Mémoires d'outre-tombe : Anthologie

Chateaubriand a vécu beaucoup de choses, d'évènements et d'aventures dans sa vie. Il aime se raconter, se glorifier et se rendre indispensable à la bonne marche de l'histoire. Mais il tombe dans un piège dommageable de l'autobiographie: anticiper la réaction du lecteur et donc écrire ce qu'il attend de vous. Ce texte a surtout un intérêt pour les amoureux de l'auteur et les historiens.

Châteaubriand est une institution en France. Qui prendrait le risque de le critiquer ? Pourtant, il nous apparaît ici tel un égotiste ridicule, ramenant tout à lui de manière puérile. La prose est belle mais l'homme est contaminé par son narcissisme. Cela est pénible et fatiguant. Pourtant, si l'auteur se met continuellement en scène, les confessions peuvent être parfois touchantes. Châteaubriand fait penser à un gamin brillant mais insupportable. En toile de fond, on sent l'être complexé par sa relation conflictuelle avec le père, ce qui se traduit par un besoin de compensation affective avec les femmes : il veut sentir en permanence qu'il est admiré. C'est enfantin et pathétique. Ce qui frappe également de la part de l'auteur du « Génie du christianisme », c'est l'absence d'élévation spirituelle: Châteaubriand ne cesse de maugréer contre son sort, de voir des infortunes dans ce qu'il lui arrive, comme s'il était voué au malheur. Cette immaturité (cette mécréance) est consternante. Aussi l'idée de fausseté, de superficialité s'impose-t-elle dans ce récit. Pourtant brillant, cultivé, intelligent, l'auteur manque étonnamment de profondeur, donnant l'impression d'un vieil adolescent porté inopinément à l'âge adulte. La préoccupation sociale sent le XIX° siècle : lui, le hobereau ne cessant de jouer à l'aristocrate, apparaît tel un bourgeois singeant un noble. C'est triste et affligeant. Sous bien des aspects, Châteaubriand incarne la prétention de beaucoup d'intellectuels français. C'est instructif et édifiant ; et pour cela sans doute qu'il constitue encore aujourd'hui une institution.