Les yeux grands ouverts devant la beauté des fonds marins, les oreilles fermées aux bruits d'en haut, le coeur renversé par le beau Félix à ses côtés, Alma se sent merveilleusement bien. Quand elle plonge dans les profondeurs de la rade de Brest, elle a l'impression d'évoluer dans un pays lointain – réel imaginaire légendaire – ou dans le monde du silence d'Angelo, son petit frère sourd. Plonger est sa bulle, sa respiration. À la surface, sa vie est plutôt douce mais ces derniers temps, Angelo l'inquiète. Leurs parents, venus il y a longtemps d'Argentine, tiennent le café du Sans-Soucis, un endroit charmant et convivial aimé de tous. Et si leur père – comme Alma – parle la langue des signes avec son fils, Luisa leur mère ne veut pas en entendre parler. Pour elle, l'intégration d'Angelo à l'école – et dans la vie – ne se fera que s'il est appareillé. Gommer le handicap, atteindre une « normalité », voilà son souhait. Devenu sourd suite à une méningite, Angelo a aujourd'hui apprivoisé une nouvelle façon de communiquer, grâce à la LSF et en lisant sur les lèvres. L'implant le fait souffrir et le rend irritable mais Luisa ne veut rien savoir. Angelo, face à ce mur d'incompréhension, s'enfuit.
Joli et évocateur, le titre du roman lui sied parfaitement.
Fanny Chartres esquisse la vie d'une famille, ses vagues ses déferlements, sa petite musique dansante et changeante où douceur et violence s'entrechoquent. Avec justesse elle évoque les relations fraternelles, amicales, amoureuses, le lien fort qui unit maître et chien, les tourments de l'adolescence, l'entraide, et met en lumière la langue des signes – reconnue langue à part entière en 2005 – et la rareté des enseignements bilingues dans les établissements scolaires. Que j'aime les histoires si sensibles de cette autrice.
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