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EAN : 9782070137114
176 pages
Gallimard (01/04/2012)
3.66/5   32 notes
Résumé :
Sarajevo omnibus propose un portrait de la ville de Sarajevo à travers différents personnages historiques ou lieux emblématiques, qui ont tous un rapport avec la tragédie inaugurale du vingtième siècle : l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914.

Ainsi nous rencontrons tour à tour Gavrilo Princip, ce jeune Serbe dont le geste déclencha le cataclysme de la Première Guerre mondiale ; Viktor Artamanov, affairiste russe illuminé, qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce n'est qu'une fiction. J'ai voulu l'imposer comme une histoire vraie, parce que, par essence, chaque roman est vrai. p 8
Comme pour «Perdido» le roman de Velibor Colic que j'ai lu récemment et beaucoup aimé, c'est sur une réalité indirecte et éclatée que se base l'auteur pour donner vie à la ville de Sarajevo. A partir du point central que représente l'événement tragique de l'assassinat, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand par Gavrilo Princip va s'étoiler toute l'histoire de Sarajevo ville cosmopolite et bariolée où se côtoient quatre communautés : Slave orthodoxe, musulmane, juive séfarade et catholique. Elle a été surnommée la petite Istanbul ou la Jérusalem des Balkans.
Tous les personnages de ce «roman» ont une relation, plus ou moins proche, avec l'évènement qui va faire basculer toute l'Europe dans la tragédie de la première guerre mondiale dont les conséquences s'étendront jusqu'à la seconde et même jusqu'au siège de Sarajevo débuté il y a vingt ans, le 5 avril 1992.
Velibor Colic tisse un tapis dont les fils de trame de couleurs différentes s'associent et s'harmonisent progressivement pour nous donner au final une vue d'ensemble poétique et colorée. 
J'ai aimé suivre, entre autres, «le parcours mouvementé de la Haggadah de Sarajevo, prestigieux manuscrit enluminé du XIVème siècle qui a accompagné l'exil de juifs séfarades d'Espagne en 1492, de Tolède à Sarajevo où elle a failli finir sous les flammes phosphorescentes d'un obus particulièrement bien ciblé durant le bombardement de la ville, cinq siècles plus tard, en 1992». Velibor Colic nous conte l'histoire de trois hommes qui en ont été les gardiens : Arad Ben Reouen, marchand de soie de Tolède, Rabbi Baroukh Abramovicz, dit le poète, et le troisième, Daoud Cohen. 
Elle fut sauvée durant la seconde guerre mondiale par un ami de Daoud Cohen, l'imam Mehmet Korkut ...
«En regardant son ami, Daoud Cohen a toujours l'impression de voir le célèbre Nasr Eddin Hodja en personne. Tout en lui fait penser à cet ouléma mythique : sa barbe grise et sauvage, son haut front ridé, son dos voûté, ses longs doigts enserrant un magnifique chapelet soufi.»
J'ai retenu cette anecdote mais le livre de Velibor Colic foisonnent d'histoires tragiques, vivantes et belles qui s'imbriquent entre elles pour n'en former qu'une, celle de Sarajevo.
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Avec Sarajevo omnibus, Velibor Colić rappelle que l'Histoire ne se construit pas uniquement sur des faits réels et tangibles, elle se nourrit également de rumeurs, mythes et légendes. L'auteur s'est affranchi en partie de la rigueur et de la froideur des évènements pour nous conter à sa manière les destinées individuelles d'une galerie de personnages réels qui ont en arrière-plan assisté ou participé à l'assassinat de l'Archiduc d'Autriche le 28 juin 1914.

Au coeur de cette région passerelle entre le monde occidental et le monde oriental, occupée successivement par trois empires, nous découvrons les auteurs et les commanditaires de l'attentat membres de l'organisation la Main Noire, mais aussi des personnages secondaires quelque peu oubliés de la mémoire collective tels le rabbin Abramovicz, l'architecte d'origine austro-croate Alexandre Wittek, l'imam Mehmed Korkut ou encore le grand-père de l'auteur, Nikola Barbarić… une galerie de personnages réels autour desquels se tissent des destinées savoureuses et rocambolesques. Pourquoi une fiction historique savoureuse ?
Tout simplement parce que la trame du récit se brouille au contact de ces personnages : si l'auteur consacre les premières pages à l'Histoire de l'attentat, le récit emprunte progressivement le chemin des mythes et des paraboles bibliques pour donner vie aux personnages oubliés, dépassant ainsi la fiction historique. le lecteur s'immerge dans la vraie littérature, celle qui s'attarde sur les destinées individuelles. Qui plus est avec une sensibilité orientale, le roman à l'écriture visuelle et quelque peu désordonnée s'évanouit dans le conte se parant de la sorte de toutes les influences qui imprègnent la terre des Balkans, entre inspiration slave et imagination méridionale.
On peut ne pas être d'accord avec le procédé de l'auteur, mais avec cette approche très personnelle, Velibor Colić parvient à rendre l'Histoire vivante et incarnée, à condition de prendre une certaine distance.
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J'ai acheté ce livre au salon Passage de témoin de Caen. le quatrième de couverture m'avait plu – et il s'inscrit parfaitement dans cette année 2014, qui commémore la Première Guerre Mondiale.
Il est question ici de l'événement qui déclencha tout : l'assassinat de François-Ferdinand, neveu de François-Joseph. Et si la chute de l'empire austro-hongrois avait commencé bien plus tôt, à la mort de Rodolphe ? Ou quand François-Joseph prit la décision de ne pas faire de sa petite-fille son héritière ?
Sarajevo omnibus est un roman, qu'on ne s'y trompe pas, un roman plus vrai que nature qui retrace l'histoire de ceux qui assistèrent à cet événement historique et de ceux qui l'ont préparé. Mesuraient-ils la portée de leur acte, ces jeune gens maladroits, aidés par une chance improbable ? Je ne le crois pas. D'autres, par contre, savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, comme ces membres de la Gestapo, qui mirent toute leur énergie et leur folie à anéantir la communauté juive séfarade – en tentant aussi d'anéantir leur culture. Ainsi, la manière dont la Haggadah de Sarajevo fut sauvée est bouleversante, ne serait-ce que parce qu'elle dépasse les clivages religieux, et que ceux qui l'ont protégé ont trouvé la mort, à cause de la folie des hommes. L'auteur n'oublie pas l'histoire de la ville, et de ces monuments, comme celle du pont auprès duquel aura lieu l'attentat. Recueil de moments, de courts récits qui tendent tous vers cet événement unique.
En appendice, la vie rêvé du grand-père de l'auteur, dont on ne sait s'il faut en rive ou en pleurer. Il est presque le héros d'un conte, tant il surmonte d'épreuves, tant il perd tout, pour parfois tout retrouver. Les femmes qui partagent sa vie meurent jeunes, quand elles ne sont pas tout droits sorties d'un récit légendaire. D'ailleurs, les femmes meurent presque toutes dans la fleur de l'âge, dans ce récit, quand elles ne mettent pas fin elles-mêmes à leur vie.
Sarajevo omnibus ou l'occasion, pour moi, de découvrir une littérature que j'ignorais jusque là.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Avec son talent particulier de conteur des Balkans, Velibor Colic nous décrit un Sarajevo comme un village hors du temps. Les foules bigarrées sont ici personnifiées par une galerie de portraits hauts en couleurs. Autour de la date fatidique du 28 juin 1914 où le monde a basculé dans les horreurs du XXème siècle avec l'attentat de Franz-Ferdinand à Sarajevo, les histoires et les destins se croisent pour notre plus grand émerveillement, au fil d'une langue poétique et imagée (précisons que l'auteur, d'origine bosniaque, arrivé en France il y a 10 ans, nous livre ici un texte remarquable, écrit directement en langue française). La partie la plus belle et la plus émouvante de ce superbe roman est sans doute la dernière, humblement intitulée "appendice", et qui élabore une biographie rocambolesque de la singulière vie du grand père maternel de l'auteur. Un régal.
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Velibor Čolić dresse avec "Sarajevo omnibus" un portrait de la capitale bosniaque par le truchement d'événements qui ont marqué son histoire, l'évocation de certaines de ses figures célèbres ou d'anonymes qui ont participé, en tant qu'acteurs ou spectateurs, à ses tressaillements, ses moments forts.

Utilisant comme point central de son récit l'assassinat de l'archiduc austro-hongrois Ferdinand par un nationaliste serbe, il nous livre un kaléidoscope coloré, vivant, dont les circonvolutions nous ramènent parfois à un même épisode abordé sous un angle différent, ou à un même héros qui resurgit, tel un clin d'oeil facétieux, d'une anecdote à l'autre.

L'auteur aborde son texte avec l'évidente intention de ne pas se prendre au sérieux, le truffant de citations souvent issues de la sagesse populaire, d'aphorismes irrévérencieux, avec une gouaille qui n'exclut jamais l'élégance du style. Avec pour résultat cette impression d'un récit qui virevolte, dans un audacieux brassage de tragique, de fantasque et de burlesque, L Histoire devenant une savante osmose de légendes et d'événements réels.

C'est un peu foutraque, le sentiment qui domine au départ c'est que ça part dans tous les sens, l'auteur nous emmenant dans une sarabande qui nous rend amnésique des détails évoqués quelques pages plus tôt. Mais au final, cela donne une mosaïque que Velibor Čolić a sans doute voulu à l'image de cette ville multiculturelle, et au-delà de Sarajevo, d'un pays que la mouvance de ses frontières a rendu presque irréel, qui a connu les fastes comme la déchéance, la résurrection et l'humiliation, Babel peuplée de philosophes taquins et de rebelles grandiloquents, creuset d'un drôle de mélange "orientoccidental"...

Peut-être n'est-ce pas très réaliste... mais l'âme d'une ville, d'un pays, n'est-elle pas tout autant constituée de la façon dont ses natifs et ses habitants les perçoivent, que d'une réalité historique subjectivement transmise par des récits d'archives ?

Et puis quelle importance après tout ?... le roman de Velibor Čolić est vif, subtil, absolument réjouissant, et c'est tout ce qui compte !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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critiques presse (2)
Lexpress
16 juillet 2012
Sous la plume du Bosniaque Velibor Colic, l'histoire de Sarajevo se joue sur une scène de théâtre - mais à la manière d'un film à sketches.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lhumanite
07 mai 2012
Le roman réussit le tour de force de plonger dans la grande histoire sans jamais cesser de s’attacher à des destinées individuelles.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
C'est ainsi que le monde existe. Les masses populaires écrivent l'Histoire, les chefs viennent et disparaissent, les tyrans exercent leur violence avant de sombrer à leur tour. Quant aux messagers de dieu, on les crucifie, avant de les reléguer tranquillement dans la légende.
Le capitaine soupire lourdement et jette sa cigarette par la fenêtre. le cuir du siège de sa voiture est brûlant, il lui fait mal. Le fond de teint dégouline sur son visage, on dirait deux petits serpents couleur chair descendant le long de ses joues jusqu'à sa lèvre supérieure, où ils disparaissent, comme absorbés par elle. il déboutonne son uniforme et ferme les yeux.
derrière lui, dans son bagage élégant d'homme de goût, entre une bouteille d'armagnac français, ses belles chemises et l'uniforme de parade, on trouve deux romans d'Ernst Jünger (Lieutenant Sturm et Sur les falaises de marbre), plusieurs ampoules de morphine prêtes à l'emploi, quelques lettres non envoyées à sa mère et un manuscrit inachevé. la main du capitaine a noté, en écriture gothique, sur la couverture couleur sang de boeuf de ce carnet : "race, âme et religion indo-aryenne, étude et réflexions". il y a quelques poèmes aussi, dont la fameuse "Berceuse pour un soldat" et un carnet de notes bien rempli sur Carmina Burana de son ami Carl Orff. On remarque encore quelques mouchoirs en soie, ses gants d'été en daim et la photo d'un jeune homme, un demi-dieu tenant dans sa main un javelot, signée Leni Rieffenstahl.
Dans l'autre sac, posé sur ses genoux, le capitaine Rosenbaum a rangé un revolver et la liste alphabétique, dactylographiée en quatre exemplaires, de tous les Juifs de Sarajevo. enfin, ce qu'il en reste.
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Suis-je dans le monde réel, s'interroge rabbi Baroukh, ou encore dans mon rêve ?
Et le vieil homme, enfin, ouvre les yeux, tout doucement, comme s'il passait une éponge sur les derniers vestiges de son rêve. Plus rien, aucune plume. Juste sa chambre, son lit, une petite table avec des livres et une carafe d'eau fraîche. une mouche grasse bourdonne autour de sa tête. un monde défini, bien palpable et vrai. chaque chose est à sa place.
Tout content, l'homme hésite entre sa pipe et la prière. Une belle pipe en bois de cerisier avec un svastika -le symbole du bonheur en Inde- gravé sur son tuyau. En homme sage, il opte d'abord pour la prière Oz véchalom, "force et paix". Ensuite, en bon Oriental, il allume sa pipe.
L'homme la fume, sa pipe, en sirotant son café. En bas, la ville est déjà en fête. La nuit confuse, son rêve, son ulcère, tout se perd, se fond à jamais dans le beau nuage bleu et tendre de soin tabac d'Herzégovine, nommé ducat, tellement il est jaune.
"C'est le temps qui mène les hommes, conclut le rabbi, et non les hommes le temps."
Il ne lui reste que cinq heures à vivre, mais rabbi Baroukh Abramovicz ne le sait pas encore.
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La folie des hommes est comme l'eau salée de la mer, immense et impossible à avaler d'un seul coup.
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La mort n'est que cet espace, ce vide entre deux respirations.
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Je n'ai rien vu, racontait Nikola, évoquant la première fois où ils s'étaient aperçus, mais je vous jure que ce matin-là, au marché du village, j'ai senti un souffle chaud dans mon dos, puis une petite main se poser sur ma nuque. Je me suis retourné et je l'ai découverte. Tiziana était petite, mais bien bâtie, encore plus noire que le fond d'une casserole. Malgré ses dents noircies, elle avait un beau sourire. L'homme séduit, m'a-t-elle dit, et la femme choisit.
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