Solène et Nicolas sont en instance de divorce. Avec ce que ça peut comporter de règlements de compte, de disputes et de coups bas. Alors que leur fillette de 5 ans, Anais, doit se rendre chez son père le lendemain, elle disparait en pleine nuit. La police, aussitôt prévenue, prend l'enquête en main et les parents sont sommés de rester ensemble au domicile de l'enfant dans l'attente de nouvelles des investigations. Les heures qui s'en suivront vont être difficile pour le couple séparé, elles seront l'occasion de se déchirer encore et encore. Ce pourrait-il qu'elles puissent également les rapprocher ?
Un roman court, qu'on ne peut plus lâcher quand on en a commencé la lecture.
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C'est une nouvelle découverte. J'ai aimé cette histoire courte mais dense, rythmée, au style incisif voire acerbe.
Anaïs est une fillette de cinq ans, dont les parents séparés se déchirent pour obtenir sa garde : au programme, coups bas, accusations, humiliations, batailles d'avocats.
Une nuit, chez sa mère, la veille de partir chez son père, Anaïs disparaît : fugue ? enlèvement ? Les parents, entre méfiance l'un envers l'autre et union dans l'adversité, vont devoir vivre des heures d'angoisse avant de la retrouver : elle voulait rejoindre « son amoureux ».
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Solène ne supporte pas de ne pas être tenue au courant en temps et en heure de l’endroit où est sa fille, ce qu’elle fabrique avec sa « belle-mère », si elle s’égratigne les genoux, comment, pourquoi, si elle fait une blague et que personne ne l’écoute, si elle a des moustaches de Nutella, si elle colle des coquilles de pistache sur ses ongles pour faire joli, si elle a du chagrin, un rhume ou tout simplement une envie de serrer sa maman contre elle alors qu’on lui explique qu’il faut qu’elle soit raisonnable. Solène ne supporte pas l’ignorance à laquelle on l’astreint. Cet état d’impuissance permanent, ce « ne pas être là », ce « laisser-faire » qui l’exclut du meilleur de la vie. (p. 72)
Elle abandonne son enfant aux terreurs nocturnes, elle qui aimerait tant l’inviter dans son lit, jacasser et pouffer jusqu’au matin en écoutant son imagination l’emmener ailleurs, loin, si loin de leur maison silencieuse. Mais les bonnes mères raisonnent, plissent le front, haussent le ton et ordonnent le calme après le câlin du soir. (p. 6)
Elle soulève la couette avec délicatesse pour déplacer le petit corps endormi, lorsque soudain ses précautions se figent. Solène s’interrompt net, d’abord interdite, inerte, avant de se mettre à secouer le sommier, à traquer, à s’affoler vraiment. La pièce tourne, ses yeux se perdent et sa main s’accroche instinctivement au poignet de Ticki, l’ours en peluche abandonné sur le lit. En un instant les murs de la chambre mauve, le tapis de jeu jaune et vert, l’armoire rose…toutes les couleurs se superposent pour se confondre en un arc-en-ciel d’angoisse stupéfiant, un camaïeu de douleur qui la terrasse. Solène n’articule pas, ne bouge pas. Elle cherche une issue, une explication, incapable d’énoncer ce constat simple, indéniable pourtant : Anaïs a disparu !
Pas de mort d’homme, pas de blessure, pas de souci, lui a-t-on affirmé. Sa fille s’est simplement octroyé une fantaisie sans penser à mal. Elle croit encore si fort à l’amour qu’elle est allée retrouver son chevalier servant au milieu de la nuit. Voilà son seul tort, son unique tort, qui a déclenché la mobilisation massive d’adultes apeurés sans qu’aucun d’entre eux, pas un, pas une, n’envisage ce cas d’école. Personne n’a songé qu’Anaïs puisse attraper son doudou, glisser son livre de princesses dans son sac à dos avec une paire de chaussettes, puis se carapater sur les pointes, hop, ni vue ni connue, en direction de l’âme sœur. Attendre le lundi pour revoir son amoureux paraissait long, interminable, inenvisageable à dire vrai.
Solène dévisage l’homme blond aux tempes clairsemées. Ennemi ou allié ? La croit-il malade, dépassée, incohérente ? A-t-il pris ses allégations sur le kidnapping pour les affabulations de femme meurtrie ou considère-t-il cette piste comme une hypothèse recevable ? Est-il père lui-même ? Mesure-t-il la plaie que chaque instant loin d’un enfant creuse sans répit ? Est-il un bon enquêteur, intuitif et rusé ou un simple agent borné au rôle de médiateur ?
Interview Fanny Chesnel par Bénédicte (@au.fil.des.livres)