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Petite virée en guerre civile, avec ce livre relativement bref qui narre l'absurdité qui anime de manière périodique l'humanité.
En deux temps. En commençant par la fin, celle de sa maladie, qui, du fait de la narration, semble la conséquence du récit qui va suivre. Une maladie auto-immune comme la maladie qui incite des peuples à s'auto-détruire.
Bien assis derrière leurs écrans, certains penseurs de canapé vitupèrent contre tout ce qui est différent, contre toutes les menaces qui risquent de les priver de leurs certitudes forgées par des années de pratiques. Alors se lèvent quelques démagogues qui sauront exploiter ce travers humain et cela recommencera. On le voit aujourd'hui au moyen-orient. Personne n'est au dessus de cette tentation, pas d'échappatoire à cette maladie qui ronge toutes les sociétés de l'intérieur. L'appartenance à un groupe, le sentiment national ne se définissent que par opposition à d'autres. Pas d'états-nations sans ennemis à combattre. Pas de peuple élu sans peuples à dominer...
Là, c'est l'ex Yougoslavie... Sans creuser la bio de l'auteur, on ne peut pas savoir à quel "camp" il appartient (le notre, celui des gentils? ou celui des autres, les méchants?).
C'est justement ce qui rend pertinent ce roman : la médiocrité, la bêtise, la souffrance sont sans frontières, sans nationalités. Bien sûr, dans son canap' on est sûr d'appartenir au camp du bien. Mais à l'épreuve de de la guerre, l'auteur nous montre la stupidité de cette posture.
Ce qu'il vit est aussi vécu par les autres en face. C'est moche, c'est cru, presque vulgaire par instants.
Mais justement, c'est ça la réalité de la guerre, quand on la fait réellement, c'est à dire au corps à corps, contre un ennemi équivalent. Loin des guerres asymétriques menées avec des drones et des bombardiers et des missiles guidés par satellites (un must), de loin, ici on suit les mouvements sans buts précis des simples exécutants, ceux qu'on a enrôlés ou qui se sont mobilisés pour la bonne cause (peu importe laquelle) et qui en tuant finalement assez peu, contribuent à la propagation de cette maladie auto-immune de l'humanité appelée guerre. Maladie qui profite essentiellement aux pires parasites qui s'en nourrissent mais qui ne la font pas, bien sûr.
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Dans ce roman autobiographique, Velibor Colic dénonce l'imbecilité du nationalisme qui ne peut aboutir qu'à la violence et à la guerre dont les victimes seront toujours les soldats,quelque soit le côté de la frontière sur lequel ils se trouvent. Car la victoire n'existe que pour les dirigeants. Pour les soldats n'existe que la perte.
Il n'est pas parti à la guerre,c'est elle qui est venue le prendre en 1992. Il avait alors 28 ans et n'aspirait qu'à devenir écrivain et partager son amour pour le jazz et le rock!
" les serbes,les croates et les bosniaques ont commencé une guerre mesquine,laide et sale. Ils ont sorti leur haine,leurs drapeaux et leurs armes et ont commencé une chasse cruelle."
Flanqué d'une kalachnikov sur laquelle il écrit " Never more" et qu'il porte comme une guitare, sa première corvée est de creuser son propre trou dans la tranchée, comme s'il creusait sa tombe!
Il n'est ni un héros, ni un patriote et n'a d'ennemis que la guerre elle même,alors il tire parce qu'il le faut mais sans viser ,en l'air dans l'espoir de ne jamais atteindre qui que ce soit.
Dans l'enfer il a plusieurs alliés :
La nature dont il découvre comme jamais la beauté, son humour qui est la seule arme dont il aime se servir,l'alcool qui bien dosée aide à survivre,et puis son carnet dans lequel il écrit.
Ce récit est partagé en trois parties et débute par la fin! Il commence, en effet,par un chapitre consacré à la maladie qu'il a contracté et vaincue entre 2021 et 2023. La pemphigus vulgaris qui n'est certainement que la résurgence de la guerre qu'il pensait enterrée en lui. C'est une maladie très moche " parce que la guerre est très très moche".
La seconde partie ,la plus émouvante et la plus belle pour moi,est celle du soldat. Se côtoient l'horreur absolue à la soif de vivre,à la poésie. " si la poésie ne peut pas détruire la guerre,la guerre ne peut pas non plus détruire la poésie ".
Enfin,la troisième partie est consacrée à sa désertion. C'est la vie retrouvée mais aussi l'exil.
C'est " la chose la plus noble qui puisse arriver à un soldat".
L'écriture de Velibor Colic est crue,violente,elle n'a pas pour fonction d'épargner le lecteur de la laideur de la guerre mais au contraire de lui en faire ressentir toute l'infâme ignominie.
Cette plume peut aussi être douce,poétique,c'est lorsqu'elle parle d'amour ,de vie,et de littérature. Car l'auteur est visiblement un aussi grand amoureux des femmes que de la littérature !
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.Dans les livres que j'aime ,il y a deux catégories :ceux qui me donnent envie de lire et ceux qui me donnent envie d'écrire .Celui de Velibor Colic appartient à la seconde catégorie . Roman très autobiographique , il comprend trois épisodes .Dans le premier , à Bruxelles ,il raconte ses jours de malade , d'une maladie rare , avec acuité et humour ( sortant moi-même d'un parcours hospitalier , j'en garantis la pertinence).Les longues heures d'attente ou de traitement vont l'amener à se plonger dans ses souvenirs du conflit en ex-Yougoslavie vu du côté bosniaque. Dans cette deuxième partie , le ton d'une franchise brutale éclairée par de rares fulgurances poétiques met à nu la réalité obscène de la guerre .Enfin , dans un troisième temps, il évoque sa désertion entre soulagement et découverte de la condition d'exilé. C'est un livre fort dont je recommanderai la lecture au moment où nos ondes résonnent de bruits de bottes et de tambours , où paradent sur les écrans les chantres du réarmement et les galonnés de tout poil.
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J ai découvert cet auteur grâce à la présentatrice Elisabeth quin
Et puis le nom Velibor Colic!! C est marrant et pas banal !
un réfugié yougoslave qui écrit à merveille en français alors qu il n'a commencé à apprendre notre douce langue qu à 28 ans en arrivant en France,il en a 60 aujourd'hui

En gros , enrôlé contre son gré si j au bien compris ,dans l armée yougoslave puis dans les forces croates , il déserte à la fin de la guerre après s être fait arrêter comme traître ou déserteur et molester par des gardiens croates .(par les siens donc )

Ce roman autobiographique est fait de petites vignettes ou impressions , de petites touches aquarellées formant un doux tableau un peu délavé

Le style est concis , le mot juste , pas de longueurs ni fioritures , la beauté de la nature est omniprésente et contraste avec les horreurs de cette guerre de yougoslavie qui s est déroulée à qq centaines de kilomètres de chez nous
Je trouve ce roman plus abouti et plus poétique(oui ,malgré le sujet ) que « manuel d exil « qui a été publié antérieurement bien que que concernant la période d après guerre ,quand il devient réfugié
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Ayant une grande sensibilité pour la plume de Velibor Colic, je me suis procurée sa dernière oeuvre « Guerre et Pluie » et je n'ai pas été déçue.

C'est un livre extrêmement documenté, qui raconte la vie d'un soldat dans la guerre de Bosnie en 1992. Ce soldat en question est l'auteur lui-même.

Il y a une sacrée péripétie tout au long de ce roman à laquelle s'ajoute une ambiance très particulière dès la deuxième partie de cette lecture.
En continuant cette histoire, j'ai noté l'impact émotionnel et visuel de certaines images dérangeante que l'écrivain décrit.

Velibor nous plonge dans ses souvenirs et la lutte effroyable de survie de tous les jours. Les civils, les soldats et les animaux font ce qu'ils peuvent pour se sortir de cette situation pitoyable. A plusieurs reprises, l'auteur parle de la souffrance animale. Par exemple, le chien. Cet animal dépend entièrement de son maître pour être nourri sinon il erre dans le désarroi. le chat par contre devient sauvage et a une meilleure opportunité de survie. Personne ne parle de la souffrance animale en tant de guerre dans d'autres ouvrages littéraires.

Quant à l'écriture, celle-ci est très profonde et troublante avec un mélange de mélancolie et quelques fois d'humour. C'est très fluide et facile à lire mais quelques passages peuvent heurter. Je recommande vivement ce livre !
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La première partie de Guerre et pluie parle de la maladie. le narrateur (l'auteur lui-même car le récit est autobiographique) est atteint d'une maladie auto-immune terrible, appelée Pemphigus vulgaris, qui s'attaque à la peau, brûle la gorge, crée des aphtes et des éruptions cutanées. C'est un mal visible, très handicapant, que subit Velibor en 2020, au moment de l'épidémie de covid. Il raconte son rapport à la maladie, le traitement qu'on lui donne à l'hôpital. Il décrit avec beaucoup de justesse et de sincérité, avec recul et humour aussi, ce que provoque la maladie, qui nous condamne à vivre dans un monde à part, d'où le désir est absent. le malade a pour centre vital ce qui l'atteint et l'espoir d'en guérir.
La maladie le fait s'interroger sur la vie, son passé, sur l'amour.
L'ensemble est empreint de mélancolie, même si on sent la force de l'auteur à travers ces lignes, survivant de la guerre de Yougoslavie à laquelle il a pris part en tant que combattant, puis qu'il a désertée en 1992 pour s'exiler en France.
C'est justement le sujet des deux autres parties : la guerre et la désertion. La maladie fait le lien.

Trente ans séparent le narrateur de la guerre dont il a réchappé, et qui ressort de lui sous la forme de ce mal dermatologique.
L'auteur raconte très cruement ce qu'est la guerre, il donne des détails sur ce que l'on voit, les horreurs, l'inhumanité, la cruauté, les odeurs, le sang. Il nous emmène avec lui dans les tranchées, nous fait sentir jusqu'au dégoût ce que vivent les hommes, réduits à leur état de nature puisqu'ils n'ont plus aucune honte de leur corps. Ce qui compte, c'est survivre.

Article entier sur le Manoir des lettres.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Un livre autobiographique en grande partie, cru et sans pathos, qui relate la guerre, la désertion, l'exil. L'idée que j'ai trouvée très forte de ce roman est sa structure, organisé en 3 parties dont la première se passe bien après les deux autres et tourne autour d'une maladie clairement somatique, conséquence de la partie II (la guerre de Bosnie) et III (la route de l'exil). La première partie est assez éprouvante en nous plongeant jusqu'au cou dans les affres d'une maladie de peau qui donne lieu à de fréquents séjours en milieu hospitalier avec, on s'en doute, son ambiance de misère et de désespoir.
Le flash-back, à partir de là, que va constituer la seconde partie est consacrée à la guerre. C'est à la fois la plus importante et la plus « attendue » ; nombre de livres de guerre, depuis le feu de Barbusse ou La peur de Chevallier, ont décrit le bourbier infâme de la guerre et les anti-héros que constituent en tout temps les fantassins dans les tranchées. Ici, rien de vraiment nouveau, même si on peut dire que Colic rejoint le panthéon du genre avec cette description rude et viscérale (au sens propre du terme…) de la peur, de l'alcoolisme outrancier, des violences gratuites, bref de la situation de guerre qui font de braves paysans des brutes sanguinaires.
A partir de la troisième partie, le narrateur déserte et fuit à travers Croatie, Slovenie puis Autriche, Allemagne et France pour mettre la plus grande distance possible entre la guerre et lui. Cette troisième partie est à mon avis la moins réussie – c'est d'ailleurs assez court (40 pages sur les 200) et l'enchainement de bus et de trains pour s'enfuir est loin d'être aussi prenant que ce qui précède.
Un auteur que je découvre avec son dernier roman mais qui me donne envie d'en savoir plus sur son oeuvre
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Remarquable récit autobiographique de Velibor Čolić, qui, sur un ton qui évite le pathos, nous prend aux tripes.
La première partie décrit une maladie auto-immune dont souffre l'auteur, perpétuation de la guerre civile par une guerre contre son propre corps. Description à la fois horrifique, tragi-comique et absurde comme l'est son expérience de la guerre civile, qu'il développe dans la seconde partie. Un récit cru, cruel, décrivant l'homme tel que la guerre le révèle, sa bassesse, son irrépressible attachement à survivre, ses sursauts d'empathie, son désespoir, ses multiples façons de mourir. Un ton original où s'invite la formule parfois tentée d'un humour vachard, parfois adoucie de poésie.
La fin de ce récit, à des années lumières d'un Guerre (posthume) de Céline, n'est pas la rédemption : Une désertion pour les bien-pensants d'un patriotisme toxique et l'espoir d'une vie moins absurde pour l'auteur. Avec la guerre accrochée à sa chair…
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Velibor Colic est fidèle à lui-même, honnête et profondément réaliste dans son roman qui n'est autre que son histoire personnelle.

Enrôlé dans l'armée croate de Bosnie, il présente la guerre, son horrible visage sans tabou. Il offre au lecteur une vision crue et terriblement amère de la vie du soldat dans les tranchées et dans ses moments libres.
Il présente aussi pourquoi il quittera la Bosnie, son pays natal, pourquoi il décide de fuir la guerre et tenter de construire sa nouvelle vie loin en Europe de l'Ouest puisque finalement, la mort ne l'aura pas happé durant les bombardements Serbes.
Un roman qui tout en étant cru révèle ce qui se passe actuellement sous nos yeux en Ukraine et qui fait la passerelle avec ce qui avait lieu 32 ans auparavant en Yougoslavie.

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L'humanité, une cruauté des dieux ?
"L'écume de mer est un chien qui aboie aux étoiles."

Si vivre paisiblement aujourd'hui en temps de « paix » est quasiment une utopie que dire de ceux qui ont réchappé des guerres et de l'exil ?

Un livre poignant à lire où les prairies verdoyantes et les ciels lumineux côtoient posément, poétiquement, la boue des tranchées « de la terre jaune, collante. Dans un monde glissant et savonneux. » qui jaillit de la fumée d'un noir multicolore des souvenirs de l'auteur, en désordre malgré un ordre apparent 1. la maladie, qui « ressort » la guerre trente ans plus tard. 2. le soldat. 3. le déserteur. « Car la mémoire parle une langue étrangère. »

Lire Sunset Park de Paul Auster me sera sans doute plus difficile. Je l'entrevois ainsi. Entre Velibor Čolić et moi, il y a l'écran du non-vécu qui protège les générations ayant pu vivre jusqu'à présent quasi « paisiblement ». L'empathie est présente à la manière dont on peut lire encore les ouvrages contant la misère et la dureté du 19e siècle, Hugo, Dickens, Balzac, Dostoïevski, etc., puis Faulkner pour le 20e… Avec Auster, c'est une tout autre guerre. D'une ampleur inconnue, globalisée contre l'humanité toute entière. Qui se déroule au temps présent et dont nous sommes perfidement, directement et indifféremment, la cible. Peur et puanteur suintent au quotidien.

« Je commence à comprendre que l'écriture est une représentation graphique de ma mémoire. Ce qui m'est arrivé peut-être important pour les autres. On peut guérir l'oubli par l'écriture. Cette merveilleuse architecture qui relie le présent et le passé dans une relation stable. La mémoire se perd, mais l'écriture demeure. L'imbécile se souvient et l'homme sage note. C'est le rôle de la littérature. Pas de réponses, mais de vraies questions. Pour que tout ait l'air aussi "sérieux" que possible, j'écris mes questions au stylo noir et en majuscules. Comme si je voulais crier plus fort que ma solitude. Et que la peur. »

« La littérature est la dernière alliée de la mémoire. La dernière ligne de l'humanité. le papier de tournesol avec lequel nous testons l'acidité du monde. »

« À mesure que la guerre progresse, j'ai le sentiment de devenir un chien. Je commence à sentir de vrais bouquets de nouvelles odeurs. Les fruits avariés et la chair pourrie. L'odeur d'une maison cramée. La puanteur sucrée de la viande trouvée dans le réfrigérateur d'une maison abandonnée. La putréfaction douce d'une vache morte, la puanteur légèrement plus vive d'un cadavre humain. L'odeur savoureuse de l'herbe fraîche alors que je m'allonge face contre terre. Les effluves des feuilles mouillées scintillant sous la pluie du printemps. le parfum sucré des cerisiers en fleur. Un tout nouveau monde s'offre à moi. La puanteur. »


Lien : https://zoegilles.net/guerre..
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