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EAN : 9782072860218
153 pages
Gallimard (22/10/2020)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Dans le plus beau et le plus riche quartier d'Osnabrück, en Basse Saxe, au centre-ville, rue de la Vieille-Synagogue, il y a un espace rasé entre deux élégantes demeures, on passe devant sans les voir. Les Ruines. C'est ici. La réserve de la mémoire et de l'oubli déposée derrière des grillages. Sur le grillage à hauteur de nos yeux quatre panneaux de cuivre poli font le même récit chiffré daté du 9 novembre 1938, panneaux étincelants, tablettes d'une nuit épouvante,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Hélène CIXOUS. Ruines bien rangées.

Une très belle rencontre, triste mais réaliste. Hélène CIXOUS, nous promène dans la ville d 'Osnabrück, en Basse-Saxe, rue de la Vieille Synagogue. Elle nous plonge dans l'Histoire, la naissance, l'extension, la fin de vie et la quasi disparition du quartier juif. Avec nostalgie, elle guide nos pas dans ceux de ses ancêtres. Elle retrace l'historique complet de cette petite ville depuis sa création par notre empereur, CHARLEMAGNE, jusqu'à son bombardement en 1938 par les nazis. Et aujourd'hui, que reste-t-il de ce riche quartier, plus rien, des ruines ; une collection de moellons, bien ordonnés, bien rangés. Il n'y a plus rien que des grosses pierres, unique témoignage de la vie ensevelie sous les décombres. Si peu signalée que celui qui n'est pas prévenu, peut passer sans les voir. Un récit fort et puissant qui témoigne de l'exaction exercée par les nationalistes allemands à l'encontre de ces millions d'êtres exécutés sous la domination de Hitler. Un hommage à tous ceux qui ont résisté, mais qui ont péri, assassiné dans de vulgaires chasses aux sorcières, qui se sont succédé au cours des siècles

Elle nous fait part du séjour de sa mère à la prison Barberousse à Alger. Il lui a fallu fuir l'Allemagne, déclarée juive, gagner l'Algérie puis lors de l'indépendance de ce pays, elle se réfugie en France. Cette dernière ne l'accueille pas les bras ouverts. Déclarée juive, allemande, puis française, elle a perdu toutes ses nationalités l'une après l'autre. Elle est sage-femme et non femme sage. C'est également une ode à la féminité. Hélène CIXOUS est une grande féministe. Elle lutte sur tous les fronts pour les causes féminines.

Je recommande la lecture de ce témoignage. Si, au détour d'une visite à la bibliothèque de votre quartier, ou chez votre libraire, vous découvrez ce petit fascicule, n'hésitez pas à l'emprunter, à l'acheter. Il nous permet de nous recentrer sur notre passé, d'approfondir nos connaissances sur la judéité. La visite guidée dans cette partie juive de la ville d'Osnabrück est très enrichissante. Nous sommes au milieu de ce lieu symbolique et nous nous recueillons avec nos accompagnateurs, une mère et ses enfants. Nous assistons même à le remise de la médaille " Justus Möser"et aux retrouvailles d'anciennes compagnes de lycée. Que d'émotion…. C'est un véritable devoir de mémoire. L'écriture est fluide, compréhensive. Et cette ville renaît sous nos yeux et s'anime. ( 4/04/2022)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Il aura fallu plusieurs années, entre son décès et ce moment. Plusieurs années pour se décider à vider les lieux. A vider une vie. Un appartement. Celui de sa mère.

C'est sur les ruines maternelles que l'héroïne entraîne son fils, sa fille. Ses lecteurs. Des ruines scrupuleusement rangées. Dans des valises. Méticuleusement codées et organisées.

Osnabrück d'abord, en Allemagne.
Les vestiges d'une synagogue. Et les souvenirs d'Eve, ses souvenirs d'hommes et de femmes persécutés. Torturés. Brûlés.
Des cendres de guerre.
Sa famille. Ses voisins.
Et la fuite déjà.

L'Algérie ensuite.
Comment Eve devient sage-femme. Lutter pour la vie après tant de morts. Les valises toujours prêtes. Parce qu'on sait. On a compris. Nulle part ce n'est chez soi.
En 1971, après la prison, à nouveau on la chasse.

Eve embarque pour la France.
Accumule ses ruines.
Pour ne pas oublier.

C'est avec ces ruines-là que l'auteure s'emploie à reconstituer l'essentiel. Des événements, un peu. Des émotions, tellement. On flirte avec l'urgence, à bout de souffle, on suit Eve, on porte ses valises, on lui prend la main, on marche vite, de plus en plus vite, pour rester à sa hauteur.
La plume est adroite, nuancée.
Que dire. Si ce n'est le plaisir de découvrir cette auteure.
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critiques presse (1)
Bibliobs
28 décembre 2020
Immense figure de la littérature et du féminisme, Hélène Cixous publie pour la première fois trois années de son Séminaire ainsi que “Ruines bien rangées”, réflexion éblouissante sur la mémoire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je n'aime pas l'Histoire, dit ma mère, c'est Guerres, Destructions, Massacres d'êtres vivants, tout le contraire de sage-femme.
Il n'y a pas plus léger d'âme qu'une sage-femme qui ne tremble pas. Tous les jours nous sommes au commencement du monde. Pas de reproche à personne. C'est ça qui provoque les jalousies. un métier qui consiste à délivrer.
Il y a aussi le cas des femmes que tu délivres d'une grossesse ennemie, mais ça c'est pas pour les livres, il ne faut pas en parler c'est interdit, ils n'attendent que ça, la police, l'occasion de t'enfermer, bien faire et se taire.
pages109-110.
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La nationalité est une illusion, dit ma mère, une fiction qui repose sur la nullité des gens en géographie, un employé de mairie, s'il te demande, dis que ta mère est née en France à Strasbourg, ne dis pas que je suis née en Allemagne, personne ne sait plus aujourd'hui où était Strasbourg quand mon père y a inventé son usine, les gens sont nuls en Histoire la nationalité est un galon mal cousu, il ne tient au tissu que par des pressions. J'ai constaté qu'une fois la nationalité arrachée elle ne repousse jamais. Après l'exaction ton père n'a plus jamais retrouvé la nationalité intérieure.
page 66.
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Elles me regardent. Les regardées regardent les regardantes, les regardantes sont regardées par les regardées regardantes. On ne s'y attendait pas. Les vieilles dames sont foudroyées par un double effet de miroir. Soudain elles sont debout devant nous comme soudain nous sommes debout devant vous qui vous tenez debout comme nous devant vous. Chacune est stupéfaite de voir l'autre, et de se voir en retour. On se voit se revoir à cet endroit improbable qu'est Osnabrück.
page 86
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J'ai aussi eu de la chance.
La chance je ne sais pas si c'est de la chance.
La malchance aussi peut être une chance.
Sous mon mari je n'étais pas sage-femme.
J'ai eu assez d'intelligence.
J'étais une sage femme.
page 67.
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Videos de Hélène Cixous (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Cixous
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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