Taos, émigrée marocaine, a passé sa vie au service des autres. Epouse d'un homme violent, mère de neuf enfants dont plusieurs morts-nés, elle vit désormais seule dans son petit appartement. Ses enfants hésitent à venir la voir tant elle les critique et se plaint de ses douleurs d'arthrose. Mais comment ne pas devenir une femme aigrie quand après avoir consacré sa vie aux autres, on se retrouve avec la douleur et la solitude.
Slimane, un des fils de Taos, avait tout pour être heureux. Marié avec Leïla et père de deux garçons, il était propriétaire d'un truck halal avec son ami Boris. Lorsque celui-ci l'entraîne à l'enterrement de son père, Slimane rencontre la veuve et comprend ce que représente l'effacement d'une mère et la solitude d'une veuve.
Séparé, au chômage, empêtré avec ses deux fils adolescents, Slimane ressent le besoin de retrouver sa mère qu'il n'a pas vue depuis huit mois. Pourtant, il redoute ce retour car il sait combien elle va le critiquer. Elle ne supporte pas que son fils soit cuisinier, un rôle de femme!
Malgré les plaintes et les remontrances, Slimane s'accroche à sa promesse. Et il essaie aussi de rallier ses frères et soeurs autour de la mère. Bravant la honte, il emmène cette vieille dame au bonnet afghan au restaurant, faire des courses. Et lui trouve un rendez-vous avec un spécialiste pour la faire opérer de son arthrose. Ensuite, retrouvant un peu de mobilité, oubliant ses douleurs et sa solitude, Taos s'ouvre à la vie.
Pour les enfants, il n'est pas toujours simple de constater que les parents puissent avoir une vie en dehors de la famille. Cette liberté qu'un parent hésite à laisser à son adolescent, un fils ne la concède pas davantage à sa mère.
Et pourtant, Taos a bien mérité un peu de liberté loin des tabous de sa religion, des contraintes de son mariage.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Taos. Et à travers elle, l'évolution d'une mère sacrificielle vers la libération des carcans de ses origines. Avec ces personnages de trois générations différentes,
Magyd Cherfi montre comment la société évolue, comment les enfants d'émigrés s'adaptent mais se perdent aussi parfois entre traditions et intégration.
Si j'ai apprécié l'humour, le style et le mélange entre tendresse sous-jacente et acrimonie familiale ne m'ont pas totalement embarquée dans cette histoire.
Avec cette lecture, je découvre l'auteur, chanteur du groupe toulousain Zebda. En fait, il s'agit ici du premier roman de l'auteur, qui a par la suite connu plusieurs succès littéraires. Il serait peut-être intéressant de continuer ma découverte avec un autre titre.
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