Le style de
Bernard Clavel est toujours simple, imagé, équilibré. Il se lit facilement.
Il sent bon la terre, l'eau, la bête, l'arbre, la fumée….le sauvage.
Ce roman, fait de courts chapitres, entrecoupés d'extrait de courriers, d'articles de journaux, de notes de missionnaires, et de décisions de justice est très vivant.
Et que nous conte ce roman ?
La vision lucide de la mort de son peuple par un vieux chef Wabamahigan, indien du grand Nord canadien
Un monde où tout tournait rond a l'image du wigwam et du village
Le cercle universel est tout ce qui constitue son monde: soleil, lune, cycle des saisons, de la vie et de la mort, le corps des morts que l'on sangle pour lui redonner sa forme de foetus avant de le remettre dans le ventre de sa mère la terre.
Tout tourne, tout se renouvelle, tout est fluide. Alors les angles des maisons des blancs, les tombes creusées au carré, l'esprit anguleux fait de tromperies, la croix de ce Christ qu'on cherche à leur imposer ne sont pas pour eux
J'ai été très sensible à cette vision claire que l'auteur nous donne du choc de ces cultures : Carré versus cercle. Ça paraît simpliste mais c'est bien cela.
Bien sûr, vous l'avez deviné, ceux qui gagneront ce sont….les mauvais, les blancs, nous….
Car comment pouvaient-ils résister à l'appel de cette civilisation, la nourriture facile, le confort de l'électricité, des ski-doos, des moteurs de bateau ?
Aussi lorsque les blancs entreprirent les immenses chantiers de barrages hydro-électriques de la baie James. Pratiquement tous acceptèrent les indemnisations proposées par le gouvernement, en échange de leurs terres de chasse traditionnelles.
Seuls quelques irréductibles « maudits sauvages » tinrent tête à l'homme blanc se replièrent sur eux-mêmes et refusèrent tout en bloc. Leur chef Mestakoshi aura la « chance » de mourir avant de voir son arrière-petit-fils, désoeuvré, gratter des billets de loto en buvant son Coca-cola.
Quelle tristesse….mais un bien beau roman