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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

J'avais beaucoup apprécié " À l'orient de tout" mais la découverte de ce recueil a été plus encore pour moi: une révélation, un vertige de mots qui tous m'effleuraient de leur beauté simple et fragile...

On retrouve bien sûr les thèmes propres à François Cheng: l'impermanence de l'homme au sein d'une nature immuable, la volonté de s'inscrire dans l'instant, la recherche spirituelle d'un guide, qu'il nomme aussi bien la Voie, comme dans le taoïsme, que dieu ou Lumière. J'ai aimé que l'auteur se pose des questions à propos de cette existence divine, que rien ne soit pour lui acquis, certain.

J'ai vibré au contact des vers qui rendent si bien nos quêtes universelles, tous les poèmes m'ont parlé, ce qui est rare lorsqu'on lit un recueil. D'ailleurs, je souhaiterais tous les citer, c'est dire...Et j'ai trouvé que l'ensemble était moins hermétique, plus accessible que " À l'orient de tout".

Parfum de lilas, énigmatique tortue, nuit mère des lumières, la Voie qui seule sait, au-delà des questionnements existentiels,ces images douces et sereines m'ont envahie, la magie des mots purs et évocateurs...

J'en reste éblouie...
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« Point de retour sans aller 
Point d'aller sans retour ».

« Tu entends enfin ton chant
qui lui même est appel
à tous les vents venant vers toi,
à tous les vols partant de toi,
à la terre explosée en fleurs… »


« À la source du Long Fleuve », « Austères glaciers »,« Tendre filet d'eau… »
 « Voici que le fleuve retourne à sa source,
Que nous terminons notre grand périple. »
 « Tant de jours à longer le fleuve millénaire,
Toujours à contre-courant, à contretemps »
 « À sillonner l'aride haut-plateau,
Creusé de ravins, menacé de vautours,
 
À traquer chairs crues et fruits sauvages,
À dormir à même les herbes virginales,
 
À traverser le lac aux étoiles, poussant plus loin
Nos corps tatoués de gelures, de brûlures,
 
Minuscule caravane à bout d'endurance,
En ce point de l'ultime rendez-vous,
 
Austères glaciers, tendre filet d'eau,
Où toute fin est commencement. »

« Proche est le lointain,
Durable l'instant.
Quand le feu s'enfouit,
Quand se tait l'oiseau,
Tout tend vers son libre
Ou vers son repos. »
Stupéfiant silence...


Ici commence la rencontre , la joie de notre reconnaissance,

L'instant de l'échange.

« un oeil justifie la création

parce que l'oeil est regard et que le regard donne signe de vie »


« cendres-semences » , la «  brume va monter de la vallée l'in-fini cet inachevé « 

« Tout est signe » , alors « nous comprenons alors que nous aurons
à refaire le chemin parcouru »

« Le monde recommence »

Écoute !

« La nuit prépare le festin des jours »

Regarde !

«  cette lumière tremblotante
sur le rebord de la coupe »

« Nous avons trop vécu pour ne plus être »

« Encore un jour de gloire
Pour ceux d'ici qui voient.
 
Gloire des corps, gloire des fruits.
Mystère même des étoiles.
 
Pour ceux qui voient et louent,
Nulle possession, nulle proie.
 
Sol nu buvant la source,
Rien d'autre que cri de joie.
Encore un jour de gloire
En-deçà, au-delà. »

«  avant la tempête annoncée,
Il y a ce coin d'hiver,
ce coin perdu de l'univers,
où s'attarde un reste de soleil …. »

Lueur émise, flamme meneuse d'âmes,

«  en cet instant de l'éternelle donation,
Ici retourné par un regard étonné
en perpétuelle offrande ».

Ô
«  que toujours nos instants se fassent accueil »

«  Mais ce qui a été vécu
sera rêvé ;
Et ce qui a été rêvé
Revécu. »


transmutation de toutes « douleurs bues » en leur renaissante tendresse.

« car tout est à revoir, tous les rires, tous les pleurs, toute la gloire »

maintenir la flamme allumée, veilleuse éternelle , pour toutes nos âmes errantes 

«  au royaume de l'infini, la moindre lueur est diamant. »

La vrai gloire est bien ici, dans le vide médian que libère le souffle de la Poésie.
«  Vers son libre
vers son repos »…
source du renouveau.

Astrid Shriqui Garain

Lien : https://dutremblementdesarch..
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La beauté nous delivre de la fragilité de l'être. C'est là je crois, la clé de tout.
Cheng le sait, il a beaucoup medité sur la beauté et sur la mort. Il sait combien notre aspiration au sublime d'une part, le sentiment de notre finitude d'autre part, nourrissent notre élan de vie.

Les trois parties de ce recueil sont comme les respirations de notre vie. Il y a la douce respiration de la naissance, de la quiétude, de l'éclosion, de l'attention à l'instant présent, comme un don unique.
Il y a le surgissement de la mort, notre souffle est coupé, nous sommes saisis à la gorge. C'est âpre, la gorge est sèche, mais notre elan de vie y repond. Nous voulons vivre!! Et nous reprenons souffle.
Il y a le souffle vif de la passion, le coeur bat, tout s'accélère et c'est desordonné. C'est un feu brûlant, c'est un élan, un jaillissement. Et c'est aussi le 3e temps de ce recueil.

J'ai mis un an à lire ce recueil car je savourais les poèmes un à un, de peur de manquer un coup de ciseau, un moment de grâce, un souffle ténu presque inaudible.
Et puis tout s'est précipité: j'avais trop envie de vivre, de savourer à pleines dents ces révélations si profondes et si intimes, je me berçais avec elles. Ce fut une apothéose.
Oui en cet instant où je repose la dernière page, je partirais sur une île déserte avec ce recueil pour seule compagnie, comme eau et comme sel, et comme secret de vie.
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François Cheng, naturalisé français en 1971 et membre De l'Académie Française, avait déjà 86 ans quand ce livre a été publié. Le public français le connait bien, notamment grâce à ses livres de réflexion spirituelle, qui ont connu le succès (mérité). On apprécie aussi son allure de vieux sage, serein, digne et sobre dans ses prises de parole. Toutefois, en ce qui me concerne, je n'avais jamais lu un recueil de ses poésies. Je viens de parcourir celui-ci une première fois – mais je compte bien en faire une seconde lecture, plus lente, pour mieux l'apprécier.
Dans l'ensemble je trouve que François Cheng écrit merveilleusement bien. A la croisée des traditions occidentale et orientale, il a trouvé une forme particulière qui correspond bien à sa personnalité. Ses poèmes sont concis et ciselés, ils sonnent juste, ils suggèrent plus qu'ils ne décrivent. Du grand art... J'ai constaté que d'autres Babeliotes avaient déjà mis en citation un grand nombre de ses textes que je voulais aussi signaler: je ne peux que les "apprécier" à mon tour.
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Le genre d'ouvrage que l'on déguste et égraine au fur et à mesure des soirées comme un sac de friandise, un chocolat que l'on laisse fondre sous le palais. La langue de François Cheng est pleine de poésie, de force. Chaque mot contient une mesure, une vérité pour former un parfait équilibre de lecture. Chaque poème transporte une rêverie, une philosophie. A lire, relire, sans modération.
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Jusqu'ici Arthur Rimbaud trônait seul dans mon panthéon personnel de la poésie... Il est à présent rejoint par François Cheng avec ce recueil extrêmement délicat, où l'évocation semble diriger l'écriture. François Cheng arrive à faire souffler le vent entre les pages et à faire chanter les oiseaux.
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Magnifique! Un souffle de Vie.
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