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EAN : 9782072952333
208 pages
Gallimard (07/10/2021)
4/5   9 notes
Résumé :
« Comment font les gens qui ne disposent pas d’un Rêvoir de rêves, les malheureux, je n’arrive pas à imaginer une existence maintenue sous la coupe implacable du Cauchemar. J’ai connu un temps la liberté. Quand une liberté est pure et libre on ne s’en aperçoit même pas. On va, on vient, se couche, se lève, immortellement pendant des années, on ne les compte pas, on n’est ni savant, ni ignorant, on est distrait, on respire, on entre dans des magasins, puis dans d’aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il est très difficile de rendre compte de ce récit-réflexion-témoignage qui débute le 21/03/2020 . Les thèmes en sont : le Temps et ses différentes strates que la Mémoire assemble, la Mort qui advient toujours et jamais, l'absence d'Oubli par la grâce de la littérature.

La narratrice témoigne de cette période sans durée précise (« entre avril et septembre 2020 des années avaient passé ») , « sans mesure et sans air », « si vaine et sans évènement ». Elle lutte pour que cette période ne soit pas sans mots.
Tout commence par le départ, sans rien, « autodévalisée », et celui-ci ravive « la scène ancestrale de l'exode, génération après génération ».
La pandémie rend présentes d'autres pestes : celle d'Athènes relatée par Thucydide, celle de Londres transcrite par Daniel Defoë.
Pendant cet An du Lent Silence intérieur, comme elle le nomme, où « on n'avait ni futur ni figure » se compose le Rêvoir, une autre façon de voir, de rêver, dans laquelle les récits les plus anciens se mêlent, date à date, et donnent sens au récit actuel, lui donnant une portée mythologique.

Tout cela emporté par la majestueuse beauté de la langue d'Hélène Cixous, ses créations de mots qui élargissent le réel.
La phrase se module au rythme de la pensée, qui est vive comme l'éclat de l'écaille d'un poisson qui remonte le courant. Elle est longue, souvent non terminée, sans point, comme la pensée qui ne s'arrête jamais.
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Rêvoir, sorte de journal du confinement où Hélène Cixous consigne ce qu'elle voit en rêve, fait le "récit accroché au Récit". Sa technique : elle réinvente une écriture avec néologismes et mots-valises, brouille les genres, libère la ponctuation et l'emploi des majuscules, personnifie sa syntaxe et conduit ainsi le lecteur dans son univers où morts et vivants se retrouvent, passé et présents se mêlent, la mémoire vainc l'oubli. On rencontre sa fille, sa mère Eve, sa grand-mère Omi, le grand-père un "Icare Juif" tombé au front en 1916 à Baranovia, son ami philosophe et bien sûr ses chats. Récit très personnel qui révèle une grande sensibilité et une grande culture !
Moi qui ne connaissais que son travail de dramaturge avec Ariane Mouchkine, cette prose m'a enchantée.
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Le rêvoir, c'est le langage nouveau-né. C'est le manque de points et de majuscules parce que les mots se bousculent, comme dans ta tête comme dans un rêve. Tout se précipite dans ma tête aussi et quand j'écris avec toute l'honnêteté de mes pensées, on va à la ligne sous le coup de l'émotion pour un mot pour une

Pause.

C'est ce qui est merveilleux avec ce livre, c'est le premier qui m'a confirmé (moi qui avait commencé un manifeste de l'écriture non conventionnelle) que oui, les histoires les plus pures sont celles qu'on ne peut comprendre qu'instinctivement. Ce n'est plus une histoire, ce sont des émotions brutes qui prennent forme de la manière la plus fidèle qui soit.
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Dans ce récit débuté en mars 2020, la narratrice va de bribe de mémoire en bribe de mémoire. Tout fonctionne par association d'idées et celles-ci sont parfois insaisissables.

Le travail sur la langue est remarquable, notamment sur les polysémies et homonymies, mais globalement, son rêvoir - réservoir à rêves comme précieuse source de liberté en ces temps confinés - laisse de marbre. Trop difficile d'accès.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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critiques presse (1)
Telerama
25 juillet 2022
Hospitalière, la langue-monde d’Hélène Cixous sait accueillir les « visiteurs venus de l’arrière-temps ». N’est-ce pas le spectre amical de Jacques Derrida, apparu lors d’un rêve, qui a soufflé son foudroyant titre à Rêvoir ?
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Moyen Pire : maladie et donc fin. Le pire alors est mal-mourir, mourir avant de mourir, mourir par enlèvement aux siens, aux prunelles des yeux, chats, genre « enterrement vivant ». C’est un bien mauvais pire. C’est toujours la peur de la mort manquée, qui déjà précipite
Grand Pire : abandon des aimés, arrachement mutilant d’enfants : chats : chiens.
On l’a su ce n’est pas mourir ou mort qui est le Pire Pire, c’est le long voyage qui peut durer vivre ou durer mourir encore six mois encore cent mois encore sans moi, en corps sans moi. La Chance qu’ils ont eu ceux qui ont eu le corps entouré, la peur accompagnée, certains parmi les Ombres derniers arrivés sur le Quai du Léthé, se félicitent d’être morts juste à temps
Tu ne croyais pas si bien mourir mon bien-aimé
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On l'a su ce n'est pas mourir ou mort qui est le Pire Pire, c'est le long voyage qui peut durer vivre ou durer mourir encore six mois encore cent mois encore sans moi, en corps sans moi. P.65
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C’est la momification du temps qu’éprouvaient les Juifs au désert, incarcération perpétuelle dans un sans paysage sans variation sur fond incertainement jaune. On a beau « avancer », car on est supposé aller dans une direction, c’est toujours le même kilomètre recommencé, le courant contraire est fort comme un mur de prison.
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Pendant le désert, tout le temps mou et inexistant où on errait dans le désert, on n’avait pas de miroir. On ne savait jamais quel âge on avait, quelle longueur avait le jour ou durée. Faute de miroir, on n’avait ni futur ni figure. C’est alors que s’est composé le Rêvoir. Ce qu’on ne voyait pas à la lumière, on le voyait autrement.
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l’idée me vient que tout le travail de la littérature est un combat avec les forêts des phrases pour parvenir au cœur de la langue et là pratiquer une percée pour laisser jaillir la puissance du silence
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Videos de Hélène Cixous (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Cixous
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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