La comtesse de Choiseul-Meuse est issue de la bonne société d'Ancien Régime ; même écrit sous l'Empire,
Entre chien et loup a un parfum légèrement daté, suranné, puisqu'il évoque le libertinage des aristocrates d'avant la Révolution. Ce n'est cependant pas l'écriture de
Sade, rien de cru, n'explicite, ni de violent. Ce n'est pas non plus Laclos avec les manipulations entre personnages.
Non, ici, des femmes du haut monde échangent entre elles des confidences amoureuses, pendant que les maris sont parti plusieurs jours. L'atmosphère des brumes de début d'automne et les soirées du crépuscule qui dissimilent les visages et les rougeurs permettent à chacune d'avouer qu'elle est moins prude et moins sage que ce que laissent penser les apparences...
Un pan de la société privilégiée d'Ancien Régime apparaît, avec les pères qui marient leurs filles sans consentement, l'époux qui a tous les droits sur son épouse, les abbés et les nonnes qui ont des relations interdites... Les jeunes filles ont peu de liberté, leur virginité étant considérée comme un trésor à offrir au mari le soir de la nuit de noce, elles doivent préserver leur réputation. Mais le désir physique et l'amour leur font trouver des ruses et des mensonges pour retrouver leur amant. Les couvents eux-mêmes ne sont pas sûres, les pensionnaires ont des relations entre elles, les confesseurs séduisent les novices, les officiers de l'armée eux-aussi enseignent l'art de l'amour.
Tout ceci est raconté avec humour et même moquerie envers les hommes, avec un point de vue féminin rafraichissant, dans une langue toute en euphémisme évoque clairement la sexualité, le désir et la recherche du plaisir de la part des femmes.
Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais cela se lit avec plaisir.