On l'a su ce n'est pas mourir ou mort qui est le Pire Pire, c'est le long voyage qui peut durer vivre ou durer mourir encore six mois encore cent mois encore sans moi, en corps sans moi. P.65
Parfois le récit renâcle, ne veut pas dire Je, c'est qu'il a peur ou honte de ma nudité ou de la mort.
C’est la momification du temps qu’éprouvaient les Juifs au désert, incarcération perpétuelle dans un sans paysage sans variation sur fond incertainement jaune. On a beau « avancer », car on est supposé aller dans une direction, c’est toujours le même kilomètre recommencé, le courant contraire est fort comme un mur de prison.
Moyen Pire : maladie et donc fin. Le pire alors est mal-mourir, mourir avant de mourir, mourir par enlèvement aux siens, aux prunelles des yeux, chats, genre « enterrement vivant ». C’est un bien mauvais pire. C’est toujours la peur de la mort manquée, qui déjà précipite
Grand Pire : abandon des aimés, arrachement mutilant d’enfants : chats : chiens.
On l’a su ce n’est pas mourir ou mort qui est le Pire Pire, c’est le long voyage qui peut durer vivre ou durer mourir encore six mois encore cent mois encore sans moi, en corps sans moi. La Chance qu’ils ont eu ceux qui ont eu le corps entouré, la peur accompagnée, certains parmi les Ombres derniers arrivés sur le Quai du Léthé, se félicitent d’être morts juste à temps
Tu ne croyais pas si bien mourir mon bien-aimé
Pendant le désert, tout le temps mou et inexistant où on errait dans le désert, on n’avait pas de miroir. On ne savait jamais quel âge on avait, quelle longueur avait le jour ou durée. Faute de miroir, on n’avait ni futur ni figure. C’est alors que s’est composé le Rêvoir. Ce qu’on ne voyait pas à la lumière, on le voyait autrement.
l’idée me vient que tout le travail de la littérature est un combat avec les forêts des phrases pour parvenir au cœur de la langue et là pratiquer une percée pour laisser jaillir la puissance du silence
Le Maintenant c’est la main que tu me donnes à tenir même quand tu n’es pas là
je voulais dire sans cahiers et sans chats je suis orpheline de mon corps et de mes plantations de pensée que je ne suis qu'une tête à l'armoire cambriolée
| p.36
Ceux qu'on avait pas vus depuis des années on les voyait maintenant revenir grâce à la technique du Rêvoir. P.168