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EAN : 9782218925276
96 pages
Hatier (22/03/2007)
3.12/5   140 notes
Résumé :
Jeune marginal en quête d'absolu, René a une Europe incapable de comprendre ses aspirations et ses tourments.
Ce livre raconte l'histoire de sa vie. "J'ai lu René, et j'ai frémi. Je ne sais si tout le monde a reconnu dans ce personnage quelques-uns de ses traits : pour moi, je r reconnu tout entier." Sainte-Beuve Dossier : l'oeuvre intégrale, des groupements de textes, les repères historiques, culturels et littéraires. l'étude du genre, une préparation au bac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Ô romantisme ! Tes hautes tours ceinturées de lierre, tes jeunes Werther agonis de souffrances, tes méditations si poétiques, tes pleurs qui débordent (Valmore), tes pianos alémaniques, la pureté de tes élans, tes chastes incestes… Oui, parce que (François ?) René aime sa soeur, et sa soeur aime René, voyez. 

Voici un cas d'école que la censure de l'époque, impitoyable avec Baudelaire et Flaubert, peut entendre et laisser publier, pour peu que la chaste pécheresse (et pas le pécheur bien sûr) passe par la case couvent (qui a disparue de nos Monopoly actuels).

René décide pourtant de faire d'un chou un potager et de disserter sur le non-évènement auprès d'un amérindien dont il envie la paisible existence, ce qui est désormais bien établi (la paisible existence des amérindiens du XIXe siècle comparée à celle De Chateaubriand…y aurait de quoi lancer une nouvelle controverse de Valladolid, Bartolomé de Las Casas danse dans sa tombe…).

« Ô temps suspend ton vol ». C'est un ouvrage résolument romantique, le même vertige de la jeune et noble âme face au précipice du temps, les mêmes réflexions sur la passion, celle qui déchire et arrache plus de larmes aux jeunes garçons de bonnes familles qu'il est possible de se le figurer de nos jours.

« La douleur n'est pas une affection qu'on épuise comme le plaisir ». A partir de ce constat, Chateaubriand et d'autres auteurs vont pouvoir offrir (surtout monnayer) à la littérature des centaines de pages de tourments, d'implorations et d'apitoiements infantiles et doloristes, cela sans s'épuiser, sous le regard indifférent d'un Dieu le père, pourtant si souvent appelé en renfort. Les amères leçons des premiers transports amoureux induisent un chemin vers la sagesse passant par l'expérience contrariée.


Le romantisme n'en reste pas moins un courant qui bénéficiera de part son époque, d'une langue merveilleuse, et dont certains auteurs, comme Goethe s'affichent comme parangons de la littérature amoureuse. Ce court roman De Chateaubriand ne parvient à mon humble avis pas à en faire autant.

« Je n'étais occupé qu'à rapetisser ma vie, pour la mettre au niveau de la société » pauvre René, une violette sous la mousse, c'est si dur d'être à la fois humble et exceptionnel… Mais Chateaubriand non plus, ne prend pas son personnage pour une mandarine : « Il vaut mieux, mon cher René, ressembler un peu plus au commun des hommes et avoir un peu moins de malheur » lui réplique son interlocuteur. Imparable : le commun des hommes à l'époque, en pleine exode rurale, happé de tous ses membres au sortir du berceau par les usines naissantes n'a rien à envier aux prolixes vagabondages de notre jeune noble.
Il manque à René l'impétuosité et l'humanisme du jeune Werther, mais surtout il se dégage une forme de complaisance de l'auteur pour son personnage : le héros pathétique est encore trop pris au sérieux par son auteur.

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Le XIXème siècle fut un siècle parfois tourmenté ; certes, ce fut le siècle de Zola, confiant en le progrès ; et de beaucoup de gens de ce type. Mais le XIXème siècle fut aussi le siècle de Huysmans, de Dostoïevski et du René, De Châteaubriand, qui illustre la tourmente face à un monde dont il est difficile de connaître le sens, face à une Histoire, entre royalisme et République, qui ne semble pas avoir de sens, tant elle est touffue, pleine d'événements menant au contraire de tant d'autres événements…
C'est ce qui explique le fameux "mal du siècle", celui de René, de Fiodor Dostoïevski et de Des Esseintes.
René est peut-être la première grande figure de cette angoisse mélancolique au contact d'un monde qui ne semble plus avoir de sens, au contact d'une société qui semble éclater, où l'ordre social change profondément.
Et il est certain que le "mal du siècle" est un sujet idéal pour un auteur romantique… Et, avec ce sujet idéal, Chateaubriand réussit et montre son style parfait, lyrique, plein d'exclamations et d'interrogations, grand, beau, mélancolique, bref : sublime, de toute beauté, constamment.
Il porte à la perfection la sensibilité romantique, qui émeut, et il écrit dans un style d'une grande beauté…
Ce court récit, qui fait un peu ( voire un peu beaucoup ) penser à "Atala" est un grand texte, très personnel je pense et d'une beauté indescriptible, unique, qui n'appartient qu'à François-René de Chateaubriand.
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Celle lecture est une bonne surprise d'abord parce que c'est le premier livre De Chateaubriand que je lis (j'en ai peut-être lu dans ma jeunesse mais je ne m'en souviens pas) et j'ai été touchée par l'histoire de "rené" d'autant plus que c'était le prénom de mon père (et le deuxième prénom De Chateaubriand).
Je m'attendais à un roman de bigot mais pas du tout car si le sentiment religieux est omniprésent c'est d'abord celui du coeur. Il faut dire que celui de René est bien mal en point. Il a le vague à l'âme comme on dit pudiquement.
Il vit en Louisiane, dans la tribu des Natchez où il ne semble pas être heureux, ressassant sa mélancolie dans ses promenades en solitaire.
Il finit par accepter de se confier à deux hommes, Chactas le vieux sage aveugle et Souël, le père jésuite. Il leur raconte le drame de sa vie qui l'a éloigné de son pays natal.
Après la mort de son père qui était veuf, René va choisir de voyager en laissant sa soeur Amélie avec qui il a partagé ses meilleurs moments de jeunesse. Elle va pourtant le sauver du suicide et de son ennui quand il rentre déçu et hanté par la mort. Mais torturée par des sentiments incestueux elle décide de devenir religieuse.
Certes, je suis loin de penser que la religion peut sauver car je ne suis pas croyante mais la prose De Chateaubriand est d'un romantisme qui me donne des frissons. Quand il écrit par exemple en évoquant la lune "Souvent, aux rayons de cet astre qui alimente les rêveries, j'ai cru voir le Génie des souvenirs assis tout pensif à mes côtés.", son désespoir est poignant.
Je me suis rendu compte que "rené" faisait suite à "Atala" qui met en scène l'accueil par les Natchez en Louisiane du français nommé René. Sa lecture s'impose donc pour y retrouver avec plaisir les mots De Chateaubriand.


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René, suite d'Atala, inséré dans le Génie du Christianisme comme une illustration du vague des passions. « Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente, car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d'exemples qu'on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l'homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions. L'imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l'existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite, avec un coeur plein, un monde vide ; et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. » Voilà la description du vague des passions dans le Génie du Christianisme, car c'est une passion chrétienne selon Chateaubriand, « un dégoût constant », « une impression de tristesse, et peut-être même une légère teinte de misanthropie », pur héritage du tædium vitae de la vie monastique.
Je n'avais jamais lu ce roman et je pourrai dire que je l'ai relu, tant il m'a paru familier. La lune, les tombeaux, la solitude, l'amour… si souvent imité au dix-neuvième siècle. Evidemment, les souffrances du jeune René c'est notre Werther à nous. Mieux, c'est une réponse française et catholique. Pathétique, romantique mais sans complaisance, avec une fin morale. Comme le dit Chateaubriand lui-même, il ne s'est rien passé d'extraordinaire dans la jeune vie de René, un homme malheureux avant d'avoir souffert et qu'un seul évènement réussi à ébranler.
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Je n'ai presque rien lu De Chateaubriand - immense écrivain, certes, mais pas vraiment dans le goût du jour, car il est considéré comme très réactionnaire. Il n'en reste pas moins l'un des précurseurs du romantisme français. Ceci se sent bien dans le bref récit intitulé "René". Cet homme, en proie à une langueur sans cause bien établie, a le spleen - au point qu'il songe au suicide. Rien ne le retient à la vie, si ce n'est sa soeur Amélie, pour laquelle il éprouve un réel attachement qui est réciproque. Brusquement, elle décide de se retirer dans un monastère de moniales. René est bouleversé par leur séparation, qui sera définitive. Lors de l'impressionnante cérémonie où Amélie prononce ses voeux, elle avoue - à demi-mots - sa « criminelle passion » pour son frère, qu'elle a décidé d'expier dans son état monastique. René, brisé, s'exile en Louisiane et apprend la mort de celle qui l'a aimé.

J'ai lu rapidement ce texte, qui est bref. Pourtant, la première partie m'a semblé assez fastidieuse, car les états d'âme romantiques du héros malheureux ne m'ont pas vraiment touché. C'est là que se situe la très fameuse phrase: « Levez-vous vite, orages désirés », que l'on cite parfois. Cependant, j'ai trouvé forte la scène-clé de la cérémonie des voeux, avec l'aveu de la future moniale. Evidemment, tout cet épisode véhicule une religiosité qui surprendra ou même énervera certains lecteurs. Mais il faut toujours replacer les livres dans leur contexte historique et littéraire.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j’entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
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Timide et contraint devant mon père, je ne trouvais l'aise et le contentement qu'auprès de ma soeur Amélie. Une douce conformité d'humeur et de goûts m'unissait étroitement à cette soeur ; elle était un peu plus âgée que moi. Nous aimions à gravir les coteaux ensemble, à voguer sur le lac, à parcourir les bois à la chute des feuilles : promenades dont le souvenir remplit encore mon âme de délices. O illusions de l'enfance et de la patrie, ne perdez-vous jamais vos douceurs ?
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Hélas ! J’étais seul, seul sur la terre ! Une langueur secrète s’emparait de mon corps. Ce dégoût de la vie que j’avais ressenti dès ma plus tendre jeunesse, revenait avec une force nouvelle. Bientôt mon cœur ne fournit plus d’aliment à ma pensée, et je ne m’apercevais de mon existence, que par un profond sentiment de malaise et d’ennui.
Je luttai quelque temps contre mon mal, mais avec indifférence et sans avoir la ferme résolution de le vaincre. Enfin, ne pouvant trouver de remède à cette étrange blessure de mon cœur, qui n’était nulle part, et qui était partout, je résolus de quitter la vie.
Prêtre du Très-Haut, qui m’entendez, pardonnez à un malheureux, que le Ciel avait presque privé de raison. J’étais plein de religion, et je raisonnais en impie ; mon cœur aimait mieux Dieu, et mon esprit le méconnaissait : ma conduite, mes discours, mes sentiments, mes pensées, n’étaient que contradiction, ténèbres et mensonges. Ah ! l’homme sait-il bien toujours ce qu’il veut ? est-il toujours sûr de ce qu’il pense ?
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Je vois un jeune homme entêté de chimères, à qui tout déplaît, et qui s'est soustrait aux charges de la société pour se livrer à d'inutiles rêveries. On n'est point, monsieur, un homme supérieur parce qu'on aperçoit le monde sous un jour odieux.
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Amélie avait reçu de la nature quelque chose de divin ; son âme avait les mêmes grâces innocentes que son corps ; la douceur de ses sentiments était infinie ; il n'y avait rien que de suave et d'un peu rêveur dans son esprit ; on eût dit que son cœur, sa pensée et sa voix soupiraient comme de concert ; elle tenait de la femme la timidité et l'amour, et de l'ange la pureté et la mélodie.
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Vidéo de François-René de Chateaubriand
INTRODUCTION : « Il est assez probable que les pages intitulées Pensées, Réflexions et Maximes seront une révélation pour bien des gens, — même pour ceux qui connaissent très suffisamment leur Chateaubriand [1768-1848]. de cela il y a de fort bonnes raisons. Ces pages sont assez courtes ; elles n'ont jamais été publiées, que je sache, séparément ; elles ont paru, pour la première fois, très tardivement, entre 1826 et 1831, quand l'auteur donna chez le libraire Ladvocat, la première édition de ses Oeuvres complètes. […] Et cependant, ces Pensées, — dont l'origine exacte nous échappe, — sont pour la plupart fort remarquables ; et il est évident, pour qui sait lire, qu'il n'eût tenu qu'à Chateaubriand d'en grossir considérablement le nombre, et de se faire une juste place, à côté, et probablement au-dessus de son ami Joubert [1754-1824], parmi les Moralistes français. […] » (Victor Giraud.)
« Le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. » (Oeuvres complètes de M. le Vicomte de Chateaubriand, tome XVIII, Paris, Pourrat frères, 1836, p. 119.)
CHAPITRES : 0:00 — 1. ; 0:45 — Introduction ; 1:09 — 7. ; 2:11 — 18. ; 2:46 — 20. ; 3:10 — 27. ; 3:23 — 30. ; 3:38 — 31. ; 3:51 — 36. ; 4:06 — 38. ; 4:25 — 49. ; 5:09 — 62. ; 5:40 — 64. ; 5:55 — 68. ; 6:48 — 69. ; 7:05 — Générique.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Chateaubriand, Pensées, réflexions et maximes, suivies du Livre XVI des Martyrs, édition nouvelle par Victor Giraud, Paris, Bloud & Cie, 1908, 68 p.
IMAGE D'ILLUSTRATION : https://ia800109.us.archive.org/23/items/EST95RES_P8B/BSG_EST95RES_P8B.jpg
BANDE SONORE ORIGINALE : Carlos Viola — Immortal Beloved Immortal Beloved by Carlos Viola is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 Unported (CC BY-NC 3.0) license. https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/immortal-beloved
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CE MONDE SIMIEN : https://youtu.be/REZ802zpqow
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VOYAGE À PLOUTOPIE : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
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#Chateaubriand #Pensées #LittératureFrançaise
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