le couple retourne vivre dans leur ville natale. May ne tarde pas à comprendre que cette opération immobilière de grande ampleur aura des conséquences délétères sur la population qui non seulement va perdre ses repères, ne re retrouvera pas les facilités de transport pour aller au travail, ou à l'université. Son mari s'enferme dans ses convictions, se laisse piéger inexorablement par l'affairisme, et la corruption. Son épouse, à la fois impliquée dans sa grossesse, préoccupée par l'avenir de sa petite fille et la place qu'elle veut lui construire dans une société qui n'aime pas trop ses filles, et investie dans la défense des faibles et laissés pour compte, voit son couple vaciller. May doit lutter pour exister, et conserver une indépendance. Bien issue d'un milieu nettement plus aisé que son mari, May a sincèrement plus conscience des inégalités et des problèmes sociaux de son pays. Cherif n'est pas à une compromission près, n'hésite pas à sacrifier les moins favorisés pourvu qu'il réussisse, qu'il s'enrichisse, et nourrisse ses ambitions.
J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman qui alterne entre le présent de chacun des protagonistes, le choc des cultures entre un couple rompu au mode de vie européen de retour au pays où il doit composer avec une autre culture, et le dialogue entre une mère et l'enfant qu'elle porte.
Yasmine Chami décrit avec beaucoup d'acuité les relations hommes/femme, la difficile conciliation entre traditions et modernités.
Un texte très bien écrit, qui demande un peu de temps, et qui dans sa seconde partie s'avère passionnant !

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