Mr Brown

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Ah ! j'aimerais tellement le rencontrer, ce Mr Brown !
- Qui sait ? Peut-être l'avez-vous déjà rencontré, répliqua Whittington d'une voix glaciale.
- Bah ! c'est une fable d'enfant de chœur, une histoire pour la police. Vous savez ce que je me dis parfois ? C'est une personne inventée par l'Organisation, un épouvantail pour nous faire peur. C'est possible après tout.
- Le contraire est également possible.
-Je me demande... est-ce vrai qu'il est avec nous, parmi nous, inconnu de nous, sauf quelques élus ? Auquel cas son secret est bien gardé et son idée est bonne. On ne sait jamais. Nous nous regardons les uns les autres : l'un d'entre nous est Brown. Oui, mais lequel ? Il donne des ordres, mais il en exécute également. Dire qu'il est parmi nous, l'un des nôtres et que personne ne le connaît...

Cher Mr Whittington, jouons cartes sur table et je vous en prie, ne vous mettez plus en colère. Hier, vous m'aviez entendue : je disais que j'avais l'intention de me lancer dans l'aventure. Je viens de vous prouver que j'en suis capable. C'est vrai que j'ai connaissance d'un certain nom mais il est possible que je n'en sache pas davantage.
- Peut être bien que oui, peut être bien que non.
- Décidément, vous me jugez bien mal, murmura Tuppence avec un soupir.
- Je vous l'ai déjà dit, arrêtez vos entourloupes et parlons affaires. Ne faites pas l'innocente. Vous savez beaucoup plus que vous ne voulez le dire.
Assez satisfaite de la façon dont elle avait conduit la conversation, Tuppence continue d'une voix égale :
- Je m'en voudrais de vous contredire, Mr Whittington.

De surcroît, les conditions sont très avantageuses.
- C'est bien là que le bas blesse ; ces conditions sont beaucoup trop avantageuses, Mr Whittlington. Je ne vois pas pour quelles raisons vous m'engage à un tarif si élevé.
- Vous ne comprenez pas ? Eh bien, je vais vous l'expliquer, poursuivit Whittington avec douceur. Bien sûr je pourrait prendre quelqu'un d'autre qui me coûterait moins cher. Mais je préfère payer le prix fort pour une fille intelligente, dotée d'assez de présence d'esprit pour bien jouer son rôle et suffisamment discrète aussi pour ne pas poser trop de question.
Tuppence esquissa un sourire. Wittington venait de marquer un point.
- Autre chose. Jusqu'à présent, il n'a pas été question de Mr Beresford. Quel rôle aura-t-il à jouer ?
- Mr Beresford ?
- Mon associé, précisa Tuppence très sérieusement. Vous nous avez bien vus ensemble hier.

Tommy s'assit en face d'elle. Il arborait une somptueuse tignasse rousse, soigneusement plaquée en arrière. Son visage, banal, d'une laideur sympathique, était celui de tout gentleman et de tout sportif qui se respecte. Il portait un costume marron, de bonne coupe, mais qui avait connu des jours meilleurs.

- Tiens, le Times fera l'affaire. Réponse : B. P. numéro tant. 9a nous coutera pas loin de cinq shillings. En voici la moitié.
Tommy commentait la feuille d'un air songeur.
Son visage s'empourpra :
- Si on essayait vraiment ? demanda-t-il enfin. Si on essayait, Tuppence ? Rien que pour nous mauser.

J'ai à vous parler d'une affaire extrêmement importante, mais à vous seul.
- Je n'ai pas de secrets pour mon secrétaire, déclara Kraménine.
- Mais moi j'en ai ! répliqua froidement Julius

C'est un jeune Anglais ordinaire, un peu lourd, obstiné, tenace. Il est incapable de se laisser entraîner par son imagination - pour la simple raison qu'il n'en a pas ! C'est pourquoi il est difficile de le tromper. Il réfléchit lentement, mais une fois qu'il a trouvé une chose, il y tient ! La gamine est tout à fait différente : plus d'intuition et moins de sens commun. Un petit couple curieux et sympathique !

La jeunesse est un défaut qu'on perd facilement.

Ne vous offensez point, MIss...
- Cowley. Prudence Cowley. Mais mes amis m'appellent Quat'sous.

Son nom était Jane Finn ; il figurait dans la liste des survivants ; mais la jeune fille avait disparu ensuite. On ne trouva rien dans son passé qui fût capable de nous aider. Elle était orpheline, avait vécu les dernières années dans un collège, où d'élève, elle devint institutrice. Puis, ayant obtenu par correspondance une place dans un pensionnat à Paris - on ignore lequel - on lui délivra un passeport.
Tous les efforts faits pour retrouver ses traces sont restés vains. Dès qu'elle a mis pied à terre, elle s'est évaporée comme une fumée.