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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après huit mois de « bouderie », Slimane veut retisser un lien avec sa mère, il est temps de la retrouver, de faire la paix avec elle pour partager ce qui lui reste à vivre sans remords.
Une langue parlée, directe, crue, tendre et poétique. Une famille kabyle déchirée et au milieu une mère possessive, injuste et ingrate qui décide de s'émanciper, de s'extirper du naufrage de la vieillesse et de profiter des dernières années de sa vie pour devenir une femme libre de ses faits et gestes.
Un récit sur l'identité à travers le portrait décapant de cette mère qui a tout sacrifié à sa famille. Un roman intime et féministe, un bel hommage, une déclaration d'amour.
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Après un éloignement de sa mère, Slimane, quinquagénaire divorcé renoue avec elle et les autres membres de sa famille.La reconnexion est difficile, Taos, malade et souffrante déballe son mal être au fils venu la voir et dévoile la vie difficile d'émigrée marocaine qu'elle a eu avec amertume. Un mari violent, de nombreuses grossesses avec des morts-nés, une vie au service des autres et un isolement final, éloignée de ses enfants. La prise de conscience tardive, mais réelle de la détresse de sa mère conduit Slimane à soulager ses souffrances et lui redonner le goût de vivre. L'émancipation de Taos est un réussite qui lui permet d'envisager une nouvelle vie. Un beau roman féministe, une véritable déclaration d'amour.
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Quittant l'autobiographie , l'auteur s'essaie au roman (largement autobiographique cependant, de son aveu même) .Il nous conte les tribulations de Slimane ,enfant d'une cité de Toulouse , devenu cuisinier .La cinquantaine venue (avec deux grands enfants et un couple désuni) il lui prend le désir de renouer avec Taos ,sa mère ,de meilleures relations. Après avoir subi l'orage des reproches , et les exigences tyranniques de la mère terrible rendue amère par la solitude et les maux de l'âge ,l'avoir fait se soigner des séquelles d'une vie de galère ,il va assister (ainsi que ses soeurs et frères médusés et scandalisés ) à l'éclosion d'une femme qu'il ne connaissait pas . Cette accession tardive à la liberté va le confronter à ses propres contradictions , au poids des traditions et des préjugés. Un livre qui cache sous la gouaille et les trouvailles verbales , une grande tendresse mais aussi toute l'inextricable complexité des relations mère-fils , de la condition d'immigré et du traitement des femmes dans un milieu fortement patriarcal.
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Si cette mère kabyle n'était qu'un personnage de fiction, on pourrait certainement rire de la caricature que nous en offre Magyd Cherfi. La comédie de cette « tribu rebeu » de cinq enfants, menée d'une main de fer par un père violent et une mère illettrée et irascible serait alors un vrai moment de plaisir.

Mais les adultes qui se sont construits dans le sillage d'une « mère fouettarde et castratrice » n'ont rien d'équilibré et ce n'est pas la maladie de cette femme, devenue veuve, qui leur permettra de faire la paix avec une enfance marqué par le manque d'amour.

Slimane, l'un des 3 fils, cuisinier au chômage, est le narrateur de ce roman qui, en décidant de faire soigner sa mère handicapée, tente de créer des liens qui n'ont jamais existé, au sein de cette famille déchirée par la haine.

Si tout n'est que plainte, reproche ou sentence dans la bouche de sa mère, la surprise de sa guérison pourrait bien redonner un semblant de normalité à cette fratrie qui a reproduit, chacun à sa façon, le traumatisme d'une éducation de frustration.

Magyd Cherfi ne manque pas d'humour pour nous immerger dans le noyau incandescent de cette famille Kaoui aux répliques drôles et acerbes.

Au-delà de la comédie familiale, ce roman nous parle de cette première génération d'immigrés d'Afrique du Nord venus travailler en France et dont les enfants ont tout fait pour s'intégrer à leur nouveau pays. Avec les générations suivantes, on voit apparaître ce que l'auteur appelle « la tectonique des plaques identitaires » générée par une assimilation plus ou moins bien réussie de croyances et de cultures différentes.

Un premier roman entre amertume et humour qui nous interpelle sur les conséquences d'un vécu familial déséquilibré et laisse entrevoir la lueur d'une résilience rendue possible avec le temps.

Pourquoi pas, en tout cas le propos ne peut pas laisser indifférent et cette lecture en est d'autant plus intéressante.
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C'est un bien chouette roman que "La vie de ma mère !" de Magyd Cherfi. Un roman au plus proche des êtres, de la complexité de leurs liens, des sentiments et de la vie.

Kabyle de deuxième génération, Slimane, le narrateur, semble réunir toutes les conditions pour passer une cinquantaine paisible. Excellent cuisinier, il possède un food-truck, réputé pour l'inventivité de ses burgers halal ; ses deux grands fils s'émancipent peu à peu, loin des cités et de leurs innombrables trafics, tout en gardant une belle complicité avec leur père ; sa femme, dont il est séparé, continue à le soutenir de sa tendresse et de sa compréhension. Oui, la vie de Slimane pourrait être parfaite... Mais voilà qu'après huit mois de silence, il se décide à rendre visite à Taos, sa mère. Et là tout vacille, tout convulse, tout chavire et tout blesse.

Déterminé à être le "bon fils", affamé d'une tendresse maternelle évanouie depuis le temps de l'enfance, Slimane passe outre les rebuffades, les méchancetés, les remarques acerbes et prend en charge les soins nécessaires à Taos, malgré la désapprobation de ses frères et soeurs. Et une métamorphose survient : celle qui était vouée à n'être que leur mère, aliénée à son mari et à sa progéniture, n'ayant d'autre existence que celle de les servir, de s'occuper de leur bien-être, de les aimer sans rien demander en échange, devient une femme volontaire, pleine de vie et d'envies, indépendante, chaleureuse et démonstrative ! Pour les cinq enfants de Taos, c'est un cataclysme et chacun y fait face avec son vécu, ses rancoeurs et son amour refoulé.


C'est avec un ineffable plaisir que je suis entrée dans la famille de Slimane et Taos, que j'ai accompagné ses soubresauts douloureux et le réveil d'une femme longtemps assujettie aux seuls rôles qui lui étaient assignés par d'autres. Magyd Cherfi parvient, avec une infinie subtilité, à disséquer l'écheveau composite des relations filiales ancrées dans une culture et des traditions coriaces. Comme Slimane dans ses recettes, l'âpreté du piment, apportée par les ressentiments de la fratrie, s'entremêle intimement avec la suavité de la fleur d'oranger et de la tendresse retrouvée, pour donner un roman savoureux. Ni concessions, ni mièvreries, dans ce récit d'émancipations mutuelles, mais énormément d'émotions pudiquement suggérées par une écriture dynamique, d'une spontanéité loin de toute affectation. La dureté des situations et des affrontements familiaux est sans cesse contrebalancée par l'humour et l'autodérision dont fait preuve le narrateur, conscient de ses failles et de ses motivations égoïstes.

"Une déclaration d'amour maquillée en bras de fer" affirme le point de vue des éditeurs sur la quatrième de couverture. Je souscris complètement à cette définition en y ajoutant mon propre point de vue : un trésor vivifiant de délicate acuité et d'humanité.
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Entre Slimane et sa mère, une brouille s'est installée. Huit mois sans se parler, sans se voir. Mais pour Slimane, le temps est venu de renouer le lien avec sa mère, de panser les blessures et de construire une nouvelle relation, apaisée. C'est dans ce contexte poignant que se déroule le roman, une ode à l'amour maternel et à la résilience.
Le personnage de la mère est particulièrement complexe. D'un côté, elle est possessive, injuste et ingrate envers son fils. de l'autre, elle aspire à s'émanciper du carcan de la tradition et à profiter de ses dernières années pour vivre une vie libre. Ce tiraillement entre ses devoirs familiaux et ses désirs personnels est au coeur du roman.
A travers le portrait de sa mère, Slimane se confronte à sa propre identité. Il explore les sacrifices consentis par sa mère et questionne son héritage culturel. C'est un voyage initiatique qui le mènera vers une meilleure compréhension de lui-même et de sa place dans le monde.
L'auteur rend un hommage vibrant à sa mère et à toutes les femmes qui ont sacrifié leur vie pour leur famille. C'est un roman féministe qui célèbre la force et la résilience des femmes, et qui appelle à une reconnaissance de leur valeur inestimable.
Le style de l'auteur est saisissant. Il utilise une langue parlée, directe et crue, qui n'hésite pas à explorer les émotions les plus profondes. Mais ce langage cru est contrebalancé par une tendresse et une poésie qui illuminent le récit.
Cette plume vibrante et sincère ne manquera pas de toucher le lecteur. Une lecture incontournable pour tous ceux qui s'interrogent sur les liens familiaux, l'identité et le sens de la vie. J'ai découvert la plume de l'auteur avec ce roman et je suis conquise !
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Slimane, le fils cuisinier quinquagénaire -qui fait la cuisine aux yeux de Taos sa mère, émigrée de la première génération, ces deux personnages principaux du roman vont nous faire vivre une vraie petite saga familiale, truculente, avec l'accent de là-bas (la Kabylie) et les odeurs de coucous en sus. C'est bien fait, super agréable à lire même si nous ne sommes pas à la même échelle que les sagas familiales que peut nous livrer un Pierre Lemaitre, il faut avouer que c'est une belle surprise de la rentrée littéraire de janvier, c'est pimpant, c'est frais, bon petit bémol, seulement deux petites journées de plaisir. Je vous le conseille et dites-moi ce que vous pensez.
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Magyd Cherfi nous propose un très beau roman sur la libération tardive d'un mère maghrébine-sa mère ? - Après avoir passé sa vie au service de sa famille, son mari violent et ses 6 enfants, elle découvre petit à petit les plaisirs de la vie au fil des rencontres qu'elle va faire dans les centres de soins où son fils et ses médecins la confinent. Magyd Cherfi a su trouver un style très direct et juste pour conter cette histoire pleine d'un amour souvent difficile à exprimer.
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Alors qu'il assiste aux obsèques du père de son meilleur ami, Slimane regrette de ne plus être allé rendre visite à sa propre mère depuis huit mois.

Il lui faut bien reconnaître qu'à cinquante ans passés, il ne supportait plus les jérémiades, les reproches, les plaintes de celle-ci. Mais taraudé par la crainte qu'elle puisse bientôt quitter ce monde, il décide de renouer avec elle, et du même coup avec ses frères et soeurs.

Ce ne sera pas chose aisée, sa mère étant particulièrement aguerrie au chantage affectif et se plaignant de douleurs physiques invalidantes.

Mais Slimane, qui n'a plus de travail, deux fils adolescents et une épouse qui met sur pause leur vie commune pour se donner le temps de la réflexion quant à l'avenir de leur couple, tiendra bon.

Ce que j'ai aimé dans ce roman : les portraits des membres de la famille, les relations entre eux, leur mode de fonctionnement qui diffère de celui de la famille française lambda, l'évolution de la mère et l'ajustement que ses enfants sont obligés de faire pour la comprendre et accepter son changement, son envie de profiter un peu de la vie maintenant.

Un bon moment de lecture.
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"J'ai pensé à maman, à l'idée qu'elle meure sans que je sois là, sans qu'elle ait vidé son sac. [...] je te connais pas, m'man, et je suis déjà vieux, faut que je sache qui tu es, [...]. Parle-moi de toi, fais-moi souffrir mais dis-moi des vérités, j'ai besoin de savoir qui je suis"

Lors de l'enterrement du père de son meilleur ami, Slimane cinquante ans, cuisinier de burgers halal fraîchement divorcé et sans travail, prend conscience de la nécessité de renouer le lien avec sa propre mère qu'il n'a pas vue depuis huit mois. Mais cela n'est pas si simple car Taos est loin d'être facile, entre les douleurs de la vieillesse et le ressentiment, le quotidien avec elle s'avère rude.

Écrit par la voix et le parolier du groupe Zebda, "La vie de ma mère" est un roman qui, à travers une relation mère-fils houleuse, raconte le poids des traditions et la difficulté à s'en départir, l'intégration plus ou moins réussie et la famille qu'on n'a pas choisie.
Tout commence avec ce fils prêt à tout pour redorer son blason auprès de sa mère et l'aider à traverser l'ingratitude de la vieillesse. Mais la mère en question s'avère peu encline à y mettre du sien. Acariâtre, vexante et dure, difficile de la supporter, d'ailleurs les frères et soeurs de Slimane ont lâché l'affaire. C'est dans une ambiance tendue où chacun règle ses comptes à bout portant que Taos finit par intégrer un centre de rééducation suite à une opération. Cette opération et ce séjour vont marquer un tournant inespéré dans sa vie. En plus de lui permettre de remarcher, ils lui ouvrent la voie de la liberté, cette liberté qui lui a été interdite par le mariage, les maternités et le poids des traditions algériennes. Commence alors un autre combat pour les enfants notamment pour les fils, accepter de perdre la mère sacrificielle et soumise qu'ils ont  toujours connue, accepter que leur mère soit avant tout une femme.
J'ai trouvé ce roman très riche aussi bien dans le fond que dans la forme. "La vie de ma mère" est en premier lieu le chemin tardif et semé d'embûches vers la liberté d'une femme écrasée par sa vie de mère et d'épouse. C'est aussi l'histoire d'une famille issue de l'immigration qui oscille entre les traditions du pays d'origine et la vie à la française, des individus en quête d'une identité difficile à trouver.
Menée par une plume tantôt élégante tantôt prosaique, l'histoire de Slimane et de sa famille est à la fois truculente et touchante. Un très beau portrait de femme avec une vraie portée féministe.

Merci à Babelio et à Actes Sud pour cette belle découverte.
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