Citations sur Back Up (63)
Lorsque le rideau s’est levé, les hurlements ont redoublé. Je parvenais à peine à entendre le riff d’entrée de Keith Richards. Mon voisin m’a crié dans l’oreille qu’il s’agissait de She Said Yeah. Les filles se sont mises à pleurer, à secouer la tête, certaines défaillaient et devaient être évacuées sur une civière. Les gens martelaient le sol, gesticulaient, frappaient dans les mains.
Il faisait chaud. Peut-être était-ce la chaleur qui émanait de ma mère qui me laisse cette impression? La radio diffusait de la musique classique. Les choses semblaient simples, la réalité était accessible.
Nous habitions dans un petit appartement situé au-dessus d'un garage, dans l'avenue de la Couronne, non loin de la caserne de la gendarmerie.
J'étais assis dans la cuisine, je dessinais des mondes nouveaux à l'aide de mes crayons de couleur. Avec mes camions Dinky Toys, mon Meccano et le jeu de cartes que j'avais gagné à la tombola, ils formaient l'ensemble de mes jouets, mon univers.
Au fil des semaines, j'ai compris que je ne craignais rien pour mon emploi. J'étais son souffre-douleur, il avait besoin de moi pour exister.
Le mot [Beatnik] avait été inventé par nos détracteurs et venait de la contraction de beat, pour battement, et de spoutnik. Même si nous dénoncions l’impérialisme américain, nous n’étions pas pour autant fervents de Brejnev. Ce raccourci leur permettait de nous marginaliser en nous collant une étiquette d’extrémistes de gauche. Ils nous accusaient en outre de propager des idées subversives.
Nous ne contestions pas : cette mise au ban d’une société que nous rejetions nous convenait.
J’ai jeté un coup d’œil à la pochette. La chanson titre s’intitulait ‘’Love Me Do ». Le groupe, inconnu, s’appelait The Beatles. Sur la photo, quatre types à l’air songeur posaient tels des quadruplés, deux assis, deux debout. […]
J’ai mis le disque sur le plateau, j’ai posé l’aiguille et les anges sont descendus du ciel.
Six cents Marks. C'était bien payé pour un Back Up de quelques heures, mais c'était une somme dérisoire pour la ruine d'une vie.
Une fois par semaine, le vendredi, elle cirait le parquet. Elle étendait la cire, la laissait reposer, puis polissait le bois avec une lustreuse manuelle qui pesait une tonne. L’odeur de la cire d’abeille me renvoie à ces vendredis heureux. J’étais bien. Le temps prenait son temps.
Les mots, les phrases et la mélodie que Stern avait entendus étaient absents de la bande. Ce phénomène était dû au fait que le cerveau humain cherchait en permanence à donner un sens à ce qu'il entendait.
Les syllabes privées de signification étaient associées à des mots connus, puis combinées pour composer d'autres mots ou des phrases complètes.
Les scientifiques avaient baptisé ce phénomène "les mots fantômes ".
Sa conclusion était claire, il était possible d'enregistrer ou d'insérer des infrasons dans une bande, mais il fallait disposer d'une installation de forte puissance pour qu'ils aient un effet sur l'auditeur.
Enfin, Kohn lui confia que dans le monde fermé du rock, on considérait que le line-up classique d'un groupe était composé de trois musiciens et d'un batteur, ce dernier étant souvent considéré comme un mal nécessaire. Cette fonction était par ailleurs appelée à disparaître au profit des boîtes à rythmes, un nouveau composant électronique révolutionnaire. Même si ces boîtes à rythmes n'étaient pas encore au point à l'heure actuelle, il augurait que ces machines allaient se révéler plus précises et surtout plus économiques que l'être humain . Les premiers modèles commençaient à être utilisés dans de nombreux studios.
En conclusion, s'il devait émettre un pronostic en réponse à la question de Stern, il estimait que le batteur était le membre le plus facile à suppléer dans un groupe de rock.
Il conclut son appel en déclarant que dans une ville comme Berlin, où de nombreux groupes de bon niveau se produisaient, il ne devait pas être très compliqué de dénicher un batteur valable pour assurer un back up.