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Après huit mois de « bouderie », Slimane veut retisser un lien avec sa mère, il est temps de la retrouver, de faire la paix avec elle pour partager ce qui lui reste à vivre sans remords.
Une langue parlée, directe, crue, tendre et poétique. Une famille kabyle déchirée et au milieu une mère possessive, injuste et ingrate qui décide de s'émanciper, de s'extirper du naufrage de la vieillesse et de profiter des dernières années de sa vie pour devenir une femme libre de ses faits et gestes.
Un récit sur l'identité à travers le portrait décapant de cette mère qui a tout sacrifié à sa famille. Un roman intime et féministe, un bel hommage, une déclaration d'amour.
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Dans La vie de ma mère, Magyd Cherfi, ex-chanteur de Zebda, raconte l'émancipation d'une femme de quatre-vingt ans et la reconquête d'un amour parental, trop malmené précédemment. C'est enlevé, savoureux et caustique, et parfaitement réussi !

Huit mois que ce fils, cuisinier au chômage, Slimane Kaoui, nouvellement célibataire, n'a pas vu sa mère ! Après un éloignement de sa femme, il héberge ses deux grands fils de temps en temps, Les paroles aigries entre le fils et la mère ont laissés des rancoeurs qui ont poussé chacun à prendre ses distances.

Il faut dire que la fameuse mère a de la ressource : ses mots sont des balles qu'elle envoie pour blesser afin d'éviter d'être atteinte par ceux des autres.

En s'associant avec un ami, dont sa famille lui reproche d'être juif, il a ouvert le premier Food Truck qui a vulgarisé une cuisine issue de ses deux origines comme cet hamburger aux épices du soleil, sorte d'Hallal Burger, comme le suggère la couverture. Une façon de présenter sa préférence qui a fondé tout son engagement, sa vie durant : être français avant d'être Kabyle.

Tendre et drôle
La vie de ma mère est le cheminement d'un fils et de sa mère pour qu'ils s'apprivoisent, se détestent et se redécouvrent afin de permettre à la sincérité de pousser les mots de la tendresse au bord des lèvres. Mais, c'est aussi le récit du chemin que mène une femme, dans les dernières années de sa vie, pour trouver sa liberté et pour développer son libre arbitre afin de l'imposer à ses enfants.

Magyd Cherfi introduit dans le récit de son narrateur suffisamment de truculences, de traits d'humour et de traits acerbes pour que ce duo prennent vie et nous retiennent dans leurs récits. Évidemment, ce narrateur ressemble un peu à son créateur lui-même : la soixantaine bien sonnée, l'embonpoint bien installé et le drapeau français en étendard.

Magyd Cherfi, après avoir poursuivi une nouvelle carrière après le groupe Zebda autour du groupe Toulouse Contour, se consacre aussi à l'écriture. Ses premiers écrits sont des nouvelles. le troisième Ma part de gaulois bénéfici d'un accueil remarqué du public et des critiques puisqu'il figure dans la première sélection du Goncourt 2016. Son adaptation cinématographique sortira en fin janvier de cette année.

En conclusion,
Dans la description des situations vécues, observées et décryptées, les personnages deviennent vivants et terriblement sympathiques. Ces boomers français aux prises avec tous les tiraillements culturels, politiques et sociaux subis sont très intelligemment décrits. Les portraits des frères et soeurs s'entrechoquent dans ce microcosme intime. Associant tirades acides et humour, on frise le burlesque. Les chapitres courts s'enchaînent. Et, le temps passe agréablement !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Après un éloignement de sa mère, Slimane, quinquagénaire divorcé renoue avec elle et les autres membres de sa famille.La reconnexion est difficile, Taos, malade et souffrante déballe son mal être au fils venu la voir et dévoile la vie difficile d'émigrée marocaine qu'elle a eu avec amertume. Un mari violent, de nombreuses grossesses avec des morts-nés, une vie au service des autres et un isolement final, éloignée de ses enfants. La prise de conscience tardive, mais réelle de la détresse de sa mère conduit Slimane à soulager ses souffrances et lui redonner le goût de vivre. L'émancipation de Taos est un réussite qui lui permet d'envisager une nouvelle vie. Un beau roman féministe, une véritable déclaration d'amour.
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Magyd Cherfi chanteur du groupe Zebda rendu célèbre en 1998 par son Tube Tomber la chemise est l'auteur de récits autobiographiques. La vie de ma mère est son premier roman. Et même si c'est un roman, toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existés n'est pas purement fortuite puisque Magyd Cherfi s'est largement inspiré non seulement de sa propre histoire mais aussi de celles de la majorité des immigrés de la seconde génération. Ce livre raconte la vie d'une mère qui alors qu'elle approche la fin de la vie décide de se libérer de tout : du regard des autres, du poids des traditions, du carcan de son rôle de mère sacrificielle, envahissante, excessive, pénible à l'image de certaines mères méditerranéennes. La mère de Magyd Cherfi disait aux profs "si mes enfants échouent, je m'égorge devant vous" (La libre janvier 2024). Les enfants portaient le poids de parents prêts à tout pour que leurs enfants s'intègrent et réussissent.

Slimane, cuisinier, quinqua fraichement séparé, a coupé les ponts avec sa mère depuis 8 mois, et ses relations avec ses frères et soeurs sont lointaines et froides. Mais à la mort du père de Boris, son ami et ancien associé, au moment où il va présenter ses condoléances à la veuve, celle-ci lui répond "Il y a pire que la mort, il y a la vie". Slimane décide alors de rendre visite à Taos, sa mère peu valide qui vit seule dans un petit appartement en banlieue ; il ne la trouve pas au meilleur de sa forme mais sa langue est toujours aussi acerbe. Mère et fils vont essayer d'enterrer la hache de guerre et de prendre ensemble le chemin de la réconciliation et plus surprenant celui de l'émancipation de Taos qui passe, entre autres, par une nouvelle garde-robe. Car Taos veut devenir la femme qu'elle a toujours eu envie d'être, affranchie de ses devoirs de mère, d'épouse berbère, d'immigrée, de voisine.

Un roman d'une grande sincérité qui se lit facilement, qui peut émouvoir parce qu'il traite de la relation entre un fils et sa mère, parce qu'il traite de l'affranchissement d'une femme, pourtant j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire que j'ai lue de loin sans me sentir vraiment concernée.
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Quittant l'autobiographie , l'auteur s'essaie au roman (largement autobiographique cependant, de son aveu même) .Il nous conte les tribulations de Slimane ,enfant d'une cité de Toulouse , devenu cuisinier .La cinquantaine venue (avec deux grands enfants et un couple désuni) il lui prend le désir de renouer avec Taos ,sa mère ,de meilleures relations. Après avoir subi l'orage des reproches , et les exigences tyranniques de la mère terrible rendue amère par la solitude et les maux de l'âge ,l'avoir fait se soigner des séquelles d'une vie de galère ,il va assister (ainsi que ses soeurs et frères médusés et scandalisés ) à l'éclosion d'une femme qu'il ne connaissait pas . Cette accession tardive à la liberté va le confronter à ses propres contradictions , au poids des traditions et des préjugés. Un livre qui cache sous la gouaille et les trouvailles verbales , une grande tendresse mais aussi toute l'inextricable complexité des relations mère-fils , de la condition d'immigré et du traitement des femmes dans un milieu fortement patriarcal.
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C'est un joli texte sur la relation mère-fils mais également sur le désir d'émancipation d'une femme, avec tout ce que cela comporte de défis vis à vis de la société mais également de sa propre famille. Comment se libère-t-on du poids des traditions et des douleurs du passé ? Est-ce que posséder veut dire aimer ?
Famille kabyle, père violent, illetrisme, manque d'amour dans l'enfance et Flaubert ... Une belle réussite pour un 1er roman.
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Si cette mère kabyle n'était qu'un personnage de fiction, on pourrait certainement rire de la caricature que nous en offre Magyd Cherfi. La comédie de cette « tribu rebeu » de cinq enfants, menée d'une main de fer par un père violent et une mère illettrée et irascible serait alors un vrai moment de plaisir.

Mais les adultes qui se sont construits dans le sillage d'une « mère fouettarde et castratrice » n'ont rien d'équilibré et ce n'est pas la maladie de cette femme, devenue veuve, qui leur permettra de faire la paix avec une enfance marqué par le manque d'amour.

Slimane, l'un des 3 fils, cuisinier au chômage, est le narrateur de ce roman qui, en décidant de faire soigner sa mère handicapée, tente de créer des liens qui n'ont jamais existé, au sein de cette famille déchirée par la haine.

Si tout n'est que plainte, reproche ou sentence dans la bouche de sa mère, la surprise de sa guérison pourrait bien redonner un semblant de normalité à cette fratrie qui a reproduit, chacun à sa façon, le traumatisme d'une éducation de frustration.

Magyd Cherfi ne manque pas d'humour pour nous immerger dans le noyau incandescent de cette famille Kaoui aux répliques drôles et acerbes.

Au-delà de la comédie familiale, ce roman nous parle de cette première génération d'immigrés d'Afrique du Nord venus travailler en France et dont les enfants ont tout fait pour s'intégrer à leur nouveau pays. Avec les générations suivantes, on voit apparaître ce que l'auteur appelle « la tectonique des plaques identitaires » générée par une assimilation plus ou moins bien réussie de croyances et de cultures différentes.

Un premier roman entre amertume et humour qui nous interpelle sur les conséquences d'un vécu familial déséquilibré et laisse entrevoir la lueur d'une résilience rendue possible avec le temps.

Pourquoi pas, en tout cas le propos ne peut pas laisser indifférent et cette lecture en est d'autant plus intéressante.
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Je ne sais pas comment évoquer ce roman qui m'a tant émue, parce-que l'histoire est merveilleusement bien écrite, avec des mots choisis minutieusement, des mots qui font des ricochets entre eux. le langage oscille entre un ton soutenu et populaire. Les précautions sémantiques sont délicieuses.
L'auteur, Magyd Chérif, est le parolier du groupe Zebda, son écriture est d'un rythme assumé et entraînant. J'ai lu chaque phrase avec un entrain particulier, la suivante ne pouvant se faire attendre, comme une frénésie à chanter chaque mot.

La vie de ma mère ! C'est l'histoire d'une famille Kabyle, le père n'est plus mais sa violence demeure dans les esprits des cinq frères et soeurs. La mère, elle, s'est laissée absorber par le temps, les événements. Alors quand Slimane décide, après 8 mois de silence, d'aller sonner à sa porte, c'est une mère aux mille maux qu'il trouve avachie sur son fauteuil, la colonne courbée. Et si à travers ses maux, sa mère disait ce qu'elle n'arrive pas à verbaliser ? Cette mère a la carapace dur, aussi coriace que celles de ses enfants. Les chiens ne font pas des chats, il paraît.

Slimane va bousculer chacun pour faire sortir cette famille de sa prison psychique, de leurs antécédents marquants. Et il le fera avec une pudeur tout à fait divine et émouvante. En libérant sa famille des non-dits, il se libère lui-même dans son rôle de père. Il extrait sa mère d'une condamnation maritale, il fait d'elle une figure féminine forte et émancipée.

La puissance de ce livre demeure dans son féminisme engagé, il représente la mère qui est aussi femme, qui se libère des carcans. Tout cela est mêlé à la forte portée religieuse. Pointant du doigt les amalgames profanés, la difficulté d'être entre deux religions : celle dans laquelle la famille s'est enracinée et celle qui prédomine dans le pays de vie.

Un livre tout aussi tendre que vrai et authentique. Une quête d'identité intergénérationnelle que je ne me lasserai pas d'offrir autour de moi.
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C'est un bien chouette roman que "La vie de ma mère !" de Magyd Cherfi. Un roman au plus proche des êtres, de la complexité de leurs liens, des sentiments et de la vie.

Kabyle de deuxième génération, Slimane, le narrateur, semble réunir toutes les conditions pour passer une cinquantaine paisible. Excellent cuisinier, il possède un food-truck, réputé pour l'inventivité de ses burgers halal ; ses deux grands fils s'émancipent peu à peu, loin des cités et de leurs innombrables trafics, tout en gardant une belle complicité avec leur père ; sa femme, dont il est séparé, continue à le soutenir de sa tendresse et de sa compréhension. Oui, la vie de Slimane pourrait être parfaite... Mais voilà qu'après huit mois de silence, il se décide à rendre visite à Taos, sa mère. Et là tout vacille, tout convulse, tout chavire et tout blesse.

Déterminé à être le "bon fils", affamé d'une tendresse maternelle évanouie depuis le temps de l'enfance, Slimane passe outre les rebuffades, les méchancetés, les remarques acerbes et prend en charge les soins nécessaires à Taos, malgré la désapprobation de ses frères et soeurs. Et une métamorphose survient : celle qui était vouée à n'être que leur mère, aliénée à son mari et à sa progéniture, n'ayant d'autre existence que celle de les servir, de s'occuper de leur bien-être, de les aimer sans rien demander en échange, devient une femme volontaire, pleine de vie et d'envies, indépendante, chaleureuse et démonstrative ! Pour les cinq enfants de Taos, c'est un cataclysme et chacun y fait face avec son vécu, ses rancoeurs et son amour refoulé.


C'est avec un ineffable plaisir que je suis entrée dans la famille de Slimane et Taos, que j'ai accompagné ses soubresauts douloureux et le réveil d'une femme longtemps assujettie aux seuls rôles qui lui étaient assignés par d'autres. Magyd Cherfi parvient, avec une infinie subtilité, à disséquer l'écheveau composite des relations filiales ancrées dans une culture et des traditions coriaces. Comme Slimane dans ses recettes, l'âpreté du piment, apportée par les ressentiments de la fratrie, s'entremêle intimement avec la suavité de la fleur d'oranger et de la tendresse retrouvée, pour donner un roman savoureux. Ni concessions, ni mièvreries, dans ce récit d'émancipations mutuelles, mais énormément d'émotions pudiquement suggérées par une écriture dynamique, d'une spontanéité loin de toute affectation. La dureté des situations et des affrontements familiaux est sans cesse contrebalancée par l'humour et l'autodérision dont fait preuve le narrateur, conscient de ses failles et de ses motivations égoïstes.

"Une déclaration d'amour maquillée en bras de fer" affirme le point de vue des éditeurs sur la quatrième de couverture. Je souscris complètement à cette définition en y ajoutant mon propre point de vue : un trésor vivifiant de délicate acuité et d'humanité.
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Entre Slimane et sa mère, une brouille s'est installée. Huit mois sans se parler, sans se voir. Mais pour Slimane, le temps est venu de renouer le lien avec sa mère, de panser les blessures et de construire une nouvelle relation, apaisée. C'est dans ce contexte poignant que se déroule le roman, une ode à l'amour maternel et à la résilience.
Le personnage de la mère est particulièrement complexe. D'un côté, elle est possessive, injuste et ingrate envers son fils. de l'autre, elle aspire à s'émanciper du carcan de la tradition et à profiter de ses dernières années pour vivre une vie libre. Ce tiraillement entre ses devoirs familiaux et ses désirs personnels est au coeur du roman.
A travers le portrait de sa mère, Slimane se confronte à sa propre identité. Il explore les sacrifices consentis par sa mère et questionne son héritage culturel. C'est un voyage initiatique qui le mènera vers une meilleure compréhension de lui-même et de sa place dans le monde.
L'auteur rend un hommage vibrant à sa mère et à toutes les femmes qui ont sacrifié leur vie pour leur famille. C'est un roman féministe qui célèbre la force et la résilience des femmes, et qui appelle à une reconnaissance de leur valeur inestimable.
Le style de l'auteur est saisissant. Il utilise une langue parlée, directe et crue, qui n'hésite pas à explorer les émotions les plus profondes. Mais ce langage cru est contrebalancé par une tendresse et une poésie qui illuminent le récit.
Cette plume vibrante et sincère ne manquera pas de toucher le lecteur. Une lecture incontournable pour tous ceux qui s'interrogent sur les liens familiaux, l'identité et le sens de la vie. J'ai découvert la plume de l'auteur avec ce roman et je suis conquise !
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