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EAN : 9782277117421
282 pages
J'ai lu (04/01/1999)
4/5   60 notes
Résumé :
Guérit-on jamais de la guerre ? De quel combat meurtrier l'homme peut-il être fier ? Engagé pour cinq ans, Jacques Fortier a cru un temps à la noblesse des armes. Blessé, moralement détruit par les atrocités vécues en Algérie, il revient dans son village du jura pour quelques jours de convalescence. Repartir dans les Aurès, c'est accepter la haine et le sang, admettre l'absurde. C'est renier l'enseignement d'un père incompris, refuser les leçons de sa terre natale. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Bernard Clavel n'a pas son pareil pour dépeindre des hommes profondément attachés à leur pays, à leur activité ou à leurs traditions.
Des hommes francs et droits, prêts à défendre ce en quoi ils croient, et qu'ils veulent farouchement transmettre à leurs enfants : l'amour de leur terre ou de leur métier, leur façon de vivre.
Le père de Jacques est de ceux-là.
Jacques, jeune engagé volontaire lors de la guerre d'Algérie, revient dans sa maison natale le temps d'une permission. Ce retour va être l'occasion d'une prise de conscience et va faire naître de nombreuses interrogations.
Le jeune homme fragilisé va tout remettre en question, son passé et son avenir.

Ce roman est magistral.
L'auteur y excelle dans les descriptions, qu'il s'agisse des paysages qui prennent forme sous nos yeux ou des personnages qu'il met en scène. Tout est tellement vivant ! La campagne est magnifique, et ceux qui y vivent sont terriblement attachants.
C'est beau, c'est du Clavel au sommet de son art.

Il règne dans le texte un doux parfum de nostalgie. Pas de regrets amers et stériles, façon "c'était mieux avant", non, c'est plus subtil que cela. Bernard Clavel nous montre la douceur et l'authenticité du monde d'autrefois, celui des parents de Jacques.
Un monde de respect et de traditions, un monde que nous regardons parfois avec mépris, que nous trouvons lent, nous qui nous considérons comme modernes. Ce monde nous apparaît enviable sous la plume de l'auteur.
Cette lecture nous donne l'occasion de nous poser et de réfléchir un peu sur la façon dont nous voulons vivre. de nous interroger sur notre façon de considérer le temps.
Le temps !
Denrée de plus en plus rare à une époque où tout va trop vite, où nous sommes noyés dans un flot permanent d'informations que nous n'avons même plus le temps de digérer.

Bernard Clavel met aussi en avant l'importance des racines. Nous ne sommes pas des êtres hors-sol et interchangeables. Nous sommes issus d'un terroir, nous sommes héritiers de coutumes, de croyances, d'une histoire familiale. Nous avons été façonnés par notre famille, notre entourage proche, par ce que nous avons vécu au cours de nos jeunes années. Bien sûr nous pouvons décider de partir, de changer, mais nous conservons toujours en nous une marque forte de notre passé.
Jacques va comprendre tout cela, mais avec les traumatismes que la guerre lui a fait subir, la prise de conscience va être douloureuse et dévastatrice.
Et le doux roman va soudain changer de direction...

Ce livre est bouleversant.
Le lecteur suit Jacques dans son cheminement et grâce au talent de l'auteur, le comprend parfaitement. Comprend ses pensées, ses réactions, ses actes.
Écrit dans une langue limpide et magnifique, ce texte m'a prise aux tripes, jusqu'à un fin complètement folle qui m'a laissée hors d'haleine.
Du grand art !
Farouche pacifiste, Bernard Clavel a écrit là l'un des meilleurs plaidoyers que je connaisse contre la guerre.

"La guerre ne tue pas que ceux qui reçoivent des balles. Elle détruit aussi les hommes à l'intérieur."
Bien vrai, hélas.
Et que c'est beau le silence des armes !
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Scénario du roman d'un homme et de la nature se confrontant à sa nature.

Idéaux de colonisation, rêves de conquêtes et d'aventures d'au delà des frontières; et, réalités de l'homme.

Etre vivant, doué de raison et de renoncements se laissant entraîner par une nature plus égoïste qu'il n'aurait fallu.

Un homme se confronte à lui même et à ses espoirs déchus dans un face à face sans concessions.

Les lignes se succèdent, s'affrontent, se jaugent; puis, le chapitre se clos.

Un autre prend la suite mais les mots se décrivent et se souviennent.

Les questions se posent et les réponses se perdent, mais l'homme se retrouve dans cette nature d'équilibre et de repos, celui que l'on perd à trop vouloir changer les choses sans apprendre à les regarder et les comprendre.

A lire avec mémoire et silence de ces mots si éloquents que l'on ne sait plus retrouver.

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Nous sommes, dans ce livre, dans des descriptions de paysages, d'atmosphère et d'ambiance à la fois très imagées, très poétiques et suggérant par moments une réflexion profonde, avec des phrases bien rythmées, des sonorités qui reviennent, une grande richesse de vocabulaire mais sans effets spéciaux, sans grandiloquence ou métaphores hasardeuses...

Quel livre ! A vrai dire, tous les romans de Bernard Clavel sont ainsi : une immense réflexion, de la poésie, des images fortes, une fabuleuse et "légendaire" dimension d'humanité... Des histoires dramatiques et poignantes mais en toile de fond "une vraie beauté des êtres et des choses".
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Ça commence comme un roman de "terroir", qui nous offre une description amoureuse du Jura par l'enfant du pays qu'est Bernard Clavel : plateau, falaise, combe, reculée, source, vignoble, forêt, tout y est et tout y est décrit avec simplicité et talent. Même le vin jaune, "le roi des vins", celui qui vous tient debout toute la nuit, si on le boit le soir (chapitre 15) et qu'il faut pourtant ouvrir quatre heures avant de boire (chapitre 34).
Ça finit comme un plaidoyer pour la non-violence, la paix et le respect de la vie, et, en creux, comme un pamphlet qui compare le comportement de l'Armée française en Algérie à celui de l'Armée allemande en France pendant l'Occupation; le livre fera d'ailleurs polémique en 1974, douze ans après la fin de la guerre d'Algérie.
Le silence des armes raconte ainsi le retour au pays, pour convalescence, de Jacques Fortier, engagé volontaire en Algérie. le pays, c'est le Jura et son décor caractéristique. Bernard Clavel a vraisemblablement situé l'action de son roman à Château-Chalon, un des "plus beaux villages de France", renommé Castel-Rochère, situé sur le plateau dominant les "reculées" de Baume-les-Messieurs et de Ladoye, où coule la rivière Seille, renommée Guivre, et où il cite le -vrai- village de Nevy et imagine les -faux- villages de Closia et Maléria. C'est aussi la maison de ses parents décédés et qu'il a mise en vente.
L'engagement, c'est celui qu'il a signé dans l'armée pour cinq ans. Un engagement qui l'a conduit en Algérie, au coeur des "évènements". Un engagement que son père ne lui a jamais pardonné, et pour lequel Jacques revient chercher son pardon posthume.
Beaucoup d'introspection et de descriptions donnent à ce roman,  dépourvu d'actions jusqu'au coup de folie final, un rythme lent, un peu lassant, qui n'en fait pas le meilleur Clavel. Plus que l'hymne à la nature et que l'ode pacifiste, j'en retiendrai surtout, à travers l'évocation des figures du père et de la mère, le bel hommage qui leur est rendu.
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J'aime beaucoup le talent de Bernard Clavel, sa capacité d'évocation des personnages et des lieux, son style d'écriture, tout cela, je l'admire à chaque fois. Pour ce roman, j'ai ressenti le même plaisir, d'accord, c'est bien du “Clavel”. Mais habituellement, il y a quelque chose de plus, les personnages importants dans le livre nous tirent aussi vers le haut : bien qu'imparfaits, ils ont des qualités remarquables qui méritent notre respect et peuvent aussi nous inspirer positivement.
Dans “le silence des armes”, seuls les personnages secondaires sont dans ce cas, avec une amitié parfois bourrue mais surtout profonde et qui fait chaud au coeur. le problème sur lequel j'ai buté, c'est le personnage de Jacques, le personnage principal. Au début, on s'identifie à lui, il revient de la guerre d'Algérie, il a craqué et revient en convalescence dans son pays natal, situé dans le Jura. C'est quelqu'un d'attachant. Grâce à la nature, au souvenir de ses parents, aux villageois, au travail au jardin, il arrive à oublier un peu les horreurs de la guerre et se projeter positivement dans l'avenir. Il va donc mieux pour un temps.
Puis tout s'effondre et il bascule dans la folie. J'ai été choqué qu'aucun mot de Clavel ne condamne l'amalgame fait par Jacques entre militaire et assassin, entre chasseur et assassin. La vie d'un ivrogne semble ne rien valoir, ni celle des forces de l'ordre.

Je ne suis ni militariste, ni chasseur, mais je n'arrive évidemment pas à rester du côté de Jacques. Où est le bien pour Clavel ? Quelles sont ses valeurs ? Il semble qu'on doive se réjouir quand les forces de l'ordre ratent Jacques ou que ce dernier réussit à en abattre ! Clavel ne pourrait-il pas condamner la folie meurtrière au lieu de la présenter sous un jour si brillant ? C'est très choquant. Il y a une différence entre être pacifiste et être objecteur de conscience et encore une autre entre objecteur de conscience et forcené assassin.
On ne peut massacrer au nom de la non-violence. La lutte pour les idées est bonne, pas le meurtre. Je ne ferais pas lire ce roman à un jeune. Ce Clavel-là me choque.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Il y eut encore des hésitations, des reculs du soleil, mais, très vite, ce fut le triomphe de la lumière. Plus rouge de minute en minute, le ciel s'éleva, haussant ses nuages comme si le soleil eût soudain décidé d'imiter le vent et de rebrousser chemin.
Jacques dut lutter contre une envie soudaine de courir à travers près et vignobles à la rencontre de la lumière. Il se vit d'un coup immense, écartant les bras et embrassant tout cet immense horizon. Il se vit couché sur cette terre, et la prenant à bras-le-corps, l'étreignant comme une femme.
Face à cette averse de feu, face à ce vent qui arrivait enfin jusqu'à lui, il respira profondément. Ce soir était comme un matin d'espoir, comme l'aube d'un jour qui promettait monts et merveilles. Il y avait, dans cet instant, la manifestation d'une force secrète, mystérieuse, dispensant à la fois l'angoisse et l'espérance.
Il avait suffi de ce retour du vent pour que la journée se métamorphose au seuil de la nuit. Et le monde soulagé respirait. On le sentait en observant la plaine où tout recommençait de vivre. On l'entendait en écoutant la forêt qui chantait comme jamais Jacques ne l'avait entendue chanter.
Car derrière lui aussi cette aube du soir continuait son chemin. Et le vent s'engouffrait dans la reculée. Il l'emplissait de sa vie tumultueuse. Il débordait enfin sur le plateau où on l'entendait reprendre sa course et chercher son souffle avant de s'élancer à l'assaut des montagnes.
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Le curé sourit et poursuivit :
− J'ai beaucoup entendu parler de votre père. Il paraît qu'il ne mettait jamais les pieds à l'église, mais si ce qu'on m'a rapporté est exact, il était bien le seul du pays à se conduire en vrai chrétien. Et si je n'étais pas curé, j'ajouterais que s'il ne venait pas à l'église, c'est sans doute qu'il n'en avait pas besoin.
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Ce mot réveillait invariablement en lui la voix de son père : « Petit, tu comprendras un jour qu'il faut souvent aller contre la sottise des gens dont on veut le bonheur. Car il n'y a de bonheur possible que dans la paix. Et pour leur faire comprendre ça, c'est un sacré travail ! »
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Il se souvenait de ses camarades d'école qui lui disaient que son père était un vieux fou d'aller faucher les orties au bord des chemins pour les ramener dans son jardin. Il avait ri avec les autres, parce que ça faisait bien d'être contre les vieux qui veulent toujours vivre avec un siècle de retard. Et pourtant, il avait appris depuis que le ferment d'orties est ce qui fait le meilleur compost.
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paage 72 Avec un camarade, ils ont guetté longtemps cet oiseau dont son camarade avait repéré le nid. Ils ont guetté comme de vrais chasseurs et, lorsque l'oiseau est sorti, ils ont tiré au lance-pierres tous les deux. Qui a touché ? Impossible de le savoir, mais c'est lui qui rapportera l'oiseau car son ami est un habitué. La colère du père. Et ce nom : traquet rieur. Ce nom qui ricane, qui craque, qui dit que l'oiseau était fait pour la joie. Le désespoir du père qui lui a si souvent expliqué qu'il est absurde de tuer.
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