Citations sur Les Colonnes du Ciel, tome 1 : La saison des loups (33)
Ils avaient atteint une partie de la forêt plus clairsemée, juste avant la limite où elle mordait sur le replat. Ici, dominaient les charmes et les chênes encore feuillés, et le charretier fit quelques pas le long de l’arête pour gagner une roche nue d’où il pouvait voir vers le bas. Cette étendue de brume l’attirait.
les guerres de religion sont souvent les plus féroces.les haines qu'elle suscitent
sont les plus difficiles à apaiser.aussi ne
devrait on jamais défendre la foi avec les
armes.
Le jour déclinait. Le soleil atteignit une grisaille molle aux rebords ourlés d'or qui montait du couchant. Pas un murmure de vent, pas le moindre pépiement d'oiseau, seul dans ce silence épais le chant des sources feutré par la couche de neige qui les recouvrait.
Mathieu traversa le petit bois de la côte Versagne, et, lorsqu'il en sortit pour prendre pied sur le chemin des loges, le soleil achevait de disparaître. Une lueur rousse inondait encore la partie dégagée du ciel et son reflet étirait sur la neige l'ombre violette et lumineuse des murettes et des arbres.
Jamais il n'avait regardé cette terre comme ce religieux semblait l'avoir vue, dans une espèce de survol où les chemins, les villages, les torrents, les ponts, les terres labourées et les forêts finissaient par ressembler à un visage humain où se lisait la peine des hommes.
Ils avaient atteint une partie de la forêt plus clairsemée, juste avant la limite où elle mordait sur le replat. Ici, dominaient les charmes et les chênes encore feuillés, et le charretier fit quelques pas le long de l’arête pour gagner une roche nue d’où il pouvait voir vers le bas. Cette étendue de brume l’attirait. Là-dessous, il y avait une ville que menaçaient la guerre, la peste et la famine. Une ville qui pouvait, demain, être assiégée, investie et brûlée. Et c’était une chose qui paraissait impossible dans ce calme de la nuit.
(p. 124, Chapitre 10, Partie 2, “La plante de vie”).
Il y avait sur ces traits que la mort n'avait guère métamorphosés, comme la marque de quelque chose d'infiniment secret. Un peu l'indication mal formulée d'un grand mystère dont la clef se trouvait peut-être sous ces paupières qui ne s'ouvriraient plus.
Cette nuit était un immense drap mortuaire mouillé et glacé qui allait les envelopper tous d'un mouvement brutal.
Le tambour roule et le sol se dérobe.
Un éclair fulgurant brûle les yeux de Mathieu. Quelque chose se déchire en lui du haut en bas de son corps avec un craquement terrible qui lui ouvre les portes de l'inconnu (chapitre 36).
Son visage ne reflétait aucun trouble. Il semblait tout entier habité par une belle force tranquille qui faisait un peu penser aux gros arbres dont la bourrasque ne fait remuer que les petites branches (chapitre 2).
C'était un jour avare de lumière et qui n'irait probablement pas au soir sans amener la pluie (chapitre 1).