Un classique, à la fois dans l'oeuvre d'Agatha (datant des années 30, âge d'or de sa créativité pour bien des fans) et dans la série TV, maintes fois diffusé et rediffusé... Comme à l'accoutumée, je m'en emparai en ayant en tête l'épisode, et aussi pour me détendre de mes lectures forcées... Ça fonctionne toujours. Je radote, mais
Agatha Christie a un pouvoir relaxant incomparable. le temps s'arrête, on vit avec Hercule Poirot, Hastings, et cette Angleterre apaisante... Hastings demeure le meilleur des assistants et narrateurs, c'est toujours un régal de lire un récit conté par ses soins, et je remercie Agatha d'avoir continué à l'utiliser après son mariage. Ariadne Oliver fait pâle figure, même si elle nous fait rire... Bref, venons-en au Couteau sur la nuque.
Il est introduit par Hastings comme un échec de Poirot, et effectivement, notre détective rame et se retrouve plutôt à côté de la plaque (mais bien moins que Japp, qui aligne des théories farfelues et bancales avec toujours plus de mauvaise foi), charmé par Jane Wilkinson, femme fatale tout droit sortie d'un roman noir... de multiples pistes s'ouvrent à nos héros, mais le postulat de départ est faux, erroné, il faut tout inverser, et c'est là que réside le twist qui rend l'affaire au final très simple, mais comme d'habitude, dissimulée dans un embrouillamini vaporeux de détails superflus plantés par Agatha comme un terrain en friche. Ce rebondissement final m'a rappelé
La Maison du péril, écrit à la même époque.
J'aurais préféré que Jane Wilkinson soit conviée à l'exposé final de Poirot, mais sa lettre compense... Je suis partagé dans mes préférences entre l'épisode TV (les acteurs sont comme toujours magnifiques) et le livre, puisque, petit bémol, j'aurais voulu l'explication légèrement plus complète, et l'écriture, toujours aussi simple, ne m'a pas cette fois transcendé, surtout que la traduction pouvait contenir quelques bosses. Mais bon, c'est
Agatha Christie, l'humour, le flegme, la détente, y sont communicatifs, c'est toujours un très grand moment. Je ne lui serai jamais assez reconnaissant d'exister dans notre monde bruyant, fou, hyperactif...