Les rapports pouvant exister entre les états de conscience associés sont-ils cause de leur association ?
Ainsi posée la question est équivoque, car le mot « rapport » est ambigu. S’agit-il, en effet, pour m’exprimer à la façon de William James d’une connexion pensée ou d’une connexion entre des pensées ? Les deux choses sont bien différentes. Lorsque le froid me fait penser au gel, est-ce la connexion pensée, c’est-à-dire la pensée de la causalité, qui est la cause de l’évocation de l’idée du gel par l’idée du froid?
Le problème que nous avons à résoudre est celui de la connexion entre les pensées. Demandons-nous donc si la connexion pensée est la cause de la connexion entre les pensées. Or, il apparaît immédiatement qu’il est impossible a priori qu’il en soit ainsi. Pour que l’esprit saisisse un rapport entre deux idées, il faut que ces deux idées soient présentes à l’esprit. La perception de ce rapport, ne pouvant s’effectuer qu’après l’apparition des idées dans la conscience, ne peut donc être la cause de leur association.
Ce n’est qu’avec Descartes que l’étude de l’association reçoit une nouvelle impulsion. Le grand philosophe, il faut l’avouer, a écrit peu de chose sur la liaison des idées : ce terme ne s’est même jamais trouvé sous sa plume. Mais, s’il n’a pas dit le mot, il a bien aperçu la chose et il a admirablement préparé le terrain aux travailleurs futurs, grâce à la précision de ses conceptions physiologiques relatives au cours des esprits animaux.