Chaque assassin est le vieil ami de quelqu'un.
Les échos d'une violente diatribe me ramenèrent à la réalité. Je reconnus la voix de Poirot et son exécrable salmigondis de français mêlé à notre belle langue.
- (...) On ne doit jamais laisser la confusion s'installer dans son esprit. Pourtant notre affaire n'est pas encore résolue. Certes non ! Car elle est extrêmement complexe. Si complexe que j'en suis encore dérouté, moi, Hercule Poirot ! (...)
Je n'oublierai jamais cette première vision de Mary Cavendish. Sa longue et mince silhouette se dessinait contre la vive clarté : l'éclat amorti d'un feu couvant sous la cendre rayonnait dans ses beaux yeux fauves ; elle dégageait une intense tranquillité qui pourtant éveillait l'idée d'un esprit sauvage et indomptable, dans un corps exquisement civilisé.
- Eh bien, j'ai toujours eu le désir inavoué d'être détective.
- Pour de bon ? Scotland Yard ? ou bien Sherlock Holmes ?
- Oh ! Sherlock Holmes, bien entendu. Mais sérieusement, je suis terriblement inspiré vers cela.
J'ai rencontré un jour en Belgique un détective extrêmement célèbre et il m'a enthousiasmé. C'est un petit homme surprenant. Il soutenait que pour être un bon détective il s'agissait simplement d'avoir de la méthode.
L'imagination est une qualité lorsqu'elle sert, mais un défaut si elle commande. Plus l'explication est simple, plus elle est probable.
L'anglais balbutiant de Poirot et son exécrable prononciation , qui n'avaient guère changé en Belgique me déchiraient ici les tympans.
On ne devrait jamais confondre sentiment et raisonnement.
Poirot était un homme au physique extraordinaire. Malgré son petit mètre soixante-deux, il était l'image même de la dignité. Son crâne affectait une forme ovoïde, et il tenait toujours la tête légèrement penchée sur le côté. Sa moustache, cirée, lui conférait un air martial. Le soin qu'il apportait à sa tenue était presque incroyable, et je suis enclin à penser qu'il aurait souffert davantage d'un grain de poussière sur ses vêtements que d'une blessure par balle.