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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir lu "Dans ma chair " écrit en 2022 , j'ai enchaîné avec "Médée chérie " écrit en 2019.
Deux livres en face à face . La même histoire vue du côté de l'époux ( Dans sa chair) et du côté de la femme (Médée chérie ) . "Dans sa chair " m'avait enthousiasmée, Médée chérie m'a un peu déçue . Il faut sûrement lire les deux livres dans l'autre sens ! ( le bon ...)
" Médée chérie " ( je trouve le titre assez mièvre ) nous conte l'histoire de la séparation de ce couple : Médée et Ismaïl mariés depuis trente ans . Médée apprend à l'aéroport que son mari est parti pour Sydney en la laissant là ,seule , sans explication.
Elle va entrer dans un état de sidération, se murant dans son silence .Elle va rester dans cet aéroport pendant plusieurs jours . Elle y rencontre Tanya ,dame pipi , qui a perdu beaucoup plus qu'elle , mais qui va l'aider à sortir de sa torpeur . Grâce à ses enfants et à Juan ,un artiste connu 40ans plus tôt , elle va renaître de ses cendres . C'est par la création qu'elle va se reconstruire .
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Ce roman est le récit d'une trahison, une chute, une dévastation. Une femme, Médée, est abandonnée par son mari au moment même de prendre l'avion. Cet abandon la plonge dans un état de sidération ; fracassée par la soudaineté de cette rupture, elle est incapable de quitter le huis-clos de l'aéroport et se retire dans une chambre de l'hôtel attenant.
Là, Médée se souvient : ses pulsions créatrices de sculptrice, sa rencontre avec Ismaïl, son futur mari, leurs enfants qu'elle aime tendrement, son dévouement et son amour inconditionnel envers son mari. Ce voyage intérieur, métaphorique, dure plusieurs jours, au cours desquels elle analyse et dissèque son chemin de vie, ses relations familiales, prostrée sur son lit d'hôtel, anéantie par la douleur, mais tentant de comprendre.

C'est aussi une réécriture du mythe antique de Médée, la femme puissante abandonnée par Jason qui veut en épouser une autre. L'auteure donne une issue différente au mythe, car notre Médée ne se venge pas comme la première en tuant ses propres fils, mais en ressurgissant de cette perte.
A travers le rebondissement de la protagoniste, une réflexion est ouverte sur la perte, quelle qu'elle soit, abandon amoureux, déracinement de réfugié, une exploration de ce qu'une perte fait en nous et de la force qu'on peut puiser dans la fragilité même. Car nous sommes tous condamnés à être un jour confrontés à la perte, écrit Yasmine Chami : « Qui n'est pas réfugié de quelque part ? D'une enfance, d'un amour, de sa propre jeunesse enfuie, des liens cassés, d'un pays en guerre, d'une perte qui n'a pas de nom ? » (p.109).

Ce roman émaillé de références mythologiques et littéraires (Chimène du Cid, Pénélope, le duc de Guermantes, une héroïne d'un conte d'Andersen) remet en question la place de la femme dans la société et dans le couple. Si Médée est tout d'abord soutenue discrètement par son fils, c'est la rencontre d'une Irakienne réfugiée, Tanya, qui va être déterminante. Cette femme qui a presque tout perdu, elle (son statut social, ses racines et son passé, son mari, un de ses enfants), lui demande de témoigner de la perte à travers son art, de donner un visage à tous les perdants du monde. Médée, qui cherche à comprendre dans ses sculptures ce qu'est le lien, le rapport entre les êtres humains, va se saisir de cette demande pour se relever à travers son art, depuis toujours sa raison de vivre, à côté de sa famille.

J'ai aimé ce traitement de la puissance des femmes et de la sororité, ainsi que les longues phrases proustiennes (jusqu'à dix-sept lignes), mais moins les dialogues entre Médée et Tanya, dans une langue trop littéraire et formelle.
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Dans la mythologie grecque, Médée est la femme de Jason. Quittée par celui-ci pour une autre femme - folle de rage - Médée tuera leurs deux fils pour le punir.

Médée, c'est aussi le nom que porte l'héroïne de Yasmine CHAMI. Elle aussi a été quittée par son époux – Ismaïl - pour une autre femme.
Médée n'a pas tuée les enfants qu'ils ont eu ensemble. C'est porté par leur amour, et notamment celui d'Adam - son benjamin - qu'elle se relèvera.
Adam, qui l'aidera à reprendre goût à la vie à travers ce qu'elle aime le plus au monde après sa progéniture : la sculpture.
C'est son art qui la reconstruira.

Ce roman, c'est l'abandon. La douleur. le deuil de ce qui n'est plus. de ce qui ne sera jamais plus. La reconstruction. La vie malgré tout. La vie avant tout.
Ce roman parle de la perte de l'être aimé. La perte de sa moitié. Une moitié que l'on croyait indivisible.
Ce roman se lit en apnée. le temps d'une inspiration.
Le rythme est lourd et les phrases denses. La ponctuation y est rare. Tout est fait pour que le lecteur n'ait pas le temps de reprendre son souffle. Comme Médée.
Le texte est sublime. Tout en poésie. On y cueille des perles. Des phrases qui nous parle. Des phrases qui résonne. Des phrases qui sont belles. Comme Médée.
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