Les enténébrés

Voici un livre que je qualifierais de typiquement "néo-bourgeois". Il y a des néo-bistrots et je crois qu'il y a les néo-bourgeoises et les néo-bourgeois. Elles (et ils) sont progressistes comme on était de bonnes chrétiennes autrefois. Tout d'abord, le style est nul. C'est à dire qu'il n'existe pas. C'est écrit en français, mais lourdement et ça explique ce que ça veut montrer et ce que ça veut dire ! Et justement, ça veut dire et trop en dire ! C'est un livre bourgeois typique des élites intellectuelles de notre pays. On y trouve tous les clichés et d'abord celui de Madame, son mari et son amant. C'est du boulevard mais attention, ça prétend être plus que ça !!! Evidemment, le reste du monde, ce sont les "victimes" et la souffrance - par procuration rassurez-vous les filles - qu'éprouve Madame devant le spectacle de, dans l'ordre ou le désordre peu importe : le dérèglement climatique, les migrants, les injustices diverses et variées. J'imagine qu'écrit avant le corona virus, elle aurait ajouté les féminicides, et depuis le coronavirus, les pandémies et les dysfonctionnements de nos états ultra-libéraux, etc. Bref, un fourre-tout idéologique où on sent qu'elle veut être dans ce que de mon temps on appelait le mainstream, le courant dominant de son milieu. Car voyez-vous es filles, Madame veut au fond, être respectable ! RES-PEC-TABLE. ! le frisson de sa transgression à savoir son adultère - je ne plaisante pas, on en est revenue là, chez nos bourgeoises et leurs mecs - représente une énième souffrance morale implicite ouvrant le gouffre de ses interrogations. Franchement les filles, vous n'avez pas envie de revêtir vos gilets jaunes pour aller montrer un peu de la vraie littérature à nos néo-bourgeoises ? Allez-, je retourne à Virginia Woolf par exemple, une bourgeoise elle aussi ! Mais qui a su transgresser sa classe sociale par l'écriture et la lucidité de ce qu'elle était et voulait devenir - je vous conseille les métamorphoses d'Orlando -, non pas l'auto-satisfaction geignarde de Madame Sarah Chiche et et les siens, les néo-bourgeois "progressistes" de son milieu !!!

Il y a des livres qui n'ont pas de chance. Ils arrivent après. Après le bouleversant, celui qui vous a ému, celui qui vous fait hésiter (et Dieu c'est que c'est rare) à en ouvrir un autre parce que vous savez que vous serez déçu. J'ai bien peur que "Les enténébrés" tiennent cette place là dans ma bibliographie personnelle. Trop d'autobiographie/biographie, trop de mères folles, trop de relations mère/fille qui ressemblent au pas d'un marin sur un chalutier pris dans la tourmente. Il arrive trop peu de temps après "Fugitive parce que reine" pour que je n'en remarque pas les similitudes et les manques du second. A commencer par le résumé (mais qui a fait ça !?) qui n'est pas du tout fidèle à l'histoire et n'évoque qu'à demi-mot ce qui au fond constitue le noyau de ce livre le rapport à une mère dont la raison est partie en ballade pour ne jamais revenir si tant est qu'elle ait été là un jour. Moi qui croyais lire une histoire d'adultère... Au demeurant tout n'est pas à jeter les passages qui au final ne parle ni adultère ni de sa mère sont plutôt bien écrits et intéressants. le problème c'est qu'ils sont noyés au milieu d'envolés lyriques fatigantes sur des sentiments amoureux ou de pseudo transcription littéraire d'état psychique délétère. Au début j'ai sauté des pages, j'ai fini par sauter la fin.
A noter que l'évocation de l'homosexualité féminine y est plutôt anecdotique.