Citations sur La vraie gloire est ici (100)
Bleus de la profondeur,
Nous n'en finirons pas
d'interroger votre mystère.
L'illimité n'étant
Point à notre portée,
il nous reste à creuser, ô bleus
Du ciel et de la mer,
Votre mystère qui n'est autre
que nos propres bleus à l'âme.
De quelle nuit es-tu venue ?
De quel jour? Soudain tu es
Au coeur de tout. Les lilas
Ont frémi ; le mot est dit.
Tout prend sens, tout se découvre
Don. Dès lors, tout se transmue :
Le ciel-terre en chair aimante,
En ondes sans fin les instants.
Viens te lover dans ma main, galet,
Tiens un instant compagnie
A l'anonyme passant. Toi , le pain cuit
au feu originel, nourris ce passant
de ta force tenace, de ta tendresse
lisse , au bord de cet océan
sans borne, où tout vivant, accorde
au mendiant sans voix les faveurs,
fais moi don de tes inépuisables
trésors : fête de l'aube, festins
du soir, farandoles sans fin des astres,
tant et tant de tes glorieux compagnons
réunis ici en toi, un instant lovés
dans le creux charnel de ta paume !
Toi qui survis à tout, garderas-tu
mémoire de cette singulière rencontre ?
Soudain, nous viennent des flots
De larmes, nous plongeant dans
L'abîme du silence, larmes
De peine, larmes de joie,
Gouttes de pluie qui glissent
Leurs perles sur les feuilles
De lotus, que vient sécher
Un inattendu rayon
De soleil, déjà ardent,
Déjà irradiant, déjà nimbé
De poignante douceur, hors
De toutes voix, hors
De toutes voies, dans
L'innocence de l'instant,
Dans l'abîme de la désormais
Insondable souvenance.
Le vrai silence vient au bout des mots;
Mais les mots justes ne naissent qu'au sein du silence...
Oui, un mystère, les yeux, les tiens.
Ils t’ont été donnés pour voir,
Voici qu’eux-mêmes ils donnent à voir !
Faut-il croire qu’ils sont donnés
Pour égaler la beauté qu’ils captent ?
Que la lumière qu’ils reflètent
Doit être par eux transfigurée ?
Que tous les dons qu’ils ont reçus
Doivent devenir don à leur tour ?
Brûlant mystère du Regard premier !
troisième partie PASSION
La soif comme la faim,
Les rires comme les pleurs,
La douceur, les blessures,
La furie, les regrets,
Nous n'en jetterons rien,
Nous les emporterons tous,
Indégradables viatiques,
Pour un très long voyage.
Je me lèverai et j'irai vers toi,
Traversant les nuits d'insomnie, franchissant
La ligne incandescente des étoiles.
Je sais que tu es loin,
Mais que par toi
tout sera retrouvé.
Tu es seul à entendre le bruit de tes pas,
Seul à savoir aussi que tu vas tout quitter,
Sans rien laisser, ni tes peines ni ton nom...
L'aurore monte l'escalier à pas feutrés
Et frappe, légère comme l'air, à ta porte,
Aurore porteuse d'une passion contenue,
Divins rayons à la chasse de l'unique.
Arrachée à tes songes évanouis,
Sommeillante encore, tu ouvres ta porte,
Livrant ton corps sous ta chemise de nuit
Couleur d'un printemps sombré dans l'oubli.
Le trésor terrestre à peine effleuré,
Voici que, muette, l'aurore se retire,
Laissant vacants la demeure et le jour,
Où se meut l'ombre de la nostalgie.