Cependant, je sais par expérience que les moindres actes de Poirot, aussi énigmatiques qu'ils paraissent, sont toujours inspirés par la réflexion.
- Qui êtes vous ? Vous n'êtes pas de la police ?
- Je vaux mieux que la police, répondit Poirot.
Il avait dit cela sans arrogance intentionnelle. Pour lui, c'était une évidence, rien de plus.
Ma force, Hastings, réside en mon cerveau et non dans mes pieds. Alors que vous me jugez inactif, je réfléchis.
- Sans doute une photographie de mariage, dit Poirot. Regardez, Hastings. Ne vous ai-je pas dit que cette femme avait dû être jolie ?
Il ne se trompait point. Malgré la coiffure surannée et les ridicules vêtements de l'époque, cette jeune personne possédait une beauté indéniable dans ses traits réguliers et son port gracieux. J'examinai de près son compagnon et j'avoue qu'il me fut impossible de reconnaître le père Ascher dans cet élégant jeune homme à l'allure altière.
Me souvenant du vieil ivrogne au regard sournois et de sa femme au visage ravagé par les veilles et les fatigues je frémis devant la cruauté impitoyable du temps.
"_Notre corps est un fardeau, monsieur Poirot, surtout quand il se met à occuper le devant de la scène. On n'a plus qu'une obsession : la douleur va-t-elle s'apaiser ou non ? Rien d'autre n'a d'importance.
_Je sais, lady Clarke. C'est là une des grandes tragédies de l'existence."
- Personne ne vous accuse… jusqu'ici.
Je vois peut-être une montagne où il n'y a qu'une fourmilière.
J'admets que souvent un second crime dans un roman réveille l'intérêt. Si le meurtre a été commis au premier chapitre et que l'enquête se poursuive jusqu'à l'avant-dernière page, l'histoire devient un brin fastidieuse.
Mademoiselle, la mort entoure les défunts d'une auréole. Je viens d'entendre ce que vous avez dit à mon ami Hastings: "Ma soeur était une excellente fille, très jolie, sans fréquentations masculines." Vous avez prononcé ces paroles sur un ton de moquerie pour la presse. Dès qu'une jeune personne meurt, voilà, en effet, les phrases que chacun répète. Elle était intelligente, d'humeur enjouée... elle n'avait aucun souci, pas de fréquentations équivoques. On se montre extrêmement charitable envers les morts. Savez-vous ce que je souhaiterais le plus en ce moment ? Parler à quelqu'un qui a connu Elisabeth Barnard et ignore sa mort ! Alors, peut-être apprendrais-je ce que je voudrais savoir... la vérité.
Prétendre qu’un homme agit stupidement parce qu’il est fou est une idiotie. Un fou se montre aussi logique et raisonné dans ses actes qu’un individu sain d’esprit, en tenant compte de son jugement déformant. Par exemple, si un homme sort dans la rue et s’assoit en tailleur sur les places publiques, ayant pour tout vêtement un pagne, sa conduite nous semble excentrique. Mais si nous apprenons que cet homme se prend pour le Mahatma Gandhi, son comportement devient raisonnable et logique à nos yeux.