Journal de guerre écologique

Le titre du livre de Thomas Clément Journal de guerre écologique pourrait donner à penser à ceux qui, comme moi, n'ont pas la télévision, que c'est l'oeuvre d'un militant écologique radical. Or, Thomas Clément est journaliste télévisiuel avec une figure de boys band. Son livre reprend certains de ses reportages tournés aux quatre coins du monde sur les problèmes écologiques les plus médiatisables : déchets plastiques, perte de biodiversité, ... Comme le soulignent de nombreux lecteurs, ce livre n'apporte rien de "nouveau" - sauf pour moi la filière du bois prétendûment écologique en France - mais permet sans doute de donner une large diffusion à des sujets ayant matière à débat à une heure de grande écoute.

Journal de guerre écologique / Hugo Clément
le constat et consternant, accablant, paraissant insoluble. L'humanité va tout droit vers la sixième extinction dans l'histoire de la Terre. Et l'Homme pourrait bien être la victime corrélée, accompagnant plantes et animaux en voie de disparition.
L'auteur nous dresse un tableau très partiel de la situation et pour ce faire a parcouru le monde en sa qualité de journaliste engagé. (Attention à l'empreinte carbone !).
Il a d'abord posé son sac avec son équipe à Lekok dans l'île de Java où les déchets et ordures de toutes sortes ont envahi le paysage et les plages sans que cela semble troubler les autochtones. Pas de service régulier de ramassage des ordures et chacun de jeter là où il veut où il peut. le sommet est atteint à Jakarta où les montagnes d'ordures s'accumulent en périphérie de la capitale.
Puis c'est une visite au Ghana, pays qui rachète les ordures des occidentaux entraînant une corruption à tous les niveaux et une destruction des biotopes sur des milliers d'hectares.
le passage de l'auteur sur les rives de la mer de Cortès au Mexique montre le non-respect des règles internationales en matière de pêche : l'anéantissement de nombreuses espèces endémiques de poissons est inéluctable.
Un voyage au Svalbard, archipel dépendant de la Norvège montre que la fonte des glaciers est beaucoup plus rapide que ce qui avait été annoncé il y a cinq ans en 2018. Avec des conséquences multiple et promettant une catastrophe.
La population des iles Féroé dépendantes du Danemark, s'en donnent à coeur joie dans le massacre régulier des dauphins globicéphales. Un moment de grande réjouissance pour eux, une tradition. Personne n'en parle jamais !
En France, la chasse aux lynx est interdite, l'espèce étant en voie de disparition. Dans le Jura, il est devenu la proie des éleveurs comme l'est le loup ailleurs. Ces animaux ont un rôle dans la chaîne alimentaire et l'équilibre dans la biodiversité.
Sans oublier la déforestation massive notamment dans le Morvan pour remplacer les feuillus par des résineux à croissance plus rapide et générant de ce fait plus de profit. Mais entrainant une raréfaction des oiseaux et d'autres espèces animales que les résineux excluent du biotope.
Et l'extraction du charbon qui se poursuit en Australie…à deux pas de la Grande Barrière de corail !
Alors quelles solutions ?
Il faut bien dire que ce petit livre de 200 pages, dressant un tableau très partiel des catastrophes en cours, n'apporte pas beaucoup de solutions qui puissent à grande échelle amener une amélioration de la situation. Certes il faut limiter la déforestation, mettre un terme à l'élevage intensif, encadrer les industries minières et forestières, limiter le tourisme de masse, limiter l'usage des pesticides, …etc. Mais sera-ce suffisant quand on voit ce qui se passe en Chine, au Canada, aux États-Unis, en Inde…etc.
Comment agir au-delà des bonnes intentions ? L'auteur propose alors une suite de mesures à prendre individuellement, mais je doute que cela apporte beaucoup, car ayant d'abord pour but à mon avis de se donner bonne conscience. Mais peut-être faut-il effectivement commencer par-là !
Il est certain que si l'on veut que la Terre reste une planète habitable pour notre espèce, c'est maintenant qu'il faut agir et ce petit livre est peut-être une incitation à commencer si ce n'est déjà fait pour chacun. Personnellement je suis un adepte du tri sélectif…Sans illusions toutefois !
En résumé, un livre qui n'apporte rien de nouveau que l'on ne sache déjà, peu de solutions, et surtout passant sous silence les plus grands pollueurs de la planète.
Comme le disait un de mes amis, gagner la guerre écologique passerait par un changement de mode de vie de 9 milliards de personnes ce qui est inacceptable pour les uns et impossible pour les autres. Seule une révolution technologique majeure pourra sauver la Terre. Les initiatives individuelles sont certes louables mais n'inverseront pas la tendance.
En résumé, un peu déçu par le contenu du livre de Monsieur Clément. Louable mais très insuffisant.