« La Fausse-Nuit nous est tombée dessus, il y a une lune à peine, au nord de la Grande Forêt de Solune. Nous avons fuit le Brouillard-de-mort et les flammes. Je pense que la partie qui s'étend le long des montagnes lointaines et entre la colline aux sangliers et la colline dorée, ressemble aujourd'hui à Termer. Pour le reste, c'est un mélange d'étangs, de forêts, de tourbières, de clairières… »
Gardiens de Solune,
Ottavia Conteville et
Amaury Chateaurenard @twinkleeditions
Bienvenue à Solune ! Une forêt où les animaux parlent, où le renard Mabon mène le Clan des Nocturnes, assisté entre autre par la chouette Yule, où le clan des Diurnes semble dirigé par Imbolc, le loup gris…
« Sur un éperon rocheux, Imbolc domine toute la scène. Sa fourrure est balayée par le souffle brûlant de ce brouillard qui nous terrifie et ses yeux jaunes nous scrutent. A cet instant, il m'apparaît comme le roi incontesté des Diurnes, mais aussi de la forêt toute entière. »
Une forêt qui semble idyllique, traversée par une rivière, habitée par de nombreuses espèces… et pourtant ! le récit s'ouvre sur une événement malheureux : Solune brûle !
Mabon s'empresse d'avertir les autres gardiens, d'informer le Clan du Jour ; il s'inquiète aussi pour les animaux qui hibernent… il souhaite que tous s'en sortent.
Ce conte écologique, aux allures de fable, comme celles
De La Fontaine où les animaux conversent et nous instruisent, prône de belles valeurs telles que l'entraide, la bienveillance, l'altruisme…
« L'entraide et l'amitié devraient toujours primer et ça m'émeut de voir un lapin ami avec une grive musicienne, un faon qui joue avec un écureuil, ou encore… un renardeau ami des chouettes. Je me souvient avoir vu Mabon chahuter avec des hulottes, quand il était tout petit. C'était avant que sa mère et ses frères disparaissent. Avant que je veille sur lui de loin. »
… mais aussi le respect entre l'humain et l'animal : la préservation de la planète se fait ensemble, dans l'équilibre et l'harmonie. Car, oui, tous les humains ne sont pas mauvais, certains animaux en font d'ailleurs l'expérience !
« Mais, semblables, le sont-ils tous ? les deux-pattes sont-ils tous faits du même bois ? ma réponse était clairement « oui », il y a encore peu de temps. Elle a changé aujourd'hui. J'ai encore des difficultés à l'admettre, mais je sais maintenant que certains hommes demeurent bons. Profondément bons. Et même si cela me coûte encore plus, je suis forcé de convenir que c'est notre cher Imbolc qui avait raison… »
Ce que j'ai aimé dans ce conte pour grands enfants, c'est non seulement la dimension écologique, mais aussi le fait que, écrit à quatre mains, il donne également voix à de nombreux animaux du Clan du Jour comme du Clan de la Nuit, dans cette idée d'équilibre et d'harmonie, de respect et d'égalité. C'est un roman choral où chaque animal apporte au récit, une vision, une émotion, une personn-animalité… tout cela avec également une bonne dose d'humour et de facéties !
« le renard n'a pas le temps d'écouter mes justifications que déjà la chouette lui vole dans les plumes – ou plutôt dans les poils, mais vu que le renard disparaît sous ses plumes, ça revient un peu au même.
- Tu m'as fait une peur bleue ! hulule-t-elle, frénétique. Ne recommence jamais un truc pareil !
- Comme si… je l'avais… fait… exprès, répond le goupil en soufflant sur les plumes qui manquent de le faire éternuer.
- Moi je trouve ça drôle de voir une chouette effraie effrayée ! paisanté-je.
La tête de Yule oblique dans ma direction et je me redresse, fier de ma blague.
- Je ne suis PAS une chouette effraie… siffle-t-elle.
- Oui, mais bon… Pour la vanne, c'était tentant !
Regard noir de la chouette. »
Un conte à lire ensemble, petits et grands réunis, autour d'un feu de camp ou emmitouflés dans un plaid bien au chaud par une froide soirée d'automne… une aventure à partager !