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4,38

sur 1461 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A la fermeture de ce livre, je me retrouve identique à la dernière note d'un concert fabuleux : hébétée, les bas en l'air, incapable d'applaudir tellement ce fut beau et bon. Quelqu'un disait qu'après Mozart, le silence qui suivait était encore du Mozart……….l'après de ce livre est encore le livre.
L'écriture se déroule tel un legato, sans rupture ni temps mort ; l'intensité est modulée au gré des mots et des chapitres.
Les pages s'enchainent, tel un mouvement perpétuel dans lequel le lecteur rentre, sans y éprouver la moindre lassitude, aucun mot de trop, aucune longueur. Tout y est intense, concentré, fort.
Je me souviens particulièrement du passage lorsque Claude déchiffre le concerto pour 2 pianos de Mozart…………..j'en entendais presque les notes………frustrée tout de même de pas avoir l'enregistrement à portée de main pour m'accompagner.
La musique est omniprésente, tel un personnage à part entière. Elle fait corps avec Claude Rawling.
« Aussi singulier ou mystérieux que fût l'environnement (…), où qu'il se trouvât, dès qu'il s'asseyait au piano, le monde qui l'entourait n'avait simplement plus d'importance. Sa relation physique avec le piano était immuable. Tout le reste était là. Ses repères étaient là » p 210
Les références musicales sont nombreuses, sans élitisme. Même non averti dans le domaine, le lecteur ‘y retrouvera.
Quel bonheur de se promener avec Mozart, Chopin, Bach, mais aussi les plus grands jazzmen de l'après guerre……

En dehors de la musique, l'auteur a su donner de la consistance à son autre personnage clé du roman Claude Rawling. Nous faisons la connaissance d'un jeune garçon, pauvre, un peu livré à lui-même, qui vit avec une mère fantasque dans le New York bouillonnant des années 40.Son destin était tout tracé………….sauf qu'à New York, dans ces années là, pour peu que l'on soit un peu ambitieux, et travailleur, tout était possible. Si l'on rajoute à cela un petit coup de pouce du destin, la confiance d'un voisin dans lequel Claude va trouver le père manquant, l'avenir s'ouvre en grand devant lui. Un prodige, très vite conscient de ce qu'il est, va prendre le lecteur et l'accompagner dans son ascension musicale, et sociale ; dans sa vie d'homme, avec ses joies et ses meurtrissures, ses secrets.
Assurément ce livre est un immense coup de coeur.












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Pour Claude, les journées dans le petit appartement de la cave offrent peu de distraction : le passage des piétons devant le soupirail et un peu de musique à la radio. Quand il trouve le petit piano blanc, il commence par jouer pour conjurer la solitude, car la cacophonie vaut mieux que le silence ou la pesante présence de sa mère dont les activités nocturnes semblent lui attirer bien des ennuis. Emma est « une grande femme en colère, prisonnière d'un discours perpétuel qui semblait se nourrir de lui-même. » (p. 115) Rapidement, Claude se découvre une passion et un don pour la musique. Avec l'aide d'Aaron Weisfeld, le propriétaire du magasin de musique voisin, le petit garçon apprend et travaille avec patience et acharnement. « La musique était là, simplement, sans qu'il y pense, sans qu'il se concentre sur elle. Il n'en était pas plus conscient que de sa propre respiration. Il n'avait pas l'impression qu'il la faisait mais qu'elle existait indépendamment, circulant dans un coin de son cerveau. » (p. 79)

Claude apprend vite et développe son talent avec une aisance qui impressionne ses maîtres. Jeune prodige, il entre très tôt dans le monde des concertistes. La musique lui est aussi nécessaire que l'air, elle est même un second souffle indispensable. « À l'exception possible de Weisfeld, nul ne savait que la musique l'avait sauvé. Que grâce à elle, il l'avait échappé belle. […] Sans musique, il serait encore, et toujours, cet enfant vague, faible, aussi évanescent qu'une volute de fumée. » (p. 301) Par certains côtés, et en dépit des nombreuses rencontres qu'il fait, Claude est coupé du monde, en apesanteur dans une bulle qui vibre d'accords et de notes. Entre répertoire classique et rythmes jazzy, Claude fait chanter les pianos et il donne à la musique une densité légère et enveloppante. « La musique est ce qui compte le plus au monde, pour moi. […] Plus je fais de la musique, plus ça me paraît évident. Je voudrais jouer, je voudrais composer. La musique ne s'épuisera jamais. Elle ne disparaîtra jamais. Je voudrais donc lui consacrer ma vie. » (p. 282)

Il y a beaucoup de théorie musicale dans ce roman, mais il n'est pas besoin de la comprendre pour saisir l'extraordinaire mélodie qui sourd des mots et qui émane du roman tout entier. Corps et âme est un texte émouvant, parfois drôle et acerbe. C'est un roman fleuve qui entraîne le lecteur dans une frénésie harmonique, au sein d'une New York qui se déconstruit et revêt les atours de la modernité. Chaque fois que j'ouvrais le livre, je plongeais dans un monde très beau et délicat, suivant l'histoire de Claude en retenant mon souffle devant la beauté de cette partition littéraire.
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Ce roman est dense !

On y suit à New York dans les années 1940, un garçon de six ans pauvre, Claude Rawlings, seul toute la journée dans un sous-sol, sa mère assez excentrique et alcoolique travaillant la journée dans son taxi. Il ne peut qu'observer le va-et-vient des passants par le soupirail, jusqu'à ce qu'il s'intéresse, dans le fouillis de ce sous-sol, à un piano…

C'est le roman de la découverte d'un talent et d'une passion pour la musique qui va le mener vers les sommets (Carnegie Hall) tant dans l'interprétation que dans la composition.

Il va bénéficier de beaucoup de chance car son talent va être remarqué, mais cela n'explique qu'en partie son ascension : il est également extrêmement travailleur, il se dédie à fond à son art.

il doit à un gérant de magasin d'instruments de musique, M. Weisfeld, la découverte de ses grandes facultés, celui-ci le suivra dans toutes les étapes de sa carrière et le considérera comme son fils.

C'est un roman où la musique est omniprésente, l'auteur nous citant les morceaux joués par Claude Rawlings, j'ai accompagné ma lecture par leur écoute, surtout de musique classique mais également de très nombreux morceaux de jazz.
J'ai eu parfois du mal à suivre certains développements poussés sur la technique pianistique ou la théorie musicale, ceux-ci pouvant être décrits sur plusieurs pages mais je dois reconnaître que cela ne m'a absolument pas gêné.

C'est aussi un récit qui ne fait pas abstraction de l'époque qu'il traverse : la ville de New-York, ses contrastes entre riches et pauvres, l'urbanisation, les intimidations des promoteurs, la Shoah, le racisme, la lutte contre les activités anti-américaines.

Toute cette évolution de Claude Rawlings fait l'objet d'un petit pavé de près de sept cent pages, on le suit chez ses divers professeurs, dans ses tentatives de récolter quelques pièces de monnaie, dans ses relations avec sa mère, personnage perturbé et déséquilibré, dans ses amours, ses expériences sexuelles, son passage dans une école de standing, son mariage, etc.

Tous les personnages sont intéressants et bien dépeints, leurs relations entre eux bien développées (notamment avec M. Weisfeld mais aussi avec Catherine, Al, Fredericks, Lady, Frescobaldi, je ne vous en dit pas plus, à vous de les découvrir !
de nombreuses personnalités de la musique apparaissent, parfois furtivement: Aaron Copland, Kirsten Flagstad, Rubinstein…

Si j'ajoute enfin que le roman est bien documenté et bien écrit, Vous constaterez que ce fut pour moi une très belle expérience de lecture !

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Coup de coeur ! Il y a des romans, comme celui-ci, qui vous happent dès les première lignes, vous sentez dès le début que vous allez être emportés, que ça va être une expérience fabuleuse. Vous lisez tous les jours pour tomber, de temps en temps, trop rarement, sur de telles pépites ! ● A New York, juste après Seconde Guerre mondiale, un petit garçon, Claude Rawlings, est enfermé dans un appartement misérable au sous-sol. Tout ce qu'il peut voir, par l'étroite fenêtre en demi-cercle, ce sont les pieds des passants. Il n'a pas de père et sa mère, Emma, est chauffeuse de taxi et délaisse son fils qui doit se débrouiller tout seul pour tout. Lorsqu'elle va travailler, elle le laisse seul. Il ne va même pas à l'école. Mais il va s'intéresser à un petit piano blanc qui se trouve dans sa chambre. L'instrument va le fasciner, il va peu à peu apprendre à en jouer, puis va faire la connaissance d'un marchand d'instruments de musique, Aaron Weisfeld, qui l'initiera vraiment à la musique et lui fera connaître les bons professeurs. Car il possède un don réellement exceptionnel. ● La musique (classique et jazz) est bien sûr au centre du roman, et rarement je ne l'ai vue décrite avec autant de brio. S'il y a de la théorie musicale, le plus souvent l'auteur parle de la musique avec des mots de tous les jours et de nombreuses images – métaphores et comparaisons – qui la mettent à la portée du lecteur non spécialiste. le dodécaphonisme et la musique sérielle en prennent pour leur grade : « La tonalité était une chose naturelle, vivante, le moyen d'exprimer une quantité infinie d'émotions variées. le dodécaphonisme n'était qu'une idée – une idée négative de surcroît. Une chimère. » ● le personnage principal Claude est immensément attachant ; petit garçon pauvre, il va être amené à fréquenter les plus beaux salons du Manhattan des années cinquante et à apprivoiser la condescendance et le mépris dont il va pouvoir être l'objet. Jamais il ne s'emporte, il est toujours poli avec tout le monde, aussi impoli soit-on avec lui. ● Les autres personnages sont très bien campés, que ce soit le merveilleux Aaron Weisfeld, Caroline, Lady, les professeurs de piano, Emma, Al… Ils ont tous une individualité propre, même les personnages secondaires comme l'impresario Otto ou l'avocat Larkin. ● le récit, très habilement composé d'épisodes assez brefs jouant avec la figure de l'ellipse, m'a complètement emporté et j'ai dévoré les sept cents pages en un rien de temps. Il n'y a rien de lourd, tout coule à la perfection, aucune longueur, aucun temps mort. La vie de Claude m'a fait vibrer. Que d'émotions l'auteur nous fait-il partager ! Avec quel talent ! ● Mais le plus frappant est que ce livre est spirituellement habité. A de nombreuses reprises, le narrateur nous entraîne dans des apartés sur l'âme, ou bien fait des allusions à un monde parallèle, sans développer, tout en subtilité. En cela il m'a rappelé d'autres romans que j'adore comme ceux de Cowper Powys ou le Sang noir de Guilloux (très différents mais pareillement habités, allusifs d'une autre dimension de la vie)… ● La musique est un des vecteurs dans cette autre dimension : « Pendant qu'il façonnait la musique dans sa tête et la jouait, il sentait que Fredericks la façonnait et la jouait en accord avec lui, leurs âmes jointes dans une entreprise harmonieuse, comme de vieux amis qui peuvent se parler sans mots, se communiquer une pensée avant même qu'elle n'émerge totalement, parce que la même pensée naît dans l'âme de l'autre. Claude savait qu'il était sur scène, au piano, à Longmeadow, Massachusetts, mais, en même temps, il était quelque part ailleurs, en un lieu qu'il eût été incapable de décrire, y compris à lui-même – non qu'il en éprouvât le moindre besoin, tant ce lieu paraissait céleste. Regarde ! Regarde ! Écoute ! Concentre-toi ! Ça arrive. C'est là. Ça ! » ● Mais le récit est aussi tout à fait ancré dans son temps et nous donne à voir la société américaine de l'après-guerre, le racisme, les différences sociales, l'anticommunisme, l'urbanisation… ● J'ai vraiment adoré ce roman et je le conseille vivement !
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Un grand roman, épique, magistral, qui prend aux tripes et ne vous lâche plus.
Claude Rawlings est un gamin âgé d'à peine six ans qui regarde les gens aller et venir par le soupirail de la cave dans laquelle il vit avec sa mère. Cette dernière, Emma, 1 mètre 80 pour 135 kg, est chauffeur de taxi dans le New-York des années quarante. Il découvre un jour dans la chambre du fond, un petit piano. Tapotant les touches, son âme de musicien va se révéler à lui. Détenteur d'un don rare pour la musique, les rencontres qu'il va faire vont le propulser dans les plus hautes sphères de cet art. Mais tout ne sera pas toujours aussi simple…
« Corps et âme » est le roman parfait, intelligent et documenté. Frank Conroy maîtrise parfaitement son sujet, c'est un mélomane. Il vulgarise tout le processus de la composition à l'interprétation, décrivant la musique comme étant bien plus qu'une simple mélodie, bien plus qu'une simple brochette de notes. Il explique clairement au profane toute la terminologie employée en musicologie. Il divinise l'interprète inspiré.
« Ils jouaient la musique, esprits, corps et âmes tendus vers la limite, mais il était vrai que la musique les jouait aussi. »
L'histoire est fascinante au point de vous arracher des larmes de joie tant certaines situations sont intenses. Elle nous rappelle que la vie sait donner beaucoup mais sait aussi reprendre.
C'est sans conteste une oeuvre majeure de la littérature américaine qui remplit admirablement le contrat de nous divertir, de nous enseigner et de nous captiver. C'est un immense moment de plaisir que seule la dernière page interrompt, car malheureusement tout a une fin, et cette fin Frank Conroy l'a voulue abrupte !
A découvrir absolument.
Traduction de Nadia Akrouf
Editions Gallimard, Folio, 683 pages.
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Avec en sous-titre « L'enfant prodige », un roman initiatique de musique et de New York.

Un enfant qui vit une grande solitude, parce qu'il vit seul avec sa mère et que celle-ci travaille de longues heures comme chauffeur de taxi. Il se sent très mal, jusqu'à ce qu'il commence à découvrir les sons d'un vieux piano et le pouvoir de la musique. Mais le véritable tournant de sa vie sera lorsqu'il pénètrera dans le magasin de M. Weisfeld, qui s'apercevra que l'enfant est doué, très doué. Il lui donnera des leçons de piano et le confiera à des professeurs réputés qui l'aideront à développer ses talents, jusqu'à une carrière internationale.

C'est un roman dans lequel la musique a beaucoup, beaucoup d'importance. On y parle de théories musicales, de longues heures de pratique, mais on y parle surtout des grands bonheurs de la musique, les envolées de l'âme vers le ciel qui permettent d'oublier tout le reste.

C'est aussi l'histoire de l'évolution d'un jeune garçon, de l'enfance à l'âge adulte, les premiers émois de l'amour, la solitude d'un être à part, le développement de la confiance en soi et en les autres, le travail acharné et les succès inespérés. Malgré les débuts difficiles de sa vie, il sera protégé par la bienveillance de nombreuses personnes désintéressées qui lui permettront de se consacrer à ses dons musicaux.

Et le décor, c'est celui du New York des années cinquante et soixante, des classes sociales qui continuent d'exister, de la corruption et du pouvoir des riches, du racisme.

Un grand roman, un pavé de presque 700 pages en poche, une lecture pour comprendre un peu les prodiges de la musique.
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C'est l'histoire d'un petit garçon sans père et délaissé par sa mère, dans l'Amérique de l'après-guerre. Claude regarde le monde à travers le vantail du débarras qui lui sert de chambre. Dans cette pièce, son seul compagnon est un piano blanc fatigué, échoué là comme un signe du destin dont il cherche à percer les mystères. C'est le vieux marchand d'instruments, dans la boutique de son quartier, qui va prendre Claude sous son aile et lui apprendre la musique. Entre cet homme brisé qui a perdu sa famille pendant la guerre et ce petit garçon livré à lui-même, une immense affection va naître, qui va porter Claude tout au long de son apprentissage du piano. Ainsi, le garçon  aura la chance d'affûter son don exceptionnel auprès de professeurs réputés, jusqu'à la consécration d'une brillante carrière de concertiste classique, sans oublier sa passion pour le jazz.

Écrit dans un style fluide et vivant, "Corps et âme" est un hommage remarquable à la musique. Une musique salvatrice qui tire Claude Rawlings d'une existence au mieux médiocre et donne un sens à sa vie. Une musique qui abolit les différences et rassemble humbles et puissants dans un langage et un plaisir communs. Une musique sensible qui sait adapter sa tonalité aux moindres émotions. Une musique très technique aussi, avec des descriptions poussées du solfège, des règles de composition ou des clés d'une improvisation de jazz réussie.

Quant au récit d'apprentissage, il est plein de rebondissements. On pourrait reprocher à Frank Conroy une certaine facilité dans l'enchaînement des hasards heureux qui mettent Claude entre les mains des meilleurs professeurs et à l'abri financièrement. Toutefois, cette chance professionnelle inouïe est contrebalancée par un parcours sentimental chaotique et son incapacité à devenir père, lui qui n'a jamais su qui était le sien - alors que le lecteur le découvre à la fin. La psychologie des personnages est travaillée avec finesse et chacun dévoile sa complexité au fil des pages, de la mère instable qui ne sait que faire de cet enfant et croit le protéger en lui cachant ses origines, au marchand d'instruments résilient qui tait sa famille disparue, en passant par Catherine, le premier (et seul véritable) amour de Claude, qui ne connaîtra qu'un bonheur tardif et éphémère.

Ecoutez... et laissez-vous emporter par cette lecture profonde et palpitante qui résonne encore longtemps après.
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Des premières gammes incertaines aux ovations de Carnegie Hall, Corps et âme nous plonge au coeur d'une vocation et nous raconte la patiente construction d'un talent et d'un être.
Nul besoin d'être musicien pour être séduit par la personnalité de ce héros attachant et se laisser emporter par cette histoire superbement écrite et traduite. Un réel bonheur de lecture.
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Un chef d'oeuvre qui rejoint le panthéon de mes romans américains ou figurent en bonne place « le chardonneret », « Matin Eden », « Karoo », « Tous les hommes du roi », « Shibumi » ou « Les frères Holt ».
« Corps et âme » raconte la genèse d'un virtuose du piano, l'histoire d'un jeune prodige, Claude, parti d'un foyer monoparental un peu bancal et d'un quartier pauvre qui le prédestinait à d'autres servitudes. Sa curiosité l'a sauvé et l'a placé sur la route d'un mélomane qui survit de la vente des instruments de musique. Claude devra tout apprendre, le solfège comme les bonnes manières.
Un roman profondément américain par son obsession : la promesse de la réussite par la seule dynamique du travail et du talent. Les mauvais génies ont épargné Claude. Vu d'Europe, c'est une gentille illusion. Vu de New York, c'est la preuve que tout rêve peut se réaliser. À moins, bien-sûr, que New York elle-même ne vous écrase, tel un béhémoth revanchard.
Le miracle de ce roman, c'est aussi de parler de musique sans ennuyer le lecteur. L'émerveillement (parfois mystique) de l'apprenti pianiste est omniprésent : « Clause eût voulu quitter son corps, suivre la musique, là où elle s'en était allée, dans l'hyperespace, quel qu'il fût, qui l'avait avalée ».
Franck Conroy apporte la preuve éclatante qu'un grand roman, outre une histoire finement ciselée, tient à l'épaisseur de ses personnages. Claude, Emma (la mère approximative), M. Weisfeld (le père spirituel), al (la petite frappe accommodante), Catherine (l'irrésistible dédaigneuse) ont en commun d'être inoubliables. Dans dix ans, je serai capable de les évoquer sans faillir, avec une émotion toujours intacte.
Abandonnez ce que vous lisez et précipitez-vous chez votre libraire : « Corps et âme », c'est 700 pages de bonheur littéraire en Folio.
Bilan : 🌹🌹🌹
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La musique, pure et éternelle, est la fée qui se penche sur le berceau du jeune Claude Rawlings et transforme son destin. Elle fera de ce gamin pauvre mal armé par sa mère défaillante, avec l'aide de quelques personnages extraordinaires placés sur son chemin, un être rare, hors du commun, reconnu et adulé par les plus hautes sphères pour son talent unique : un musicien.

Le pouvoir d'ensorcellement de ce roman est diabolique! J'en ai savouré chaque page, chaque pas parcouru par Claude sur le chemin de sa vocation, chaque leçon, chaque trille, chaque effort, jusqu'au moment suprême, accessible aux seuls grands musiciens, où Claude "passe de l'autre côté".

Ce roman ne peut que transporter les lecteurs amoureux de la musique mais pour qui la musique reste un langage inconnu. Il ne peut que plaire également aux amoureux de New York, celui des années 50 que l'auteur fait revivre avec une sensibilité aussi vive que celle qu'il met à faire vibrer la musique et l'âme des artistes qui la portent. D'une érudition renversante, d'une sensibilité parfaitement juste, il nourrit son lecteur en lui ouvrant une porte vers un monde d'art pur.

Après Jean-Christophe de Roman Rolland lu récemment, voilà que le hasard place un deuxième grand musicien sur ma route : un signe?
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