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Certains auteurs possèdent le talent de nous restituer l'enfance, sans mièvrerie ni sensiblerie. Jennifer Clement réalise ce petit miracle en nous plaçant exactement à hauteur d'enfant. Nous suivons donc Pearl, douze ans, enfant diaphane élevée par sa mère sur le parking visiteurs d'un camp de caravanes situé au bord d'une décharge, dans un coin perdu de Floride. Margot, sa mère, a été une adolescente fugueuse. Elle a disparu du domicile familial avec son nouveau-né dont elle avait accouché clandestinement. Leur vie à toutes deux s'est faite là, dans une Mercury garée sur le parking, entre débrouillardise et rêves nés de l'imagination fantasque de Margot. Mais Pearl comprend vite que l'arrivée du mystérieux Eli va solder de manière définitive leur mode de vie soigneusement organisé et surtout emporter Margot sur la voie dangereuse des existences déraisonnables. Séduite, celle-ci abandonne son travail d'aide-soignante, brade les souvenirs fastueux de son passé et, surtout, délaisse Pearl qui ne trouve plus sa place dans le cocon automobile.
Jennifer Clement saisit chez Pearl ce passage de l'innocence à la perception crue d'un monde où l'avenir d'un enfant compte moins que les désirs et les appétits des adultes. Que ce soit le désir de romance de sa mère, l'appétit de lucre du pasteur ou les magouilles du bel Eli, tout se décidera comme si elle n'avait plus sa place dans la recomposition de l'univers qui avait été jusqu'alors le sien. Il n'y a aucune révolte visible chez Pearl, juste une lente implosion qui la laisse étourdie sur le bord du chemin.
L'écriture magnifique de Jennifer Clement se pose sur le récit avec une douceur qui en atténue le désespoir. Sa touche poétique nous embarque dans un monde parallèle qui n'est pas celui d'un camp de caravanes délabrées, celui de la décharge toute proche, ou de la rivière polluée, mais celui des paradis de l'enfance, des libellules et des monstres qui vivent sous l'eau. Nous le regardons avec les yeux d'une enfant qui porte la beauté et la tendresse au plus profond d'elle-même. Cela n'empêche pas cette petite fille de voler des cigarettes, d'étiqueter des armes et de juger avec lucidité le comportement des adultes qui l'entourent. Avec humour, avec ironie, avec fatalisme parfois.
On en viendrait presque à ne pas parler du sujet qui sous-tend le roman, c'est-à-dire la prolifération des armes dans un pays en paix. Un commerce lucratif, un trafic juteux, un fléau social qui amène son lot d'individus estropiés, de victimes du stress post-traumatique, d'orphelins et de criminels… L'habileté de l'auteure est de ne pas en faire un livre à thèse, un plaidoyer ou une dénonciation en règle, mais d'aborder cette question comme un fil rouge qui traverse tout le livre.
Voici un grand roman qui rejoindra sans peine Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, Dans le silence du vent de Louise Erdrich ou encore Les étoiles s'éteignent à l'aube de Richard Wagamese.
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Jennifer Clement : Balles perdues. Traduit par Patricia Reznikov. Flammarion

Résumé de l'éditeur :
Sur le parking d'un camp de caravanes, en plein coeur de la Floride, Pearl vit à l'avant d'une Mercury avec sa mère Margot qui dort sur le siège arrière. Elles se sont créé un quotidien à deux, fait de chansons d'amour, de porcelaine de Limoges, d'insecticide Raid et de lait en poudre. Outre ce lien fusionnel, l'adolescente peut aussi compter sur sa meilleure amie, Avril May, avec qui elle fume des cigarettes volées au bord d'une rivière pleine d'alligators, et sur les autres personnages excentriques des caravanes voisines. Mais cet équilibre fragile bascule à mesure que Pearl prend conscience du trafic d'armes qui s'organise autour d'elle, tandis que sa mère s'abîme dans sa liaison avec Eli, un mystérieux Texan au passé trouble qui prend peu à peu sa place dans la Mercury.
La relation mère-fille décrite dans le roman est très touchante : Margot a conservé des objets de son passé afin de transmettre à sa fille une part de l'histoire familiale qu'elle préfère lui taire. Elle donne aussi à Pearl beaucoup de leçons de vie qui donnent lieu à de jolis dialogues.
Tant que toutes deux se trouvent protégées dans l'univers clôt de leur voiture/maison, elles réussissent à vivre en sécurité, leurs journées étant rythmées par de petits rituels instaurés par Margot afin de conserver une impression de vie « normale ». Mais avec l'intrusion des armes à feu, leur équilibre précaire va être peu à peu perturbé. La pure Margot, jeune femme en quête d'amour, tombe dans les bras d'Eli, petit voyou trafiquant d'armes ; le monde fragile de Pearl s'écroule.
p. 92 : « Lorsque le pasteur a prononcé le nom d'Eli, je ne savais pas encore que tout irait mal. Je ne savais pas que ma mère serait un jour la biche que cet homme allait chasser. Je ne savais pas que son nom serait la chanson qui allait résonner dans son corps. »
p. 97 : Ma mère était si gentille qu'elle l'était trop.
Un très beau roman, découvert grâce au #PicaboRiverBookClub


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Pearl vit à bord d'une Mercury avec sa mère sur le parking d'un camp de caravanes en Floride. Sa vie pourrait paraître triste, mais elle est bercée par les chansons d'amour que lui fredonne sa maman, déjeune dans de la porcelaine de Limoges dans une atmosphère “ Raid ” pour éloigner les suceurs de sang.

“ Ma mère avait raison. Dans notre coin de Floride, tout était perturbé. La vie était toujours comme une chaussure qu'on aurait mise au mauvais pied. “


Et pourtant, malgré tous les conseils maternels qu'elle lui prodigue, quand un mystérieux bellâtre surgit et envahit peu à peu leurs espaces , les beaux jours semblent s'éloigner, et leurs complicités se fragilisent. 


” Quand je repense à ma vie dans la voiture, je la vois divisée en deux parties : avant que ma mère ne rencontre Eli et après. Ces mots, avant et après, sont comme des heures marquées sur une pendule. “ 



Tout bascule, quand Pearl prend conscience de l'importance des armes qui circulent autour d'elle.


" Dans notre coin de Floride, on avait tendance à faire cadeau d'une balle à tout et n'importe quoi. Juste pour le plaisir. “



Le camps semble caché derrière ses airs de refuge, un véritable trafic d'armes. 
Et quand les armes sont de sorties, on est jamais à l'abri de balles perdues. 


” Tu crois que tu as eu ta dose de tragédie, et voilà. Tu crois que la situation est peut pas être pire et qu'à présent tu es sauvée. Mais la tragédie ce n'est pas comme un médicament. On ne te donne pas une dose définie, dans une cuillère ou dans un comprimé. La tragédie s'invite en permanence. “ 


Ce que j'en dis : 

Dès les premières pages, Pearl avec sa voix tout juste sortie de l'enfance nous confie son histoire peu ordinaire. Cette jeune demoiselle très éveillée et très débrouillarde porte déjà un regard très réaliste sur le monde qui l'entoure. Elle a déjà compris que la vie ne fait pas de cadeau et qu'il faut profiter de tous les petits bonheurs qu'elle nous offre tout en restant vigilante.

Non démunie de fantaisie mais aussi d'esprit, cette histoire dénonce le sort des plus démunis, mais aussi les ravages causés par toutes les armes qui circulent aux États-Unis. 

J'ai retrouvé avec grand plaisir la plume lyrique de l'auteur, qui m'avait déjà conquise à travers son précédent roman : Prières pour celles qui furent volées, où elle restituait le destin parfois cruel de jeunes filles en fleurs.
Une auteure qui dévoile son côté féministe et engagée avec une plume pleine de tendresse, d'humour et d'amour où la poésie l'emporte sur la tragédie. 

Un très beau roman, assez bouleversant qui fait sourire et qui attire parfois les larmes.
On ne peut rester indifférente à l'histoire de Pearl et à la magnifique écriture qui l'accompagne.

Il fait bon de retrouver une écrivaine que l'on apprécie énormément et partager avec les futurs lecteurs son enthousiasme, en espérant qu'ils se laisseront convaincre par ce joli coup de coeur. 



Je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour m'avoir permis de bien commencer cette nouvelle rentrée littéraire avec ce roman plein de charme. 

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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J'aime bien les romans américains. Les romans qui nous racontent la vie de familles américaines. Balles perdues de Jennifer Clement me semblait donc parfait. D'autant que ce serait l'occasion de découvrir la plume de l'autrice – j'avais hésité à lire l'un de ses précédents romans Prières pour celles qui furent volées.

Balles perdues, c'est l'histoire de Pearl, une gamine qui vit avec sa mère dans une voiture qui s'est posée un jour sur un terrain de caravanes et n'a plus jamais bougé depuis. Pearl n'a jamais eu d'autre maison que cette voiture. Pas d'autre horizon que le terrain de camping, la décharge à côté qui est son terrain de jeux et l'école pour les pauvres comme elle.

Pearl n'a pas d'acte de naissance, pas d'existence. Sa mère, Margot, s'est enfuie après l'avoir eue. Elle a quitté sa famille et son confort bourgeois pour vivre comme une paumée, mais avec sa fille. Margot est un personnage lunaire qui finit par tomber sous le charme d'un mauvais garçon. Les mauvais garçons, elle les aime bien. Elle peut lire les blessures qu'ils ont en eux. Alors que Pearl voit sa mère s'éloigner d'elle, un trafic d'armes se monte sur le terrain de caravanes. Et avec les armes arrivent de mauvaises personnes…

Balles perdues est un roman assez étonnant. A la fois sombre, triste et poétique. Ne comptez pas sur lui pour vous donner le moral, vous seriez déçus. En revanche, si vous appréciez, comme moi, de sortir de votre zone de confort et de découvrir le quotidien des autres, ceux qui sont le plus souvent laissés pour compte, alors vous pourriez bien aimer Pearl, la petite albinos. Mais même moi, je dois vous avouer que j'ai eu du mal à ne pas laisser l'ombre envahir toute la poésie de ce roman, à ne pas me laisser envahir par le spleen. Vous êtes prévenus.

Merci à Babelio et Flammarion pour l'envoi de ce roman.
Lien : https://mademoisellemaeve.wo..
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Après la découverte émerveillée de la plume de Jennifer Clément, avec son premier livre "Prières pour celles qui furent volées", j'étais ravie de la retrouver avec Balles perdues. Et pour moi, l'essai est confirmé. L'auteure réussit à merveille à restituer la voix authentique et émouvante de Pearl, la narratrice de Balles perdues, adolescente de 14 ans, élevée par sa mère dans une Mercury sur le parking d'un camping. Après la voix de Lady di dans Prières..., faire écouter les ados aussi désenchantées que formidablement énergétiques et même optimistes se confirme être LE talent absolu de l'auteure.
Pearl vit avec Margot, sa mère de 17 ans son aînée, personnage lumineux par sa fragilité et sa quête d'idéal. Née avec "une cuillère en argent dans la bouche" comme le dit un. personnage du livre, elle a quitté un père froid et dominateur, son nourrissons sous le bras et s'est installée dans cette voiture pour quelques jours ... et finalement pour des années.
La force de Jennifer Clément est de dépasser la dimension éprouvante du quotidien de Pearl - sa chambre est la banquette arrière de la voiture, elle pose un oreiller sur le changement de vitesse pour faire un lit, les affaires de sa mère et d'elle-même sont rangées dans des sacs de supermarché...- pour nous offrir de très beaux instants de complicité entre la mère et la fille, des moments de bonheur même. J'ai aimé aussi le regard décalé, non dénué d'humour de l'auteure pour décrire les personnages hauts en couleurs, qui vivent dans les 4 caravanes à côté de Margot et Pearl. Pearl est un petit bout de femme formidable de résiliance et finalement aussi forte que sa mère est fragile - peut-être parce que née dans une voiture, elle n'a rien à perdre. Margot n'est pas faite pour cette vie, nous le savons dès le bref et magnifique premier chapitre du livre : "Mademoiselle Douceur", elle sera broyée par un "grand méchant loup", Ellie, qu'elle rencontre et aime désespérément.
Ce livre contient beaucoup de choses : une histoire immersive et lyrique, des personnages émouvants et profonds, surtout la petite Pearl, aussi inoubliable que la Lady di de Prières, une critique acérée mais non lénifiante du dénuement dans lequel la société américaine laisse cette jeune mère célibataire à l'instar du Sergent Bob, pourtant vétéran ou d'une professeure d'université, ruinée par les frais de santé causés par la maladie de son mari, un regard juste et sensible et une plume vraiment superbe. Et voilà donc mon troisième coup de coeur de l'année et la confirmation que je lirai chaque mot que Jennifer Clément écrira.
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Je suis tombée en amour avec le style de cette auteur.
Balles perdues c'est le récit de Pearl, jeune adolescente qui vit dans une voiture avec sa mère, pourtant issue d'une famille aisée et qui vivait dans une énorme maison pleine de domestiques. Cette mère d'une empathie démesurée, assure ressentir ce qu'éprouve les gens. SI elle a senti le malheur approché ca ne l'a pas empêché de tomber amoureuse du méchant Loup, Eli qui débarque “par effraction” dans leur vie et dans leur voiture, forçant Pearl à se trouver un refuge dans la décharge dans laquelle elles vivent. Au même moment, se sont les armes qui commencent à se multiplier dans la décharge.
L'histoire m'a happée dès les premières lignes avec cette belle écriture où l'environnement nous enveloppe avec la décharge, les odeurs, les alligators et surtout la chaleur pesante. Pearl est un personnage attachant tout comme sa mère un peu loufoque avec son trésor dans le coffre.
J'ai adoré le style très poétique et imagé. Toutes ces images m'ont rappelé l'écriture de Mathias Malzieu. Rien à voir bien sur avec les histoires mais la beauté qui ressort de toute cette tristesse.

Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Rentrée littéraire #3

C'est une lecture que j'ai apprécié plus pour le fond que pour la forme.

J'ai, malheureusement, trouvé l'écriture pas assez aboutie. C'est vraiment dommage car l'écriture finit par déservir le livre alors qu'elle aurait pu le magnifier.

Par contre, le fond de l'histoire est, lui, très intéressant et prenant. Jennifer Clement nous dresse le portrait de Margot - la mère, aristrocrate qui a fui sa famille lorsqu'elle était enceinte - et de Pearl - la fille / l'ado - qui vivent dans une voiture, semblable à une minuscule caravane résidentielle plantée dans un parking de Floride. le décor est planté: nous sommes dans l'Amérique des démunis, les protagonistes de cette communauté participant soit à un trafic d'armes, soit à un trafic de drogues... ou les deux.

L'arrivée d'Eli dans ce duo mère-fille ne va rien arranger, au contraire! Développer les autres thèmes du roman m'obligerait à spoiler le livre et, comme ce n'est pas mon genre, je vous invite à le lire afin de découvrir les thématiques développées dans les deuxième et troisième parties (très réussies).

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Un roman que j'ai reçu dans le cadre de la rentrée littéraire 2018.

L'histoire se déroule en Floride, dans un parking sur lequel Pearl et sa mère ont élu domicile au volant d'une Mercury.

Pearl n'a jamais connu d'autres maisons que cette voiture et ça ne la dérange pas plus que ça. Elle et sa mère sont très proches, malgré la situation difficile dans laquelle elles vivent, les deux sont très complices, se racontent leurs journées et profitent de la vie.

Margot, la maman de Pearl, est une jeune femme très intelligente qui est partie de chez elle quand elle est tombée enceinte à 17 ans. Étant fille unique d'une famille aisée, ses parents n'auraient jamais accepté qu'elle garde l'enfant (surtout en apprenant qui est le père). Aussi, elle prépare son évasion pendant 9 mois, prend des provisions et part au volant de la Mercury jusqu'à un parking pour caravane.

Tout allait bien, Pearl va à l'école, part jouer à la décharge avec Avril May et apprend des choses incroyables auprès de sa mère.

Mais un jour tout bascule, lorsqu'un homme débarque dans le village. Un homme au nom d'Eli, qui est un trafiquant d'armes. La mère de Pearl tombe sous le charme du mystérieux homme et la relation avec sa fille va se dégrader petit à petit.

Ce roman était vraiment intéressant, mais aussi très intense à lire. Pearl vit dans un quotidien très difficile, et même si elle semble s'être habituée, on sait que ce n'est pas l'endroit pour élever une petite fille.

Pourtant heureuse de ce quotidien, Pearl se sait être jugée par tous les autres et doit à tout prix éviter d'attirer trop l'attention, au risque que la police ou la protection d'enfant viennent se mêler de leurs affaires.

En plus de ce quotidien particulier, Pearl se retrouve bien malgré elle, mêlée à un trafic d'armes illégales. Des fusils et des mitraillettes qui ont servi à mettre fin à la vie de plusieurs personnes.

Même si elle est consciente de la dangerosité de ces machines de guerres, Pearl ne se rend pas compte de ce qui se trame vraiment et c'est la que l'auteur met en avant l'innocence. L'innocence de ces enfants si jeunes, qui se retrouvent confrontés à des situations effroyables et qui vont en payer le prix cher. Des enfants qui ne demandent rien, qui veulent simplement vivre leur vie.

Les personnages que va rencontrent Pearl ne seront pas toujours sympathique, emphatique ou protecteur envers elle. Et les situations qu'elle va devoir affronter l'emmènent vers cet acte décisif et brutal qu'elle va prendre à la fin du roman. Une fois qu'on le referme, on se dit qu'il n'y avait pas d'autres moyens de terminer l'histoire.

Au travers de cette histoire touchante et alarmante, l'auteure dénonce les ravages que les armes à feu et les trafiquants cause à des enfants et des familles. le sujet est d'actualité et la manière dont il est abordé, avec l'innocence des yeux de Pearl, montre à quel point ces machinations sont infâmes et doivent être interdites.

Un très beau roman qui envoie un message puissant, qu'il faut écouter et dont il faut prendre conscience.
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J'ai été assez troublé par « Balles perdues » de Jennifer Clement.
C'est l'histoire de Pearl, petite fille puis adolescente en Floride. Elle vit avec sa maman dans une voiture garée sur le parking visiteur d'un camping qui abrite quatre ou cinq caravanes. Situé à proximité d'une décharge, bordé par une rivière infestée d'alligators et longé par une autoroute, l'endroit ne fait pas rêver pas plus que la misère de leur existence. Pourtant l'enfant et sa mère sont parvenues à s'y construire un monde très personnel et qui est comme une bulle dans cet environnement plutôt glauque et dans lequel les armes à feu sont omniprésentes : tirs à l'aveugle dans la rivière pour se débarrasser des alligators, opération de recueil des armes par le pasteur qui habite l'une des caravanes, nettoyage de ces armes dans une autre caravane, etc. C'est dans cette bulle qu'un homme, un protégé du pasteur, débarque dans la vie de la mère. A la faveur, si j'ose dire, d'un drame que je ne raconterai pas Pearl quitte cet endroit mortifère et se retrouve dans un foyer d'accueil où elle passe des moments qu'on peut qualifier d'heureux puisqu'elle devient même amoureuse, mais son passé, les caravanes, les armes à feu finissent par la rattraper. Elle s'enfuit et c'est un autre drame qui conclut le livre.
Cette histoire est racontée à la première personne par Pearl. C'est son point de vue sur les gens et les choses qui est transcrit par l'auteure. Et c'est bien entendu de là que provient le malaise : la brutalité infinie de ce qu'elle vit, le trafic d'armes, les meurtres, la pauvreté, sont vus et décrits du point de vue d'une petite fille ou d'une adolescence que ne protège évidemment pas les chansons d'amour qu'elle chantonne avec sa mère ou les proverbes sentencieux débités mécaniquement par un autre personnage féminin.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre étonnant.
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Pearl a 13 ans; elle tient son nom de sa pâleur et de ses cheveux presque blancs. Elle habite avec sa mère une voiture sur un terrain de camping à l'abandon. Pearl ne connait rien d'autres que les quelques habitants des caravanes, l'école et la douceur de sa mère. Cette dernière a grandi dans une riche famille, elle en garde encore de beaux objets dans le coffre de sa voiture, mais elle a fui avec son bébé, après l'avoir caché quelques mois dans l'armoire de sa chambre. Cette mère ressemble à un enfants, elle est dévouée aux autres, voire attirée par leurs souffrances. C'est ce qui va causer sa perte, quand elle va se rapprocher d'Eli, un homme arrivé de nulle part, souffrant et doux, en fait trafiquant d'armes. Son arrivée signe la fin de 'insouciance pour Pearl et la fin des illusions pour le lecteur: le camping de marginaux est en fait un haut lieu de traffic d'armes et le pasteur (en est-il vraiment un?) les rachète soit-disant pour aider ses fidèles à changer de vie... une belle histoire d'amour mère-fille mais aussi une dénonciation des ravages des armes aux USA et de l'indifférence aux sort des pauvres... qui peut mener tout droit à la catastrophe
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