Tu réclamerais la lune, qu'on chercherait un moyen de te la décrocher.
J'enveloppe la perle dans un coin du parachute et je l'enfouis tout au fond de ma besace, comme s'il s'agissait de la vie de Peeta et que personne ne pourrait me la prendre tant que je veillerais dessus.
Lentement, comme je le ferais avec un animal blessé, je tends la main pour écarter une mèche qui lui tombe sur le front. Il se fige à mon contact, mais ne se dérobe pas. Alors, je continue à lui caresser les cheveux. C’est la première fois que je le touche volontairement depuis la dernière arène.
_ Tu cherches encore à me protéger. Réel ou pas réel ?murmure-t-il
- Réel, dis-je. (Voilà qui me paraît mériter une explication). Parce que c’est ce que nous faisons toi et moi. On se protège l’un l’autre.
Je leur apprendrai comment je survis. Je leur dirai que certains matins,je n'ose plus me réjouir de rien de peur qu'on me l'enlève. Et que ces jours-là, je dresse dans ma tête la liste de tous les actes de bonté auxquels j'ai pu. assister. C'est comme un jeu. Répétitif.
Nous sommes au Grand Cirque. Une place immense bordée de bâtiments grandioses. La résidence du président se dresse de l’autre côté. [...] Je me faufile vers la résidence, en trébuchant sur des trésors abandonnés ou des membres à moitié gelés. A mi-chemin ou presque, j’avise une barricade de plots de béton. D’environ un mètre cinquante de haut, elle dessine un grand rectangle juste devant la résidence. On la croirait vide, mais en fait elle abrite une foule de réfugiés. Peut-être s’agit-il de ceux qui ont été choisis pour être logés chez Snow ? Mais en me rapprochant, je remarque un détail. La barricade ne renferme que des enfants. Du petit qui sait à peine marcher jusqu’à l’adolescent. Tous effrayés et grelottants. Pelotonnés en petits groupes, ou assis dans la neige, à se balancer machinalement. On ne les fait pas entrer. Ils sont parqués là comme dans un enclos, gardés de tous les côtés par des Pacificateurs. Je comprends aussitôt que ce n’est pas pour les protéger. Si le Capitole les voulait en sûreté il les enfermerait dans un bunker. Ils sont là pour la protection de Snow. Ces enfants constituent son bouclier humain.
- Heu, Finnick ? Et si tu mettais un pantalon ?
Il baisse les yeux sur ses jambes comme s'il remarquait sa tenue pour la première fois. Puis, il arrache sa chemise de nuit et se tient devant nous en sous-vêtements.
-Pourquoi ? s'étonne-t-il en prenant une pose lascive tout à fait ridicule. Est-ce que je perturbe ta concentration ?
C'est dix fois plus long de se reconstruire que de s'écrouler.
Alors, après, quand il me glisse à l’oreille ;
- Tu m’aimes. Réel ou pas réel
Je lui réponds :
- Réel.
- Johanna, C’est vrai que tu pouvais l’entendre hurler ?
- Ca faisait partie du jeu, dit-elle. Comme les geais bavards dans l’arène. Sauf que c’était bien réel. Et ça ne s’arrêtait pas au bout d’une heure. Tic, tac.
Finalement, l'interphone grésille et le rire acerbe d'Haymitch résonne à travers tout le studio. Il s'interrompt juste le temps de déclarer :
-Et voilà, mes amis, comment meurt une révolution !