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EAN : 9782267029420
201 pages
Christian Bourgois Editeur (03/03/2016)
4.13/5   66 notes
Résumé :
New York, dans les années 1980 : une ville fascinante et un peu folle. Berceau du hip hop et de la culture underground, elle débordait d'une énergie créative inégalée qui a vu naître les créations artistiques parmi les plus significatives du XXe siècle. C'est à cette époque que Jean-Michel Basquiat - aujourd'hui l'un des peintres les plus côtés sur le marché de l'art, régulièrement exposé dans les plus grands musées du monde - est devenu un artiste d'avant-garde. Du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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ART, SEX & DRUGS…
Milieu de l'art new-yorkais dans les années 80, un célèbre peintre en devenir, noir américain, d'origine afro-portoricaine, avant-gardiste, ayant débuté par des graffitis. Nom majeur de l'art contemporain aujourd'hui.

Son obsession : l'absence d'artistes noirs exposés dans les musées, et sa mère lui en a drôlement fait visiter pourtant.
Suzanne Mallouk, sa muse, son Amour avec un grand A, malgré Andy Wharol, autre A, et malgré tous et toutes les autres. Elle, celle qui a tout supporté, qui l'a aimé en lui cédant tout, jusqu'au bout, jusqu'à sa mort à 27 ans, le club des 27 lui aussi. Les génies et la drogue, est-ce un mariage obligé ? Je me pose la question.

Ils avaient eu le même genre d'enfance, marquée par les coups, et la vie les a réunis, flottant dans une brume de fumée et de poudre blanche, ambiance souvent glauque, ou l'amour et la violence se sont parfois côtoyés.
La veuve Basquiat, c'est pour moi l'histoire incroyable d'une femme avant tout, et de sa résilience. Ancienne droguée, accro à son artiste peintre underground, à la coke, et à toute la batterie de cames et d'alcool, elle s'en est merveilleusement sortie : elle est devenue, après de brillantes études entamées en 1988 (après le décès de Basquiat) à la faculté de médecine, psychiatre et psychothérapeute. Stop drugs.
Elle s'est réparée en soignant les artistes souffrant d'addiction.

Je ne connaissais pas du tout Jean-Michel Basquiat, cet artiste pourtant très coté, l'art contemporain ne me parlant pas vraiment, bien qu'ayant essayé. Mais Jennifer Clément (amie de Suzanne) s'y prend tellement bien, avec un style enlevé, très imagé, mais aussi très sombre, comme des photos d'un album en noir et blanc que l'on feuilletterait, que je l'ai lu d'une traite.
Je me sens plutôt cafardeuse après cette lecture. En cause : le mal-être de ces deux jeunes qui se détruisaient, il y a 30 ans, leur entourage (on trouve des noms comme Madonna) qui en faisait autant, le racisme, et finalement le ravage du sida. Les deux amants y échappèrent.

Est évoquée également la maltraitance des noirs par la police (sujet malheureusement encore d'actualités aux USA de temps en temps) avec l'affaire de Michael Stewart, un de leurs amis — amants, tabassé à mort (deux ans après la mort, jour pour jour, de cinq jeunes filles tuées par le Ku Klux Klan), et pour qui elle s'était plus qu'engagée dans un combat usant.

Drôles de vie, drôles de destins.

Une lecture qui m'a bousculée.
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Suzanne et Jean-Michel. Un roman vrai, le collage d'une folle histoire entre un jeune peintre qui à 25 ans a déjà tout donné et sa muse, son amante, sa force créatrice.

Un roman collage qui se lit et se vit comme le débordement d'une toile de Basquiat. Une histoire crue qui parle de la fièvre qui embrasait Manhattan dans les années 80. Chaos, Folie, argent, amour passion, Jennifer Clément dans un style net et haché donne à voir un artiste et sa muse en action.

L'art de Basquiat « The Radian Child » éclate à chaque page : un peintre et sa ville, une époque, lisez Jennifer Clément.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Traitement original pour cette biographie de Jean-Michel Basquiat, l'homme qui a brûlé sa vie par les deux bouts, comme Jimi Hendrix. Une succession de faits, entrecoupé de paragraphes en italique censés représenter les souvenirs de sa muse Suzanne Mallbrouk. Je note la similitude des parcours Basquiat/Mallbrouk et Mappelthorpe/Patti Smith. L'un se consume et l'autre poursuit son existence choisissant la prudence, la vie. Pour le meilleur, mais sans doute aussi pour le pire (des souvenirs extraordinaires comparés à une vie morne associée à l'inévitable décrépitude)
Pour une biographie de Jean-Michel Basquiat, le livre "Eroïca" de Pierre Ducrozet me semble plus intéressant car il n'est pas une succession d'éléments factuels.
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BASQUIAT, UNE VIE EN GRANDS FORMATS : peinture, créativité tous azimuts, amour, drogues, années 80.

C'est les dernières années de la vie du peintre que Suzanne,"Vénus" comme il l'appelait, nous invite à partager au plus près de l'os avec comme toile de fond, le bouillonnement propre au New-York de cette période, le racisme et les débuts de la procession morbide du sida.

Et c'est ce qui fait la puissance de ce témoignage, et le rend passionnant. Il montre l'énergie qui habite et nourrit le processus créatif au quotidien et ses ramifications avec la vie, (passée, présente, sordide ou pas), les personnes fréquentées et qui souvent l'ont aidé : Wharol, Diego Cortez qui l'a exposé pour la première fois, Madonna ... Cette proximité avec Basquiat nous laisse entrevoir cette magie (noire parfois), plus que n'importe quelle biographie.

(DE)DOUBLEMENT DES PERSONNALITES

"Tout était symbolique pour lui. Sa façon de s'habiller, de parler, de penser, qui il voyait. Tout devait être prolifique, sinon, pourquoi le faire et son attitude était toujours ironique. Jean ne cessait de s'observer de l'extérieur et d'en rire"

Des observations générales, des souvenirs de Suzanne sont exposés et distanciés à la troisième personne. Ils sont complétés par des textes écrits comme un journal intime avec italique et à la première personne.

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Jean -Michel, lui aussi a une personnalité très complexe (une seule ne lui suffit pas). Tantôt monstrueux et tyrannique, tantôt protecteur et ange de douceur ou tout ça dans un autre ordre. Leur vie a peut être été marquée du sceau de la violence vécue dans leur enfance.

Pendant une période, elle restera sous une table "Comme une petite chatte qui déniche une cachette. de là, elle regarde Jean-Michel peindre, dormir, se droguer...Il prend un livre, le journal ou ce qui lui tombe sous la main. Il trouve un mot ou une phrase et le peint sur sa planche ou sa toile" Quand Suzanne geint, JM dit : "Ta gueule, Vénus. Je sais ce que c'est que d'être attaché comme un animal avec un bol de riz par terre. Un jour, j'ai compté mes bleus et j'en avait trente deux"

La passion partagée par ces deux enfants terribles, à n'en pas douter, est aussi au centre du livre, mais traversée par l'impossibilité d'avoir une communication "normale" et l'addiction de plus en plus obsessionnelle et fatale de J.M.

Mais tout aboutit à la création de graffes, musique et peintures, 24/24, menée dans une profusion quotidienne de cocaïne puis d'héroïne. Là aussi, la démesure rend Basquiat extra-ordinaire. Au final, la notoriété récoltée ne lui apportera rien, au contraire.

"Il était devenu si célèbre que tout était très tendu entre nous. On l'appelait du monde entier pour le porter aux nues. C'était très triste parce qu'apparemment, cela ne lui faisait aucun plaisir... Il détestait les critiques d'art qu'il qualifiait de "larves".

La fin de cette histoire d'amour ne sera pas brutale, mais sera le fruit d'un long processus entamé par Suzanne pour reprendre le contrôle de son existence. Elle entamera une nouvelle vie après avoir mené des études pour devenir psychothérapeute et oeuvrer à la guérison d'artistes souffrant d'addiction tout en écrivant.

Je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec l'enthousiasmant livre de Patti SMITH "Just kids" décrivant son arrivée à New York dans les années 60, le déploiement de ses talents en même temps que ceux de Robert Mapplethorpe et leur relation amoureuse puis amicale très forte. Dailleurs, je vais prochainement chroniquer "M. Train" sur une autre période la vie de la poétesse, plus récente.

A la fin du livre, Suzanne CLEMENT se rend avec quelques amis rescapés de la drogue et du sida à la magnifique exposition de 2010 organisée à la Fondation Beyeler de Bâle et se rappelle que les graffeurs de New York disaient entre eux " Allons écrire" ou alors "Tu es écrivain ?".
Lien : http://litterature.calice68...
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Jennifer Clement, une amie de Suzanne Mallouk, dite La veuve Basquiat, retrace avec justesse et intimité le parcours de cette jeune fille audacieuse qui a partagé sûrement plus que tout autre la vie du célèbre artiste Jean-Michel Basquiat, dont vous avez probablement déjà vu les peintures. Elle raconte son histoire comme si elle y était, d'autant plus que le livre est entrecoupé des témoignages directs de Suzanne, qui raconte les choses avec fraîcheur et empathie.

Que vous connaissiez ou non Basquiat, vous pouvez lire ce livre comme la biographie courte et explosive de deux jeunes amants ambitieux souhaitant révolutionner l'art et les mentalités dans le New York des années 1980. On y voit notamment une certaine ardeur à combattre le racisme - avec des exemples parfois très prenants et extrêmement touchants - , mais aussi à vouloir faire du quotidien une aventure riche en émotions et en créativité - ça, ils y seront arrivés. Mais à force de vouloir brûler la chandelle par les deux bouts, on se laisse vite embraser par la passion. Ou la drogue. Ou les deux. Sans oublier les accès de violence causés par cette dernière, dont ils se seraient bien passés, ayant eu tous les deux une enfance assez fracassante.

C'est ainsi que Suzanne - la Vénus - se retrouve en quelque sorte emprisonnée dans la cage Basquiat, amoureuse mais fatiguée et abîmée, avec une envie de s'en sortir assez mitigée. On la voit donc s'accrocher éperdument à cet homme qui se veut sauvage, indomptable, capricieux, perdu et dominateur - et on se retrouve finalement soulagés quand elle arrive enfin à s'en défaire, pour aller faire sa vie ailleurs, devenir quelqu'un, s'improviser artiste.

Ce livre se lit d'une traite, son écriture est tout bonnement parfaite, pleine d'innocence et de sourires en coin, colorée et zigzagante. On en apprend également beaucoup sur l'homme et l'artiste qu'étaient Basquiat, sur la façon dont il créait ses peintures, sur ses sources d'inspiration, sur le message qu'il voulait faire passer, sur ses travers également. Vous découvrirez aussi quelques autres personnes qui ont aidé à faire évoluer l'art américain à cette période. Plus que tout, ça a été un vrai bonheur que de découvrir celle qui s'était tapie dans son ombre, une petite grande dame généreuse, douce, enfantine, pleine de rêves et de caractère.

Un récit d'écorchés vifs, éclaboussant, rayonnant et intense.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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critiques presse (2)
Telerama
04 mai 2016
Variations bouleversantes autour des confidences de Suzanne Mallouk sur sa liaison tendre et toxique avec Jean-Michel Basquiat.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
05 avril 2016
Ce livre jette un éclairage passionnant sur la vie fulgurante d'un artiste disparu à 27 ans, dont l'œuvre est aujourd'hui l'une des plus cotées du marché de l'art.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Jean-Michel a trouvé Suzanne comme une petite boîte, un vieux manteau, un cent sur le trottoir, a trouvé un petit garçon-fille comme lui. Lui aussi connaît son squelette. Enfant, il a été renversé par une voiture et sa mère lui a donné l’Anatomie de Gray à lire à l’hôpital. Il a réparé ses os par sa seule volonté. Il sait jusqu’où il faut plier un bras pour frapper, quels os peuvent être fracturés et lesquels lui font traverser la rue. Il connaît son ombre dépourvue d’os qui disparaît pendant l’été. Il est dans un groupe qui s’appelle Gray. Les musiciens jouent dissimulés dans des boîtes. (…)
Jean-Michel vient tous les jours au bar. Il lit à Suzanne ses poèmes tirés des « Carnets noir et blanc ». Il l’appelle Vénus. Il lui dit qu’il pense à ses pieds, pense qu’ils sont toujours sur terre. Il veut toucher ses pieds. Il lui demande d’enlever ses chaussures pour venir marcher avec lui dans la rue.
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Dans une salle du fond, Suzanne et moi tombons sur son vieux réfrigérateur couvert de gribouillis des Basquiat et les mots "TAR, TAR" griffonnés sur la porte. Il était toujours dans sa cuisine au 68 de la 1e Rue Est. Elle l'a vendu cinq mille dollars chez Sotheby's et il a été acheté par Andy Wharol. En le regardant nous nous souvenons de son appartement aux murs couverts d'éclaboussures et aux interstices du parquet pleins de résidus de bâtons de peinture à l'huile.
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Me sens grise, dois partir
C’est facile. Tu vends tout ce que tu possèdes et tu achètes un billet. Même si tu n’as nulle part où aller, il y a des mots qui doivent chanter intérieurement. Suzanne a les mots magiques qui vont la transformer en un drapeau rutilant et qui vont lui révéler la longueur de ses bras. Les mots sont : Hôtel Seville, New Yprk City. C’est facile. Tu vends tout ce que tu possèdes.
« Ne pleure pas ce qui ne peut pas te pleurer », dit la mère de Suzanne.
Suzanne organise un vide-greniers. Elle confectionne une grande pancarte : ME SENS GRISE, DOIS PARTIR. Elle vend tout et ne conserve que deux pantalons et deux t-shirts qu’elle teint en gris dans la baignoire.
Sa mère lui offre une brosse à dents à un dollar. Sa soeur lui offre des pilules contraceptives et des disques d’Iggy Pop. Son père dit : « Tu reviendras ».
Suzanne dit : « Peut-être » et pense : « Si tu ne m’avais jamais frappée, je ne connaîtrais pas mon squelette. »
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« Elle planque toujours son héroïne dans sa choucroute. La poudre blanche cachée dans la crêpure laquée à la salive. Les flics ne peuvent pas la trouver. Les toxicos ne peuvent pas la trouver. Suzanne garde la tête haute. »
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Un soir, Suzanne entre au Roxy et trouve Jean-Michel avec Madonna. Elle se jette sur elle et se met à lui arracher les cheveux, la griffer et lui donner des coups de poing.
« Tu es avec mon petit ami ! » dit Suzanne.
Jean-Michel se contente de rire.
Plus tard il déclare à Suzanne : « Eh bien, tu l’as dérouillée exactement comme une Portoricaine. »
Puis il peint A Panel of Experts, tableau dans lequel Suzanne « Vénus » et Madonna en bâtonnets se battent. Sur le collage il barre le nom de « Madonna ».
« Pourquoi tu as fait ça ? » demande Suzanne.
« Parce que tu as gagné, Vénus », répond Jean-Michel.
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