Si l’Espagne est souvent secouée par l’Histoire, à Malaga il ne se passe jamais rien. Capitale provinciale, belle, solaire, tournée vers la mer, un port des plus tranquilles, un climat exceptionnellement chaud, d’où la luxuriance des jardins, arbres et plantes tropicales des quartiers élégants, qui contrastent violemment avec les faubourgs pauvres, peuplés majoritairement de gitans.
Pendant le tremblement de terre, l’enfant Pablo subit un autre séisme. La violence d’assister à l’accouchement de sa mère, sur cette terre instable, de voir de ses yeux d’enfant l’éclosion – touffe de cheveux noirs, peau luisante, vaguement sanguinolente – de sa petite sœur, dans ce mystérieux amoncellement de linges souillés. Encore attachée par un gros tuyau gris rose…
Est-ce aussi de là qu’il est issu ? Sa mère souffre-t-elle autant que ses cris le disent ? Tous les gens autour sont-ils au courant de ce qui se passe vraiment ? Et son père qui n’est pas là ? Pourquoi ? Où est-il pendant que la terre et sa mère se déchirent ?
Qu’y a-t-il de plus naturel qu’une naissance ? Alors qu’on vient d’échapper à un tremblement de terre, une vie neuve est encore plus prise comme un cadeau. Personne ne songe à protéger le garçonnet de ce cataclysme.