Voilà un roman que je qualifierai d'atypique. Romain, désigné par « Lui » dans le livre, croise une inconnue dans le RER, « Elle ».
« Elle » s'appelle Lauriane, est célibataire depuis huit ans, cherche le grand amour (évidemment), et passe des heures dans le RER et au téléphone avec sa meilleure amie, Laïla. Si vous avez l'habitude comme moi, de prendre les transports en commun, vous savez comme c'est pénible de voyager avec des gens qui téléphonent. le voyageur lecteur va tout connaître (ou presque) de la vie de Laurianne.
Quant à Romain, peu de détails concernant sa vie. Il est romantique, se remet d'une rupture, et cherche lui aussi, le grand amour.
« Les gouvernements du monde sont en train de se rendre compte qu'enterrer les déchets n'est pas une solution d'avenir alors pourquoi tu t'entêtes à faire pareil avec tes sentiments ? »
La rencontre entre Elle et Lui est très fortuite. Elle l'a à peine remarqué, et pourtant, Elle lui a tapé dans l'oeil. Autour de cette rencontre, Olivier va jouer. A inventer une histoire. A imaginer leur vie après cette rencontre. Pour le lecteur, tout est flou. Où se situe la réalité ? Où commencent la fiction et l'imaginaire ? Au départ, je suis partie avec une idée très rationnelle, oui, ils se sont rencontrés, parlés, une histoire est née, l'amour germait. Et puis, au fil des pages, le doute m'a envahi. Si c'était mon imagination, parfaitement propulsée par Olivier, qui carburait à fond ? J'avoue que j'ai été pas mal déstabilisée par toute cette ambiguïté. Je me suis posée énormément de questions. Où l'auteur m'emmenait-il ? Et puis, à un moment donné, j'ai laissé les portes du métro se refermer derrière moi, je me suis accrochée à la barre métallique, et me suis laissée guidée, transportée. Et c'était ce qu'il fallait faire.
La construction est linéaire, alternant les chapitres consacrés à « Lui » et à « Elle ». Entre le monologue de Romain et les conversations animées de Laurianne au téléphone avec Laïla, les pages défilent tout comme les graffitis sur les murs du métro. Ma crainte de la monotonie s'est vite dissipée et je me suis rapidement prise au jeu.
Olivier brosse un portrait très juste de l'amour et des attentes que l'on peut avoir. La peur d'échouer, le risque de faire le premier pas…ou non, sont autant de sujets sous-jacents. Son immersion dans les transports en commun est intéressante et réaliste. Combien de fois ai-je observé des voyageurs, essayant de deviner d'où ils venaient, quelle était leur vie. Avouez, on l'a tous fait à un moment ou à un autre, juste histoire de contrer la fadeur d'un voyage en train ou en métro.
Olivier, lui, à réussi à glisser de l'amour et du romantisme dans les transports en commun. En jouant avec le paradoxe de ce type de transport : nous sommes entourés de gens et pourtant, c'est la solitude qui règne en maître. L'atmosphère particulière que l'on retrouve dans le train ou le métro est parfaitement retranscrite.
« Imaginez la scène. Heure de pointe. Métro bondé. On se sert les uns aux autres dans la caisse de ferraille vitrée aux portes automatiques. (…) Au delà de l'inconfort du corps trimballé entre les stations se trouve celui des yeux. Où planter le regard ? Si le hasard du Tetris humain me place face à une femme attirante, mes pupilles digressent. J'ai très envie de la regarder mais je ne veux pas la fixer au risque de paraître inconvenant. »
Le lecteur est plongé dans le métro parisien, les stations défilent, on a presque envie de suivre le périple de Romain et Laurianne sur un plan du métro. Avec quelques infidélités, puisque l'un des deux utilisera le train pour voyager plus loin en France.
J'ai trouvé la plume d'Olivier très poétique et élégante, elle sonne juste. Son style journalistique ressort sur certains passages, on ne se refait pas ! Perso, j'ai adoré.
« -Tu le revois quand ?
– J'espère avant l'extinction du panda roux….
– Et en vrai ?
– Je ne sais pas. Peut-être demain, peut-être jeudi. Peut-être cet après-midi parce qu'on se croisera dans le métro…Cette histoire cumule tellement de hasards que je ne cherche pas à faire de plans. Après, si j'ai vraiment envie de le voir, j'ai le code de son immeuble, il suffit que j'attende dans l'ascenseur. Ce n'est pas trop le genre de gars à prendre les escaliers. »
Un mot du format du livre : 12 par 22 cm. Peu commun (sauf chez le Chant des Voyelles), à mi-chemin entre le poche et le broché, il offre un beau compromis, en faisant un très bel objet, facile à manipuler.
Une lecture qui change, que je vous conseille, d'autant si vous prenez les transports en commun. Vous vous y retrouverez, indéniablement.
Je remercie la Masse Critique Babélio et les Éditions le Chant des Voyelles pour cette lecture.
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