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sur 844 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Publié en 1975 par une concertiste chinoise expatriée en France, « le Palanquin des larmes » a connu un immense succès éditorial lors de sa parution, succès qui ne s'est pas démenti depuis comme en témoignent les nombreuses critiques enthousiastes dispersées sur internet. Forcément, l'histoire de la jeune Chow Ching Lie avait tout pour émouvoir le public occidental : alors qu'elle entrait à peine dans l'adolescence, cette fillette de treize ans s'est vu forcée d'épouser un rejeton de millionnaire de dix ans son ainé. Arrachée au cocon familial, elle a dû endosser tant bien que mal son statut de belle-fille au sein d'une famille ultra-traditionnaliste, assumant toutes les tâches domestiques sous la houlette d'une belle-mère tyrannique et maladivement jalouse. Sans compter l'accomplissement des inévitables devoirs conjugaux, à savoir se faire engrosser vite fait, bien fait dès l'âge de quatorze ans afin de perpétuer le glorieux héritage familial. Pas un avenir bien rose pour une petite fille rêvant de devenir une grande musicienne, nous en sommes bien d'accord, et « le Palanquin des larmes » fleure bon la tragédie familiale et sociale dès la lecture de sa quatrième de couverture. Non que cela me dérange d'ailleurs, puisque que, comme toute bonne lectrice romanesque, je n'ai rien contre un peu de pathos de temps en temps.

En ouvrant ce livre, j'étais donc tout à fait disposée à m'apitoyer sur la vie de la petite Ching Lie et j'y serais probablement arrivée sans problème, n'eût été un petit détail qui m'a terriblement perturbée pendant toute ma lecture... Certes, je reconnais ne pas être experte en Histoire chinoise. Certes, je ne suis pas très calée en littérature asiatique non plus. Mais je ne crois pas avoir la berlue en affirmant que ce bouquin – aussi agréablement écrit et assurément sincère soit-il – est l'ouvrage la plus pro-maoïste que j'ai eu l'occasion de lire ! A écouter l'auteur, on croirait que la principale oeuvre de Mao en Chine a été la libération de la condition féminine (libération toute relative d'ailleurs et qui ne concerne que les populations citadines, faut voir les campagnes à la même époque…), raison qui semble suffire à lui attacher l'admiration enthousiaste et inconditionnelle de la jeune femme.

Quid du ridicule et dramatique épisode des « Cents Fleurs » ? Et du « Grand bond en avant » qui causa la mort de 30 millions à 50 millions de chinois ? de la tyrannie du parti unique ? Des tortures et des exactions de la police politique ? Non que Ching Lie passe complétement sous silence ces événements – et c'est bien là l'aspect le plus curieux et le plus perturbant de son autobiographie – mais elle semble tous les excuser au nom d'une pseudo-modernisation de l'état chinois. Faut comprendre ces pauvres dirigeants, hein, ce n'est pas leur faute s'ils ont été obligés d'amputer les quatre cinquièmes de leur population au scalpel pour permettre aux autres de prospérer ! Et encore, « prospérer », c'est un bien grand mot…

Bon, j'ai l'air de m'acharner un peu sur un aspect particulier du livre en oubliant les autres, mais c'est un aspect qui a tout de même sacrément troublé ma lecture et je suis très surprise d'en avoir si peu entendu parler dans les autres critiques que j'ai pu lire sur le web. Ceci dit, il faut reconnaître que le livre y gagne en intérêt sociologique et permet involontairement de comprendre la popularité toujours vivace de Mao Tsé-Toung auprès d'une partie de ses compatriotes, malgré toutes les raisons que ceux-ci auraient d'aller cracher sur sa tombe – preuve que l'impressionnante campagne de désinformation et de propagande mise en place par le dictateur chinois et dont Ching Lie n'est qu'une des nombreuses victimes continue à porter ses fruits, même aujourd'hui. Pas un livre inintéressant de ce point de vue donc, mais l'attachement émotionnel que j'aurais pu avoir pour la narratrice en a forcément été très atténué. A lire si l'expérience vous tente.
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Chow Ching Lie nous livre, à travers la plume de Georges Walter, l'histoire d'un esclavage perpétuellement renouvelé. La belle-fille, épouse du fils ainé, est la domestique de ses beaux-parents, l'esclave de sa belle-mère ; le fils, même adulte, même marié, doit se plier sans mot dire aux desideratas de ses propres parents, quitte à sacrifier le bonheur de ses enfants dans la foulée.
Il faudra attendre l'arrivée de Mao au pouvoir pour que les mariages forcés, tout comme le meurtre des nouveau-nés filles, soient interdits. A cinq mois près, Ching Lie aurait échappé à un mariage qui la révulsait.
Même si son histoire est difficile, j'ai trouvé Ching Lie trop effacée, trop soumise. Sa jeune soeur cède moins facilement devant les pressions et même quand elle est obligée de se plier aux règles, elle n'hésite pas à faire savoir qu'elle désapprouve.
La mère de Ching Lie est une idiote sans cervelle. D'un côté, elle veut à toute force marier sa fille de force, ne prenant en compte que la fortune de la belle-famille sans s'intéresser une seconde à la personnalité du fiancé, mais de l'autre, elle refuse de lui apprendre à coudre ou à cuisiner, car c'est pour elle les signes de l'esclavage. En mariant sa fille à une famille traditionnelle refusant le moindre progrès social, elle aurait pu se douter qu'il serait indispensable à sa fille de savoir préparer un repas ou coudre un vêtement.
Tout au long du mariage de sa fille, elle ne pense qu'à l'argent, allant jusqu'à compter le nombre de bouchée qu'elle mange pour se les faire rembourser par la belle-famille.
Ching Lie finira par s'habituer à un époux faible qui ne sait fonctionner que par le chantage au suicide et semble ne pas comprendre que sa femme puisse ne pas l'aimer.
En dehors de son drame personnel, Ching Lie nous parle un peu des évolutions de la chine à cette époque et surtout de l'arrivée de Mao et de la rééducation par le travail de la Terre. On voit bien qu'on a affaire à une dictature quand les gens n'ont pas le droit de quitter le pays sans autorisation tant le nouveau gouvernement a peur de les voir vivre comme ils l'entendent loin de la Chine.
Personnellement ce livre ne m'a pas donner envie de pleurer sur le sort de Ching Lie, mais en revanche il m'a bien décidée à ne jamais mettre les pieds dans un pays aussi hypocrite que la Chine.
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il y a lgt que je l ai lu et pas bcp de souvenirs dommage
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