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3,86

sur 262 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce qui frappe en premier dans cette boule de foudre, c'est la qualité de l'écriture, et donc aussi bien sûr de la traduction. Ensuite vient la sensation d'être plongé dans un univers à la fois familier et différent.
Familier car les lois de la physique et les descriptions scientifiques sont universelles et donc d'une certaine manière sont le langage commun de l'humanité. de plus, pas de réelle dystopie ici, nous nous situons maintenant et ici, même si la configuration géopolitique n'est pas l'exact reflet de ce que nous semblons vivre.
Différent car la mentalité des protagonistes de ce roman est sensiblement différente de notre quotidien. Les motivations de ces héros essentiellement militaires sont très dépaysants.
Et même nos habitudes littéraires sont ébranlées : on ne nous bassine pas avec la douzaine de titres de musique que pas mal d'auteur, certainement en quête de reconnaissance sociale, veulent absolument exposer dans la littérature moderne.
L'ensemble forme un univers très particulier ou l'intrigue va se déployer peu à peu, comme un fil conducteur servant de prétexte à parler de tout un tas d'autres choses plus fondamentales : amitié, amour, guerre, mort, honneur, humilité etc . . .
Pas vraiment de hard science autour de ces boules de foudre, mais un prétexte. Il interroge même la notion de modèle, permettant à un lecteur non spécialiste de physique moderne d'approcher ce concept si ardu en sciences. Sans chercher à faire le savant, il propose un questionnement sur la représentation de notre univers et les chemins mentaux empruntés par notre espèce pour le décrire, avec ces lois mathématiques souvent si difficiles à maîtriser.
L'Histoire des sciences a montré que souvent une trop grande complexité mathématique n'était là que pour palier à un manque de clairvoyance globale : les épicycles et déférents dissimulaient en fait, malgré leur mécanique beauté, la simplicité de l'Héliocentrisme.
Et si d'autres chemins existaient ?
Dans la postface, quelle surprise de lire l'hommage qu'il rend à ces quelques maîtres qui ont fécondé la SF du vingtième siècle : Asimov et ses robots, Herbert et son Muad'dib . . .
Je sais que cet auteur est une sommité en Chine. Après ce livre et sa magnifique trilogie du problème à trois corps, il mérite d'intégrer le Panthéon des auteurs de SF reconnus dans notre petite comté.
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[Coup de coeur] Liu Cixin devient avec ce quatrième roman lu, un de mes écrivains fétiches en matière de science-fiction. Après la fabuleuse trilogie du Problème à trois corps, Boule de foudre s'inscrit aussi dans ces textes dont la frontière entre réalité et fiction est tellement floue qu'il est difficile de faire la part des choses. de plus, Liu Cixin a le don de parler de façon simple des concepts scientifiques les plus compliqués. le roman intègre aussi une dimension mystique qu'il ne peut être révélée dans cette chronique, rajoutant encore plus de profondeur à l'histoire. Vous le comprendrez aisément, Boule de foudre se dévore.

Une nuit d'orage, Chen fête son quatorzième anniversaire avec ses parents. A ce moment-là une boule de foudre fait irruption dans la maison et réduit en cendres sa mère et son père. Traumatisés à vie par cet événement « naturel », Chen s'engagera très vite dans des études mathématiques et météorologiques afin d'identifier et de prévenir les accidents très rares dus aux boules de foudre. Ses recherches le conduiront à rencontrer de brillants scientifiques dont Lin Yun, une major de l'armée chinoise qui voit dans les boules de foudre une arme décisive.

Comme dans ses précédents ouvrages, Liu Cixin nous interroge sur l'utilité de la science de son pouvoir émancipateur mais aussi destructeur. Il ne donne pas de réponses précises mais démontre que les deux chemins sont tellement imbriqués qu'il est même impossible d'imaginer ce que sera le résultat. La force de l'auteur est d'imposer une forme romanesque extrêmement forte à de hard SF.

❓Connaissez-vous ce maître de la SF chinoise, Liu Cixin ?

Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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Un très beau roman de Liu Cixin qui nous offre une odyssée démarrant dans le monde rationnel de l'orage et de de la boule de foudre, pour finir dans une élévation au niveau de la physique quantique. La note finale de l'auteur est un modèle du genre définissant la Science-fiction et la Hard SF en particulier. Il y explique que la réalité sur la boule de foudre - quand nous la découvrirons - ne sera pas conforme à celle qu'il nous a présentée, mais c'est tout l'art du romancier de créer un possible. Bien joué.

Il faut néanmoins tempérer votre enthousiasme avant de vous pousser à ouvrir ce livre : il expose la plupart du temps la démarche scientifique et j'imagine que cela pourrait en rebuter plus d'un, peu habitué à lire des articles rédigés par des chercheurs (en lisant les autres critiques, je constate que cela n'a pas l'air d'être le cas). Mais pas d'inquiétude, l'aventure ne manque pas, il faut juste savoir qu'elle se déroule essentiellement dans un monde expérimental, avec une nette tendance militaire.

Le tout est égayé par des personnages passionnants, parfois énigmatiques, ayant pour certains un vécu dramatique.

Je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Il y a beaucoup de passages et de situations qui nous transportent, et nous allons de découverte en découverte. L'auteur n'a pas manqué d'imagination pour de nombreux rebondissements et a fini par ouvrir des portes - spéculatives - sur ce que pourrait être un macro-monde quantique. Très fort.
Lien : https://www.patricedefreminv..
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Il faut tout d'abord remarquer la qualité de lecture de ce roman : il est extrêmement fluide. Je ne sais pas qui il faut féliciter le plus entre l'auteur et le traducteur, Nicolas Giovanetti. Certainement les deux : l'auteur par la fluidité logique de l'intrigue, le traducteur dans la transcription entre deux systèmes de langage bien différents (pour parler une langue asiatique, j'en sais quelque chose).

J'ai aussi retrouvé les empreintes du style de narration de Liu Cixin : sa propension à laisser des indices au lecteur pour lui proposer des énigmes à résoudre. Ça fait participer activement le lecteur à la construction-révélation de l'intrigue. Et surtout ça permet au lecteur d'éprouver quelques plaisirs à décrypter de subtiles questions. Cette fois, pour les personnes un peu familière des différents aspects de la mécanique quantique et de l'épistémologie des sciences, il est souvent possible d'accompagner et devancer les raisonnements et destinés des personnages. Si on manque malgré tout ses énigmes, les solutions proposées sont tout aussi originales et satisfaisantes.

L'auteur a aussi le don de mener parfois le lecteur à la frustration, histoire de rappeler que c'est lui le maître de l'intrigue et que cette frustration peu amener à une récompense plus grande. le récit de la riposte navale de la marine chinoise contre la flotte américaine a été pour moi ce grand moment de frustration. Mené d'une main de maître, je me suis fait avoir. Je pense que c'est fait à dessein. Son premier auditoire est chinois. Ce qui n'est pas mon cas, mais mon anti-impérialisme, m'amène sûrement à partager certains désirs de ce peuple. Et par la frustration, l'auteur nous ramène un peu sur terre. Il met à cemoment un miroir sur notre contradiction entre l'évident assentiment à notre réaction pacifiste au thème du roman, et aux désirs de nos instincts, fussent-ils dans le cadre d'une « saine » catharsis.

Le thème principal de ce roman est le dévoiement de la science dans des applications militaires. Ce dévoiement est organisé par des intérêts collectifs et des intérêts personnels, des intérêts légitimes de protection et des intérêts inconscients ou dissimulés de jouir d'un pouvoir. En ce sens l'intrigue de ce roman révèle tous ses aspects. L'auteur va plus loin en démontrant que cet ensemble relève de l'addiction à une substance psycho-active. Et comme les drogues, si elles apportent leurs moments de satisfaction, elles enfoncent aussi ceux qui en usent dans une dérive auto-destructrice. Les trois principaux protagonistes, Chen le narrateur principal obsédé par la foudre en boule, car ses parents en sont morts, Lin Yun la major, obnubilé par les armes, pour se venger de la mort de sa mère, Ding Yi, le savant sans conscience, et un personnage plus secondaire, Zhang Bin, professeur de Chen, doublement intoxiqué par le fait d'avoir été témoin d'un phénomène inexplicable et de la mort de sa femme par ce même phénomène ; tous donc sont des « junkies » dont leurs sorts sont liés à une obsession/addiction. Certains s'en sortiront mais profondément marqué et bouleversé.

Des quatre protagonistes cités, nous connaissons les raisons des obsessions de trois personnages dans les détails. On connaît parfaitement l'histoire de leur vie. Personnellement, j'avais de la compassion pour Chen et Zhang, par contre Lin Yun me semblait extrêmement dangereuse. Din Yi est différent, on ne sait rien de son histoire ou de son passé. Il me semble que Din Yi est l'archétype du savant sans incarnation : certains pourraient même voir l'archétype du savant-fou. Ce n'est pas un humain, c'est un cerveau, ce n'est pas une conscience, c'est une machine à inférence. La connaissance scientifique est sa drogue, mais contrairement au trois autres son parcours va être inverse.

L'évolution des personnages est basée une théorie de la mécanique quantique qui est largement décrite dans le roman : la réduction (du paquet d'onde). En gros, on peut exister de deux manières différentes. La première est classique sous forme « réduite » ou « localisé » : la particule se trouve dans un endroit déterminé et possède des caractéristiques déterminées. La seconde quantique sous la forme « potentiel » ou « probabiliste » : la particule est partout à la fois et ses caractéristiques sont indéterminées ou plutôt une somme de tous les possibles. La bizarrerie de la mécanique quantique, c'est que tous les objets sont dans un état « potentiel » si « personne ne regarde », et « réduite » si quelqu'un l'observe. le tour de force de Cixin Liu est de faire progresser ses personnages selon ce principe.

D'une certaine manière les trois premiers protagonistes commencent l'intrigue dans un état « réduit », parfaitement défini par leur histoire et leurs obsessions. Leur trajectoire est de passer dans un état « potentiel ». Zhang Bin mourra après que toutes ses quêtes se sont résolues, lorsqu'il a pu boire à nouveau de ce vin introuvable (le lecteur comprendra). Lin Yun échouera et réussira en même temps (un autre concept de la mécanique quantique) et passant au sens propre dans un état « potentiel » (là aussi le lecteur comprendra). Chen sortira de son obsession et s'ouvrira les possibilité d'une vie normale. Din Yi s'est l'inverse, il passera d'un humain potentiel à un être humain muni d'une conscience et d'une histoire. Il sera ancré dans le monde réel par une photographie, qui bizarrement est l'image d'un potentiel quantique avant effondrement de la fonction d'onde.

Ce que dit aussi cette approche, pour nous lecteurs, c'est que les obsessions provoquent une forme « réduite » de la vie, empêchent de profiter de tout le potentiel de la vie réelle. Comme le suggère le dernier chapitre (qui m'a ému plus que je m'y attendais), il faut être relâcher dans nos exigences et nos disciplines de vie, pour pouvoir se donner l'opportunité de sentir la rose bleue.
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Ce roman de Cixin Liu est aussi passionnant que sa trilogie "Le probleme a trois corps" et ce n'est pas peu dire. Avec aussi les memes faiblesses du point de vue du lecteur occidental (mais pas du lecteur chinois): ton facilement mélodramatique, absence d'humour et de recul par rapport a l'esprit collectiviste propre a la Chine moderne.

Cixin Liu est un scientifique dans l'ame a la maniere d'un Arthur C. Clarke ou d'un Isaac Asimov, auteurs qu'il admire, et ses romans évoquent a merveille un univers indifférent, voire hostile face a la fragilité de l'etre humain. En meme temps, ses personnages ont une grandeur que ne possede pas la matiere, celle de la conscience sensible a la beauté, capable de jugement moral et de créativité scientifique ou poétique ainsi que d'un sentiment d'attachement indépendant des pulsions parentales ou sexuelles.
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