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Citations sur Le Silence des armes (36)

Le curé sourit et poursuivit :
− J'ai beaucoup entendu parler de votre père. Il paraît qu'il ne mettait jamais les pieds à l'église, mais si ce qu'on m'a rapporté est exact, il était bien le seul du pays à se conduire en vrai chrétien. Et si je n'étais pas curé, j'ajouterais que s'il ne venait pas à l'église, c'est sans doute qu'il n'en avait pas besoin.
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Ce mot réveillait invariablement en lui la voix de son père : « Petit, tu comprendras un jour qu'il faut souvent aller contre la sottise des gens dont on veut le bonheur. Car il n'y a de bonheur possible que dans la paix. Et pour leur faire comprendre ça, c'est un sacré travail ! »
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Il y eut encore des hésitations, des reculs du soleil, mais, très vite, ce fut le triomphe de la lumière. Plus rouge de minute en minute, le ciel s'éleva, haussant ses nuages comme si le soleil eût soudain décidé d'imiter le vent et de rebrousser chemin.
Jacques dut lutter contre une envie soudaine de courir à travers près et vignobles à la rencontre de la lumière. Il se vit d'un coup immense, écartant les bras et embrassant tout cet immense horizon. Il se vit couché sur cette terre, et la prenant à bras-le-corps, l'étreignant comme une femme.
Face à cette averse de feu, face à ce vent qui arrivait enfin jusqu'à lui, il respira profondément. Ce soir était comme un matin d'espoir, comme l'aube d'un jour qui promettait monts et merveilles. Il y avait, dans cet instant, la manifestation d'une force secrète, mystérieuse, dispensant à la fois l'angoisse et l'espérance.
Il avait suffi de ce retour du vent pour que la journée se métamorphose au seuil de la nuit. Et le monde soulagé respirait. On le sentait en observant la plaine où tout recommençait de vivre. On l'entendait en écoutant la forêt qui chantait comme jamais Jacques ne l'avait entendue chanter.
Car derrière lui aussi cette aube du soir continuait son chemin. Et le vent s'engouffrait dans la reculée. Il l'emplissait de sa vie tumultueuse. Il débordait enfin sur le plateau où on l'entendait reprendre sa course et chercher son souffle avant de s'élancer à l'assaut des montagnes.
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Il se souvenait de ses camarades d'école qui lui disaient que son père était un vieux fou d'aller faucher les orties au bord des chemins pour les ramener dans son jardin. Il avait ri avec les autres, parce que ça faisait bien d'être contre les vieux qui veulent toujours vivre avec un siècle de retard. Et pourtant, il avait appris depuis que le ferment d'orties est ce qui fait le meilleur compost.
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Ils en parlaient de plus en plus calmement, parce que l'idée qu'il n' y avait rien à tenter commençait à s'installer en eux où elle coulait ce ciment de la résignation qui finit toujours par emmurer les pires colères.
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Rien. Il ne restait rien. En quatre années, la mauvaise herbe avait effacé les dernières traces de plusieurs générations de labeur. Lui, le soldat, le volontaire pour ailleurs, il avait également tué ça. Il avait tué jusqu'au souvenir des vieux. Son œuvre à lui, c'était ça. Là-bas : une œuvre de mort par sa présence. Ici : une œuvre de mort par son absence.
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La terre aussi se souvient. Elle est ce que l'on faite les saisons et les hommes qui l'ont travaillée, mais les années récentes s'y trouvent mêlées à l'empreinte des siècles lointains et ce mariage donne une seule force, une seule saveur.
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La mémoire des vivants était une plaque sensible, une cire gravée qui valait cent fois le marbre des monuments aux morts où plus personne ne s'attardait à lire les noms....Et les monuments à la vie, où sont-ils ? Les monuments à la gloire de ceux qui se sont tués à la tâche pour vous laisser une terre, quand est-ce que vous les élèverez ?
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Un père est comme Dieu, il peut tout pardonner pourvu que le repentir soit sincère.
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Il y a des choses qu'on ne peut pas porter. Des choses qui vous brûlent, qui vous taraudent le cerveau jour et nuit. Vous comprenez ? C'est ça, qu'il faudrait leur expliquer! Leur dire que la guerre ne tue pas que ceux qui reçoivent des balles. Elle détruit aussi les hommes à l'intérieur. La crasse est une terrible maladie.
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