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3,51

sur 360 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un roman, organique, à fleur de peau. Elle est très bien écrite cette histoire douloureuse. L'auteur est très affectée par les déchirements de sa famille, qui a du abandonner l'Algérie en catastrophe lors de la guerre d'indépendance, et la perte successive de ses proches, à en être à un moment psychiquement notoirement perturbée. Cela donne lieu à de très belles phrases, pleines de hargne, de désarroi et de poésie. Mais c'est une affaire trop personnelle, trop triste et trop débordante d'affect pour susciter mon plein intérêt. Reste le style et c'est déjà beaucoup.
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#RentréeLittéraire9
Après un prologue relatant la fin de vie d'un homme entouré des siens, le premier chapitre du livre met en scène la narratrice – sur le point de donner une conférence à Genève – qui se fait approcher par une femme, prétendant avoir bien connu son père lorsqu'il était jeune. de là démarre tout le récit, la narratrice nous glisse, d'un coup d'un seul, dans l'enfance de son père en Algérie et nous emmène, tel un tourbillon, à travers les années au fil des pages.
Harry enfant, Harry adolescent exilé en France, Harry tentant de se construire un avenir autre que celui tracé par sa famille de médecins, Harry et Eve – son grand amour – et, enfin, Harry père qui, malheureusement, meurt dans des circonstances tragiques… laissant derrière lui cette enfant de 15 mois.
Ce livre est donc également l'histoire de cette enfant qui peine à se construire dans cette absence, dans cette histoire familiale compliquée, dans le deuil.
J'ai énormément apprécié l'écriture de Sarah Chiche, sans nul doute fortement inspirée par sa formation de psychanalyste, qui fait transparaître les fêlures des différents personnages, non seulement, à travers les mots mais, également, via le langage non-verbal, leurs attitudes et leurs comportements.
A noter que, tout comme Lola Lafon et Carole Martinez (livres lus récemment), Sarah Chiche est également nominée au Prix Goncourt 2020, à juste titre selon moi. :-)
Lien : https://letempslibredenath.w..
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C'est une histoire qui commence par une déchirure, un événement tragique scellant la destinée de la narratrice, alors enfant et qui ne comprend pas encore le monde des adultes. Tout s'agite autour d'elle. Des voix impératives, des cris, des médecins aux blouses blanches ayant des gestes précis, du sang, ensuite un grand silence. Elle flotte pendant des années. Puis, elle atteint l'âge des "réglements de compte" sur l'arbre généalogique. Elle rejoint la forêt. Elle doit grimper sur l'arbre pour trouver sa place. Elle essaie. Elle tombe. Elle se relève, retrousse ses manches, ressaie à nouveau et tombe. Mais elle n'abandonne pas. Elle s'accroche à une branche.

Comment se retrouver sur l'arbre généalogique sans casser les branches trop expensives ?

Peut-on vraiment aimer des gens qui se détestent entre eux ?

En remontant plus loin dans l'histoire familiale: l'Algérie au temps du FNL et la France soixante-huitarde; la narratrice nous amène dans un tourbillon de drames, de larmes et de choix difficiles vécus par des personnages les uns plus singuliers que les autres.

Le grand-père est un homme-Phoenix qui renaît de ses cendres malgré les pertes de la guerre et fait couler l'argent à flot à travers ses cliniques privées.
Le père, un homme au destin broyé par les ambitions familiales, rencontre la mère de la narratrice giflée par la vie, et tous deux s'enfoncent dans les marges. L'oncle fait de l'ombre au père et la grand-mère disparaît dans son rôle jusqu'à ce que....

Texte bouleversant, suffoquant, et presqu'incendiaire mais on y sort vivant.
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Tout ce que je pourrais dire de ce roman sauvagement lumineux a déjà été dit.
Je veux juste préciser que j'ai tour à tour compati, admiré, frémi et même ri au long des périples des différents protagonistes. le "mauvais' fils a rencontré la "divine" mère, un tantinet étrange, quand même. le parcours de la fille issue de ce couple, qui commence avec le décès prématuré d'un père qu'elle n'a pas eu le temps d'aimer semble bien suivre un chemin tout aussi chaotique. Cependant, au bord du gouffre, l'écriture lui permet de contourner les obstacles et nous offre un récit positif, attachant, voire bouleversant.
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L'histoire : on entre dans le roman de manière très musclée, avec l'agonie puis la mort par leucémie de Harry, le père de notre narratrice. Elle est alors encore un bébé, et sera donc élevée par sa mère et la famille de son père, longue lignée de médecins venus d'Algérie, et ayant réussi à rebâtir en métropole l'empire médical qu'ils y avaient laissé. La narratrice nous raconte d'abord l'histoire de son père, puis l'amour de ses parents, la façon dont ça ne cadrait pas avec le roman familial, nous dit tout le poids que cela représente, fuit aussi tout cela. Jusqu'à ce que ça la rattrape au détour du décès de sa grand-mère. Alors tout revient, remonte à la surface, et elle nous raconte la chute, ce pesant double deuil dévastateur, absurde, contradictoire et impossible.



Mon avis : un roman que j'ai eu du mal à cerner au début, je comprenais mal où elle voulait en venir. Et pour cause, je n'aurais jamais imaginé ça, tant tout est d'abord dit avec des détours. La plongée ne vient qu'ensuite, presque soudaine. le récit plus personnel a été déstabilisant pour moi, car très éloigné de mes propres mécanismes de pensée. Et justement, j'ai bien aimé la façon qu'a l'autrice de mettre à notre portée ce qu'elle veut nous expliquer, nous faire partager tout en nous en protégeant émotionnellement, elle nous offre l'intime de sa chute sans nous y faire plonger avec elle, nous laisse à notre place de spectateurs, sans jamais aller vers le pathos ni la plainte, sans nous tendre la main, juste en partageant, une belle performance. du coup, j'ai apprécié de comprendre mieux "de l'intérieur", de la suivre un peu, d'accepter sa façon de fonctionner et sa douleur qu'elle sait bien mettre en mots.

Un roman puissant, et subtilement original, tant par le style que par le sujet.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Un roman, auto-fiction, sur la famille de l'auteure.
Sa famille paternelle originaire d'Algérie, est une grande famille de médecins, riche et unie. L'indépendance les amène en France, ils ont tout perdu. Mais ils reconstruisent, leur notoriété, leurs cliniques, leur fortune, mais pas leur famille. Les deux fils se déchirent, l'un sera le digne héritier, médecin, directeur de clinique, l'autre, Harry, ne veut rien de tout cela, il délaisse les études de médecine, il sera artiste, écrivain peut-être. Et il tombe amoureux. Eve est incroyablement belle, libre, fantasque. de cette union naît une petite fille. Puis l'horreur survient, Harry est malade et meurt à 34 ans.
La scène d'ouverture raconte la famille autour du lit du mourant, ses derniers instants. La première partie est consacrée à la famille, et la seconde à l'enfant, cette petite fille de 15 mois qui n'aura aucun souvenir de son père, mais un manque atroce, et qui va devoir se débattre au milieu de la peine des adultes, de leurs querelles, de leurs mensonges et de leurs différences.
Voici un livre et des personnages attachants, émouvants, cruels, où l'histoire s'écrit parfois avec un grand H. Mais c'est surtout l'histoire d'un long chemin de croix pour cette enfant, cette jeune fille en souffrance, et cette femme qui aide les autres puisqu'elle est devenue psychologue.
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Né dans une riche famille de médecins exilée en France après l'indépendance de l'Algérie, Harry meurt d'une leucémie à trente-quatre ans, laissant Sarah, une petite fille de quinze mois et Eve, sa sulfureuse épouse qui est loin de satisfaire aux exigences matrimoniales du clan familial.
Hantée par la perte et le deuil de ce père qui ne vit que dans les souvenirs de son entourage, la narratrice sombre dans dépression extrême, frôlant la mort. Elle entreprend l'écriture de ce roman comme un salut, un retour à la vie et un hommage au père.

« Saturne, c'est la planète de l'automne et de la mélancolie ». Ça pourrait aussi être le nom de l'endroit où elle écrit, se réfugiant dans les pages qu'elle rédige, protégée par leurs caractères, s'efforçant de (sur)vivre au deuil qui « ne cesse jamais ».

Dans une plume mélancolique, envoûtante, le récit revisite par des flash-backs, des confessions ou des réflexions, la douloureuse descente aux abymes d'une jeune femme au lourd héritage.
Un exil, des pertes, des animosités, une rupture familiale, de la maltraitance, autant d'évènements sur lesquels elle se construit claudicante jusqu'à la chute.
Puis le processus d'écriture, comme une convalescence, un retour aux origines dans une plume élégante, riche, captivante.

Bouleversant

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✨ « Saturne » pourrait tenir en équilibre, à la seule force de son prologue et de ses derniers chapitres.
Ces pages sont un soleil noir.
Quand Baudelaire prenait de la boue pour en faire de l'or, Sarah Chiche alchimise un goudron bien particulier - celui de la dépossession ( de soi, de la vie, des aimés) - et le transmue en écriture.

✨ Entre le prologue aux images choc et le « Tout est splendide » final, il y a un cheminement, l'histoire d'une tragédie : l'exil, la haine, la guerre, l'argent - qui emprisonne, qui contraint, qui prive de la liberté d'être -, la passion dévorante, l'urgence à aimer et à désirer, Éros et Thanatos, le manque, la folie, la dépression, la transgression aussi.

✨ Style souvent fiévreux que celui de Sarah Chiche, qui, parfois, abolit la grammaire et la ponctuation, pour mieux donner à voir le flot chaotique de la pensée , pour mieux nous attirer au bord de la folie et de la création...avant d'atteindre l'autre rive - apaisée, mélancolique et heureuse...à sa façon.
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Dans ce roman à la forme autobiographique, Sarah Chiche raconte moins sa propre histoire qu'elle ne rapporte l'expérience collective du deuil par un “je” désubjectivé. Néanmoins, ce deuil est particulier, c'est le deuil d'un père que la narratrice n'a connu qu'à un âge sans souvenir. le très jeune âge, l'absence à l'enterrement, le manque de communication familiale liée à une brisure font obstacles au deuil ; deuil fantôme qui emporte la narratrice pourtant vivante, jusqu'au tombeau familial.

Le statut de la narratrice est original et perturbateur. Fille d'Harry, elle raconte avec précision et omniscience ce qu'il s'est passé quand elle était bébé et avant sa naissance. Elle dresse le portrait du père : son enfance, sa jeunesse étudiante à la fac de médecine, son histoire d'amour avec sa mère, et les rivalités familiales… Elle y ajoute le portrait de sa génitrice : femme ambivalente à la fois captivante, splendide, perdue et instable. Ces tableaux voulant représenter des êtres figés de la manière la plus vivante possible, mélangent travail d'archives et imaginaire. La narratrice se cherche et s'efface simultanément devenant un personnage spectral qui n'existe qu'à travers l'expérience de son récit.

Si vous voulez en lire plus, rdv sur mon blog
Lien : https://lesrelecturesdolga.w..
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Ce livre, dédié aux vulnérables et aux endeuillés, n'est pas un roman, ni même une fiction. N'y cherchez ni structure ni intrigue. C'est une autobiographie fantasmagorique qui a une vérité plus intérieure, psychologique, inconsciente, qu'une vérité historique et factuelle. C'est surtout un texte très touchant qui nous livre sans pudeur et sans tabous l'intime vérité, ou la vérité intime, de son autrice. Bouleversant, frappant, intrigant, il fait partie de cette littérature qui témoigne, bouscule et transforme.
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