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sur 362 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais pourquoi Colette n'était-elle pas peintre ? Elle écrivait. Et l'écriture pour commencer n'est ce pas là une des façons les plus phénoménales de peindre ? Peindre les bruits, les ombres, les odeurs, peindre le tintement des heures, peindre la poussée du printemps, la langueur des velours, peindre la matière des brumes, peindre l'apostrophe des solitudes, et leurs folles majuscules qui vous enserrent l'âme encore plus fortement que le coeur. Toucher l'élan qui vous saisit avant même le mouvement qui vous entraîne. Écrire une route pour dessiner sa vie. La vagabonde, l'amour brisé comme une gueule cassée. Revenue d'un charnier dans lequel elle a s'est faite arrachée le coeur. Faite pour aimer. Sans aucun doute. Faite si bien, si entièrement, si totalement, si véritablement pour l'amour que le verbe en devient infalsifiable. Trouver alors refuge dans le choix d'une solitude en compagnonnage plutôt que dans un partage où l'enjeu ne serait que marchandage.
1910 - Colette libérée, Colette danse. Colette peint. Elle vagabonde.

Astrid Shriqui Garain
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Quand vous avez la littérature dans le sang...
Ce week-end, une amie m'a demandé comment vas-tu, tout sourire je lui réponds : il y a longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien, je suis d'humeur vagabonde.
La saynète se passait samedi, dimanche matin, au lever du jour, en buvant mon premier café et en écoutant le premier chant des oiseaux ce mot vagabonde était toujours présent à mon esprit, et j'ai eu envie de relire "La vagabonde de Colette". Mais que nenni, ce livre n'était plus dans ma bibliothèque, l'après-midi même j'ai eu l'occasion d'acquérir l'oeuvre complète en 3 volumes. Et c'est ainsi que voici la recension de ce délectable pèlerinage…
Renée Nérée, le double de Colette, est une femme qui a dépassé la trentaine et qui a « mal tourné » entendez par-là qu'elle a divorcé en 1906, ce qui était rare et que pour vivre elle est devenue mime de music-hall. Cette femme qui écrivait n'écrit plus : « Or, depuis que je vis seule, il a fallu vivre d'abord, divorcer ensuite, et puis continuer à vivre…Tout cela demande une activité, un entêtement, incroyables… »
Avant de se décider à franchir le pas de la séparation avec un homme qu'elle a aimé, et qui lui a fait subir trahison, tromperies, et bien d'autres affronts, elle avait sa place dans le beau monde, même si beaucoup préférait lui donner du « Madame Renée » plutôt que le nom de son mari. Il lui en a fallu du courage, et du renoncement, car les amis restent toujours du côté du Mâle.
Elle a rompu avec son ancienne vie et quand, en ce mois de décembre, froid et humide, elle se retrouve seule elle se remonte le moral comme elle peut : « le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et moi. En lui surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue, à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau… »
Voilà que surgit un admirateur jeune et beau, riche, plein d'assurance, quelle tentation !
Mais Renée a une vision nouvelle de la séduction, par le prisme des débris de son ancienne vie et l'exotisme de sa nouvelle vie d'artiste.
« Quoi qu'il essaie, je lui réponds brièvement, ou bien j'adresse à Hamond la réponse destinée à mon amoureux… Ce mode de conversation indirecte donne à nos entretiens une lenteur, une fausse gaîté, inexprimables… »
Mais va-t-elle renoncer à sa liberté toute neuve ?
J'ai fait cette lecture avec à l'esprit le regard de Colette, ce regard si particulier qui étonne sur chaque photo.
Eh oui, elle disait « il faut voir et non inventer » et ses écrits sont empreints de ce regard affranchi, surprenant, aigu, spontané.
Son art du portrait humain ou animalier est admirable, j'ai adoré découvrir les dessous des milieux artistiques de l'entre-deux guerres. Les descriptions toute en finesse des états d'âme, des difficultés de chacun, de la fierté qu'ils mettent tous à cacher la misère et l'incertitude du lendemain, a course au cacheton… Les surnoms qu'elle donne sont désopilants.
Elle sait d'un adjectif, d'un trait d'humour vous faire voir la gestuelle, la pose de chacun, avec tendresse ou cruauté.
Son analyse de la situation des femmes est d'une actualité presque irréelle.
Son écriture est tellement intemporelle, audacieuse et fine que sa narration ne semble pas dater de plus d'un siècle.
Un roman d'une beauté sensuelle remarquable, un plaisir de lecture incomparable.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 24 avril 2018.

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Un livre plein de la poésie de Colette.
L'écrivain y expose avec finesse, à travers le portrait d'une femme divorcée travaillant comme mime pour gagner sa vie, les raisons pouvant pousser une femme à épouser un homme qu'elle n'estime pas : le besoin d'affection au quotidien, la sécurité et le confort matériels, le plaisir des sens, la pitié pour l'homme qui la désire…Même si le Pacs ou le concubinage remplacent aujourd'hui souvent le mariage, un sujet toujours d'actualité, pour les hommes comme pour les femmes !
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"J'ai devant moi, de l'autre côté du miroir, dans la mystérieuse chambre des reflets, l'image d'une femme de lettres, qui a mal tourné". On dit aussi de moi que je "fais du théâtre", mais on ne m'appelle jamais actrice. Pourquoi?"

L'extrait de ce magnifique monologue intérieur que Renée Néré poursuit devant son miroir reflète, cent ans après sa parution, la condition de la femme "seule", la femme divorcée, la femme qui, pour subvenir à son existence et conserver sa liberté, va choisir d'exercer un métier qui n'en est pas un dans la tradition bourgeoise, la pantomine. Théâtres parisiens, soirées privées où le mépris se fera sentir envers cette "femme de lettres qui a mal tourné", tournées minables de crève-la-faim... seront momentanément la vie de cette femme qui s'affranchit du joug du premier homme, celui "dont on peut mourir".

Elle refusera de perdre cette nouvelle vie durement conquise en échappant à l'amoureux mièvre qui se présente. Les épreuves passées, la solitude pénible valent mieux que de ne pas vivre pleinement cette liberté si chèrement acquise.

Comme toujours le style est parfait, les images évocatrices, les portraits terriblement charnels. C'est une Renée Néré indépendante qui jaillit à travers ces pages et fait fi de tout ce que la société a proposé à l'un de ses êtres, celui qu'on appelle femme.

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En cette journée de la femme, je vous présente Colette qui n'a pu, mariée à Willy, signée de son nom ses romans qu'après son divorce avec lui. A travers La vagabonde, elle exprime la liberté.

Dans La vagabonde, vous rencontrez Renée. Renée va vous dévoiler son histoire, sa relation avec son mari, comment elle fut humiliée et trompée. Son envie de solitude mais aussi comment cette dernière lui pèse parfois même lorsqu'elle travaille au Music hall comme danseuse. Elle va vous raconter qu'elle ne veut plus aimer. Jusqu'au jour où un jeune homme tombe éperdument amoureux d'elle. Mais peut-elle se remettre à aimer ? Arrivera t-elle à redonner une chance à l'amour ?

Que j'ai aimé Renée ! Je suis d'ailleurs un peu triste de la quitter. J'aurais aimé suivre son histoire encore un peu.
Et que j'aime Colette, ses écrits sont d'une justesse et donnent envie d'être étudiés et analysés. C'est de la littérature comme j'aime. Prendre plaisir à l'histoire mais aussi à l'écriture et avoir envie d'analyser chaque phrase. Bravo Colette, dans cette oeuvre, que tu as signé directement de ton nom, tu as su exprimer ta liberté en tant que femme.
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C'est l'histoire de Renée, le double de Colette, artiste au coeur brisée qui vit au jour le jour entre des salles de spectacles et son appartement parisien. Renée qui se retrouve confronté à l'amour et la volupté pour la seconde fois de sa vie, la sortant de sa torpeur mais la privant de ses libertés.
Colette a une langue magnifique, un argot tinté de poésie capable de décrire magnifiquement les paysages et émotions.
La vagabonde est parfait pour commencer à lire Colette!
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Dans ce roman, Renée, mime et danseuse, raconte "l'envers du music-hall", les coulisses. Elle raconte également ses mésaventures amoureuses, et reste vagabonde, libre.
Dans ce roman, à travers ce personnage, on retrouve une partie biographique de Colette.
Un roman très agréable à lire, et captivant !
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Dans ce court roman, Colette proclame un hymne à la liberté. A travers le personnage, largement autobiographique de Renée Néré, elle dévoile une femme envoûtante à la fois danseuse, mime et actrice.

Epuisée par les infidélités de son mari Adolphe Taillandy, un peintre reconnu, Renée Neré a décidé de reprendre son indépendance. Elle vit modestement de ses cachets d'actrice et de danseuse. Autour d'elle naviguent ses partenaires de jeux qui sont devenus ses amis. Grâce à la scène, Renée Néré parvient à retrouver son identité. Maxime, un homme riche et oisif, vient bouleverser cet équilibre naissant. Face à cet homme, son désir semble renaître. Renée va-t-elle succomber aux affres de l'amour ?

Dans ce récit, nous côtoyons la charismatique Renée. Un personnage féminin incandescent avec qui nous partageons une quête grisante de liberté et les coulisses de la vie d'artiste. J'ai été subjuguée par la plume poétique et limpide de Colette et par ce récit lumineux.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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Le deuxième livre de Colette que je lis...je ne suis qu'au début du roman mais déjà je suis subjuguée par son écriture..."Une vie en image", sublime. Autant Balzac me fatigue, m'épuise, m'ennuie autant Colette, la divine la merveilleuse Colette... je me laisse voluptueusement guidée par sa plume que je ne voudrais plus lâcher mais il faut bien dormir un peu...Elle a écrit une floppée de romans! Tous ne figurent pas dans la bibliothèque que je vide. Colette, elle, m'accompagnera, à deux, la solitude est plus légère...
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Il est difficile, je trouve, de résumer l'histoire de la vagabonde, au final il ne se passe pas grand chose en tant que tel. On suit Renée, artiste de music hall solitaire et un peu désabusée qui, presque à contrecoeur fini par entretenir une liaison avec un homme de son age un peu ordinaire. Cependant, le style, la sensibilité, la finesse de l'écrivaine rendent ce livre spécial. Tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression d'être coupée du monde, vraiment dans une bulle. En un mot: magnifique.
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