L'Art — et en particulier l'Art musical — nous a légué la traduction des états d'âmes mystiques. A. -F. Rio l'a noté finement à propos de la peinture de Fra Angelico : "Le mysticisme, dit-il, est à la peinture ce que l'extase est à la psychologie. » Et il commente ainsi son idée : « De même que la théologie spéculative élevée à sa plus haute puissance, aboutit à la théologie mystique, de même la peinture religieuse en s'aidant de certains moyens et en tendant vers un certain but, prend la qualification de peinture mystique, ce qui indique objectivement la plus haute forme de l'idéal, et subjectivement l'essor le plus sublime des facultés de l'âme. Une fois lancé dans cette voie hasardeuse, les intuitions de l'artiste ont quelque chose d'analogue à ce qu'on appelle dans le langage des saints la « vision béatifique », et les procédés mécaniques ne sont plus à l'art que ce que l'enveloppe extérieure est à la plante qui fleurit. »
Le Mysticisme est, à l'origine, un état d'âme spécial dont naissent ensuite une théologie et une philosophie. Il est donc indépendant d'une profession de foi chrétienne. L'inspiration mystique correspond à une « effervescence de la volonté et de la pensée, à une contemplation insistante et profonde des choses divines, enfin à une métaphysique et une philosophie bien différentes de la théologie dogmatique ». C'est un isolement volontaire de l'âme avec Dieu, la possession extatique par l'union d'amour.
Symphonie de l'Alhambra pour orchestre (1947)