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EAN : 9782330186487
Actes Sud (03/01/2024)
3.89/5   65 notes
Résumé :
Après avoir enchanté les lecteurs en réglant leur compte à ses souvenirs et à ses illusions perdues, l'ex-parolier de Zebda s'attaque au "vrai" roman pour raconter une émancipation tardive : celle d'une femme algérienne sacrifiée à sa mission de mère dans une France presque aussi rassie que raciste.
Et comment, pour la rencontrer enfin, son fils - et toute la fratrie - devront apprendre, d'abord, à s'en séparer.
Entre tendresse et cruauté, drôle et pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Après huit mois de « bouderie », Slimane veut retisser un lien avec sa mère, il est temps de la retrouver, de faire la paix avec elle pour partager ce qui lui reste à vivre sans remords.
Une langue parlée, directe, crue, tendre et poétique. Une famille kabyle déchirée et au milieu une mère possessive, injuste et ingrate qui décide de s'émanciper, de s'extirper du naufrage de la vieillesse et de profiter des dernières années de sa vie pour devenir une femme libre de ses faits et gestes.
Un récit sur l'identité à travers le portrait décapant de cette mère qui a tout sacrifié à sa famille. Un roman intime et féministe, un bel hommage, une déclaration d'amour.
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Dans La vie de ma mère, Magyd Cherfi, ex-chanteur de Zebda, raconte l'émancipation d'une femme de quatre-vingt ans et la reconquête d'un amour parental, trop malmené précédemment. C'est enlevé, savoureux et caustique, et parfaitement réussi !

Huit mois que ce fils, cuisinier au chômage, Slimane Kaoui, nouvellement célibataire, n'a pas vu sa mère ! Après un éloignement de sa femme, il héberge ses deux grands fils de temps en temps, Les paroles aigries entre le fils et la mère ont laissés des rancoeurs qui ont poussé chacun à prendre ses distances.

Il faut dire que la fameuse mère a de la ressource : ses mots sont des balles qu'elle envoie pour blesser afin d'éviter d'être atteinte par ceux des autres.

En s'associant avec un ami, dont sa famille lui reproche d'être juif, il a ouvert le premier Food Truck qui a vulgarisé une cuisine issue de ses deux origines comme cet hamburger aux épices du soleil, sorte d'Hallal Burger, comme le suggère la couverture. Une façon de présenter sa préférence qui a fondé tout son engagement, sa vie durant : être français avant d'être Kabyle.

Tendre et drôle
La vie de ma mère est le cheminement d'un fils et de sa mère pour qu'ils s'apprivoisent, se détestent et se redécouvrent afin de permettre à la sincérité de pousser les mots de la tendresse au bord des lèvres. Mais, c'est aussi le récit du chemin que mène une femme, dans les dernières années de sa vie, pour trouver sa liberté et pour développer son libre arbitre afin de l'imposer à ses enfants.

Magyd Cherfi introduit dans le récit de son narrateur suffisamment de truculences, de traits d'humour et de traits acerbes pour que ce duo prennent vie et nous retiennent dans leurs récits. Évidemment, ce narrateur ressemble un peu à son créateur lui-même : la soixantaine bien sonnée, l'embonpoint bien installé et le drapeau français en étendard.

Magyd Cherfi, après avoir poursuivi une nouvelle carrière après le groupe Zebda autour du groupe Toulouse Contour, se consacre aussi à l'écriture. Ses premiers écrits sont des nouvelles. le troisième Ma part de gaulois bénéfici d'un accueil remarqué du public et des critiques puisqu'il figure dans la première sélection du Goncourt 2016. Son adaptation cinématographique sortira en fin janvier de cette année.

En conclusion,
Dans la description des situations vécues, observées et décryptées, les personnages deviennent vivants et terriblement sympathiques. Ces boomers français aux prises avec tous les tiraillements culturels, politiques et sociaux subis sont très intelligemment décrits. Les portraits des frères et soeurs s'entrechoquent dans ce microcosme intime. Associant tirades acides et humour, on frise le burlesque. Les chapitres courts s'enchaînent. Et, le temps passe agréablement !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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C'est d'une plume tendre, dure et piquée d'humour que nous livre ici Magyd Cherfi sa première fiction qui traite du sujet de l'identité quand on est issu de l'immigration et trace un portrait d'une mère maghrébine, toute puissante, abusive, voire castratrice. Il y développe aussi la question du féminisme sous l'angle novateur de l' émancipation tardive et libératrice d'une mère kabyle sacrificielle et possessive. Cette remarquable histoire peut ,bien évidemment , être celle de n'importe quelle famille toutes origines confondues.
C'est lors de l'enterrement du père de son meilleur ami, en écoutant sa veuve s'épancher sur l'ingratitude de son défunt mari à son égard, sur ce qu'elle a vécu auprès de son bourreau de mari , que Slimane comprend qu'il est temps de faire enfin la paix avec sa mère et d'être à ses côtés pour ce qui lui reste à vivre, afin qu'aucun remord ne lui torpille sa vie. Il ne peut laisser son orgueil boursoufflé de bêtise empoisonner le reste de sa vie non plus. A cinquante ans, il se pense assez sage pour pouvoir accepter de ne pas lui faire entendre raison et de se faire pilonner comme aux plus beaux jours de son adolescence. N'est-il pas capable de reconnaître que quelque chose le lie à elle de plus fort que ses tombereaux d'insultes ? Il tente également de reprendre contact avec ses frères et soeurs, ces étrangers perdus de vue au fil des ans, afin que tout comme lui, ils accompagnent leur mère pour ses dernières années. Dès la première visite, après huit mois de bouderie, il retrouve une vieille femme aux prises avec ses rhumatismes et ses douleurs diverses qui ne lui laissent aucun répit et là encore, il hésite entre peine et méfiance. Rompu au chantage affectif il est incompris de ses fils quand au téléphone il prend de la distance avec le flot de plaintes douloureuses de cette mère qui les essore et les use.
Invité chez sa soeur, Soraya, Slimane pose un regard lucide et désenchanté dont découle une profonde réflexion sur la vie de cette dernière, qui adolescente, se rêvait coiffeuse pour finir esclave de son mari et de ses enfants, à l'image de leur mère. Il se met à haïr leurs racines qui décident du destin des femmes, tableau d'un moyen âge à rallonge.
La fratrie tombe dans un abîme d'incompréhension quand , cette mère percluse de douleurs autant qu'enfermée dans ses rancoeurs, après une intervention chirurgicale qui la soulage et du même coup soulage sa conscience , casse les codes et enfin se libère. Hafida, rencontrée au centre de réadaptation gériatrique fait entrer dans la famille un vent d'émancipation qui sidère et encourage la mère et les filles à ne plus avoir peur et à redresser la tête.
Je me suis véritablement sentie happée par ce roman , lu d'une seule traite, tellement bien écrit, qui nous fait passer du sourire aux larmes. On y rencontre un homme, la cinquantenaire, plein de rancoeur envers cette mère avec qui il va tenter de retisser un lien inédit qui le conduira de surprises en surprises jusqu'à se découvrir lui-même.
Nous avons ici le roman plein d'humanité qui nous livre un portrait de femme explosif doublé d'une déclaration d'amour maquillée en bras de fer.
Je recommande vivement ce livre où chacun , invariablement pourra s'y retrouver.
Lu dans le cadre du « Coup de coeur des lectrices ». Je remercie Version Femina ainsi que les Editions Acte Sud.
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Si cette mère kabyle n'était qu'un personnage de fiction, on pourrait certainement rire de la caricature que nous en offre Magyd Cherfi. La comédie de cette « tribu rebeu » de cinq enfants, menée d'une main de fer par un père violent et une mère illettrée et irascible serait alors un vrai moment de plaisir.

Mais les adultes qui se sont construits dans le sillage d'une « mère fouettarde et castratrice » n'ont rien d'équilibré et ce n'est pas la maladie de cette femme, devenue veuve, qui leur permettra de faire la paix avec une enfance marqué par le manque d'amour.

Slimane, l'un des 3 fils, cuisinier au chômage, est le narrateur de ce roman qui, en décidant de faire soigner sa mère handicapée, tente de créer des liens qui n'ont jamais existé, au sein de cette famille déchirée par la haine.

Si tout n'est que plainte, reproche ou sentence dans la bouche de sa mère, la surprise de sa guérison pourrait bien redonner un semblant de normalité à cette fratrie qui a reproduit, chacun à sa façon, le traumatisme d'une éducation de frustration.

Magyd Cherfi ne manque pas d'humour pour nous immerger dans le noyau incandescent de cette famille Kaoui aux répliques drôles et acerbes.

Au-delà de la comédie familiale, ce roman nous parle de cette première génération d'immigrés d'Afrique du Nord venus travailler en France et dont les enfants ont tout fait pour s'intégrer à leur nouveau pays. Avec les générations suivantes, on voit apparaître ce que l'auteur appelle « la tectonique des plaques identitaires » générée par une assimilation plus ou moins bien réussie de croyances et de cultures différentes.

Un premier roman entre amertume et humour qui nous interpelle sur les conséquences d'un vécu familial déséquilibré et laisse entrevoir la lueur d'une résilience rendue possible avec le temps.

Pourquoi pas, en tout cas le propos ne peut pas laisser indifférent et cette lecture en est d'autant plus intéressante.
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Après un éloignement de sa mère, Slimane, quinquagénaire divorcé renoue avec elle et les autres membres de sa famille.La reconnexion est difficile, Taos, malade et souffrante déballe son mal être au fils venu la voir et dévoile la vie difficile d'émigrée marocaine qu'elle a eu avec amertume. Un mari violent, de nombreuses grossesses avec des morts-nés, une vie au service des autres et un isolement final, éloignée de ses enfants. La prise de conscience tardive, mais réelle de la détresse de sa mère conduit Slimane à soulager ses souffrances et lui redonner le goût de vivre. L'émancipation de Taos est un réussite qui lui permet d'envisager une nouvelle vie. Un beau roman féministe, une véritable déclaration d'amour.
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critiques presse (4)
Culturebox
23 avril 2024
Un nouvel exercice d'écriture qu'il explore dans une langue joyeuse, imagée, inventive, pour raconter avec délicatesse la relation d'un quinquagénaire en crise d'identité avec sa mère, et avec le reste de la fratrie. Avec ce beau portrait, il ouvre une fenêtre sur un monde et une communauté riche d'une langue, et d'une histoire transgénérationnelle à partager.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
18 mars 2024
Pour écrire son premier roman, l'écrivain et ancien chanteur de Zebda s'est réconcilié avec la vérité. Sous le patronage de Flaubert, il raconte l'émancipation d'une femme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
31 janvier 2024
L’ancien parolier de Zebda sort son cinquième livre : “La vie de ma mère”. Un bel hommage à Taos. Celle qui l’a aidé à briser le plafond de verre. Et aux autres.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
09 janvier 2024
Grâce à son fils, qui lui sert d’infirmier et de punching-ball, une vieille femme retrouve goût à la vie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Malheur à nous, ce temps d’une mère débordante de salive et de lait avait bel et bien existé, un temps de voix suave qui jurait que nous lui étions plus chers que sa vie, plus tendres que l’aile d’un poulet, plus beaux qu’un tapis de La Mecque.
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“Le problème, c’est qu’on l’a trop laissée faire, elle croit qu’elle est libre. (…)
— Elle ne l’est pas… libre ?
— Me prends pas pour un con, qu’est-ce qu’elle sait de la liberté ? La liberté pour faire quoi ?
— Pour vivre.
— Mais vivre quoi ? Ça me dépasse.”
(…)
Et qu’il a été difficile, après ça, d’intercéder pour maman, de lui trouver des arguments crédibles, une plaidoirie qui m’auraient évité d’être encore plus ridicule. (…) Est-ce que boire un café à l’entrée d’une grande surface en plein ramadan pouvait se défendre ? S’allonger sur un transat, chaussée de lunettes Ray-Ban, était-ce bien raisonnable ? (…) Alors, je me suis risqué : “Pour apprendre, c’est ce qu’elle veut… apprendre.”
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 J’avais cette chance d’adorer mes enfants, m’étais arrangé pour leur plaire à mort, toujours, ne leur répondre que “oui”, c’était facile d’aimer tout en eux justement parce qu’ils ne me ressemblaient en rien, j’avais réussi ça, en faire mes contraires.
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Il aurait dû deviner que j’en soupais des polites­ses qu’on s’impose pour passer pour quelqu’un de bien. Est-ce que les amis ne sont pas ça : des gens qui vous évitent d’être plus faux cul que nature ?  
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De la peine, je savais que j'en avais aussi pour moi, parce qu'arrive un âge on rêvede trêve,, de frères et soeurs, de vrais parents qui bien qu'âgés, nous traiteraient encore en enfants, nous époussetant un peu de poussière sur un revers de manche. Arrive un âge où on réclame des prolongations pour rattraper le retard, un rab pour le goût trop vite passer du sucre et de la margarine. Si nous n'avions pas été aimés, nous nous serions endurcis comme les autres de la cité et je ne serai pas là à exiger d'une mère une caresse ou qu'elle me traite "d'égal à égal". Pas aimés, aurions-nous fait allegeance à la terreur ? Pas aimés, on se serait laissé pousser une barbichette afin d'être haï, c'est ça : être haï pour ce sentir exister, être haï, plaisir de pauvre.
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Videos de Magyd Cherfi (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Magyd Cherfi
Magyd Cherfi : « L’écriture sert à régler des comptes. »
Après avoir exploré l’autofiction avec « Ma Part de Gaulois » (2016), succès public et critique, ou « La Part du Sarrasin » (2020), l’écrivain et chanteur signe un premier roman, « La Vie de ma mère ! » (Actes Sud). Entre tendresse et humour corrosif, l’ex-voix et parolier du groupe Zebda dépeint avec justesse l’émancipation sur le tard d’une femme qui a dévoué sa vie aux autres : Taos, une mère sacrificielle. Son affranchissement va bouleverser sa famille, et notamment son fils Slimane, le mettant face à ses névroses et à ses propres carcans. Telle une comédie familiale enlevée, ce roman pointe, à travers l’intime, le poids du patriarcat, le déchirement de l’exil, et les tiraillements identitaires.
(vidéo postée le 29/01/24 par @afriquemagazine )
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