"Un ours en ville" est un petit roman de la collection Ginko, de la maison Vove Verso, et fait parti de la littérature intermédiaire.
Un ours, juché sur sa montagne, se fait une réflexion au sujet de la ville en contre-bas. Il imagine que la vie doit être formidable et libre quand on exerce un métier. Mais ce qu'il y trouve est peut-être tout le contraire de la liberté.
Une histoire courte où un ours découvre que la liberté lié à l'exercice d'un travail et donc de la rémunération, est relative. Certes, on peut dépenser pour divers biens et services, mais certaines choses ne devraient tout simplement pas être vendues, comme l'eau. Ours, qui a rencontré un garçon, Clément, voit ce dernier économiser gros pour s'offrir des skis, afin de glisser sur la montagne. Mais même une fois doté de skis, il reste le casque, les bâtons, la passe de ski, les assurances, etc. Ce que cette dimension de l'histoire met en relief, c'est que l'accès reste difficile à certaines choses du fait d'exiger beaucoup de financement. Tout cela pour une activité qui peut être faite relativement gratuitement, à savoir "glisser sur la montagne".
Cette dimension de l'économie est surprenante dans un roman pour le lectorat intermédiaire, je dois dire, mais pertinente. En effet, c'est fou de penser aux sommes exorbitantes de certains activités ou biens que les gens désirent acquérir alors que certains n'ont pas de réelle valeur ou qu'elles sont gratuites . Dans le cas des biens, je donne l'exemple du diamant, sans doute un des biens les plus chers au monde, mais paradoxalement, un des plus inutile. On ne peut rien faire d'un diamant, hormis crâner ou découper des matériaux ( mais ce n'est pas ce à quoi destine le diamant dans la plupart des cas). Dans le cas des service, ici, c'est le ski. Pourtant, en théorie, la montagne est à tout le monde, alors comment expliquer qu'il faille payer des tarifs pour y glisser? Bon, relativisions en disant qu'on peut opter pour la glissage sur luge plutôt que le ski, c'est bien moins cher, mais on comprend l'idée. On n'est jamais totalement libre, quand on dépend de l'argent. On est jamais totalement libre, quand les gens s'arrogent le droit de contrôler des ressources qui devraient revenir à tous.
Ce que je retiens de cette histoire est la relativisation entre liberté et pouvoir d'achat. Bien sur, il s'agit d'un roman, on a donc certaines nuances qui ne sont pas faites, mais j'aime la réflexion que cela peut susciter auprès des jeunes.
Dans l'histoire, Ours fini par retourner sur sa montagne avec Clément, et celui-ci découvre le gout de l'eau de montagne ( gratuite) et la glissade sur ours, ( gratuite aussi). Peut-être devrions-nous songer davantage aux choses qui n'ont pas de prix et qui sont aussi estimables? Peut-être que le bonheur n'est pas d'avoir toujours plus, mais de savoir jouir des choses qu'on a déjà? Surtout que la Nature nous prodigue déjà beaucoup de richesses, quand on sait regarder.
Le tout est servi dans un style graphique dynamique, dans les tons bleus et bruns, où certaines scènes sont strictement graphiques et d'autres strictement textuelles.
Un petit roman sur les besoins, l'amitié et la notion de bonheur, pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans.
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