Vous en avez marre des gentils ? Vous en avez plus qu'assez de suivre les aventures de gentils hobbits, d'aventuriers courageux, où de héros honorable qui se battent pour le bien ? Alors suivez la Compagnie Noire, une bande de crapule qui pillent et tuent sans vergogne et qui luttent pour de méchants sorciers maléfique !
Eh oui, bien avant qu'arrive Game of Thrones qui remet en question la fantasy, nous avions les Annales de la Compagnie Noire, une série qui ose se mettre aux cotés des vilains et qui nous immergent dans leur point de vue. Bien sur, il y a d'autres saga qui revisitent aussi la fantasy comme Elric où les romans de
David Gemmel mais la Compagnie Noire a le mérite de nous plonger dans le camp du Maaaal...
La Compagnie Noire est une compagnie (je sais, meilleure introduction qu'on peut faire) de mercenaire qui depuis quatre cent ans se vend au plus offrant et fait son service sans se poser de question, et surtout sans morale. Composé d'hommes sans passé (où presque), les voilà qui se retrouvent sous la férule de la Dame et des Asservis. Qui sont-ils ? Eh bien, ce sont des entités maléfiques qui furent voilà longtemps vaincus par la Rose Blanche, une figure bénéfique. Ils sont revenus et compte reconquérir le monde, et compte sur la Compagnie Noire. Tout cela est raconté dans les Annales par le médecin, Toubib...
Ce qui frappe dans le livre, c'est déjà le style, qui est à la fois la qualité... et le défaut : au lieu du narrateur omniscient qui sait tout sur les personnages avec des phrases sophistiqué, c'est sous la forme d'un carnet de bord écrit par l'annaliste donc à la première personne avec des phrases brèves, très simples, concises et très peu descriptives, ce qui fait qu'on a peu de détail sur les personnages, les batailles importantes (pas toute cependant...) et les paysages. Si c'est bien original et nous laissent champ libre à l'imagination, les multiples ellipses, et les scènes souvent courtes peuvent frustrer et décourager le lecteur. Moi-même, j'ai pu m'immerger véritablement dans le bouquin qu'au bout de cinquante pages, c'est dire qu'il faut s'accrocher...
Les personnages sont très bourrus, c'est le cas de le dire : les membres de la Compagnie noire ont des noms qui suffit à les definir (Toubib, Un-Oeil, Corbeau, Gobelin, Chérie) qui sont terre à terre et ne sont pas vraiment sympathiques : ils n'hésitent pas à se livrer à des exactions basses et cruels, mais ils sont solidaires entre eux et ont parfois certains actes d'honneur, même s'ils ont conscient qu'ils peuvent crever à tout moment (vous pensez que G.R.
R Martin était le seul à occire des personnages principaux et en grande trombe ? Détrompez-vous,
Glen Cook a aussi cette tendance sadique...). Cependant, le plus important est que de leur point de vue, il n'y a vraiment ni Mal ni Bien (on y reviendra). Les Asservis sont diablement convaincants, tous plus flippants que les autres (entre Volesprit qui peut imiter de nombreuses voix, où le Hurleur aux hurlements horribles) et sont évidemment d'une noirceur affreuse, et la Dame est la figure la plus mystérieuses, belle et valeureuse mais plus maléfique que les autres, et qui a de l'intêret pour Toubib...
Venons-en à la principale nouveauté du roman : il n'y pas de manichéisme. Pas d'histoire du Bien contre le Mal bien qu'on pense que ce soit le cas. Les "héros" savent que ce qu'ils font n'est pas "bon" mais ils le font quand même et quand aux "rebelles" qui sont au service de la Rose Blanche, ils sont sans pitié et sont aussi pourris que les mercenaires. Derrière tout cela, c'est une réflexion capitale sur notre manichéisme conditionné : qu'est-ce que le Mal réellement ? Qu'est-ce que le Bien réellement ? Peut-on être vraiment méchant où vraiment gentil ? Pourquoi on peut devenir méchant alors qu'on était gentil et vice-versa ? Au plan moral, tout le monde a des nuances de gris et la Compagnie noire est certes abominable et meurtrière, elle est unie et peut avoir un semblant d'honneur quand les rebelles n'hésitent pas à commettre des horreurs...
En revanche, il est vrai que le récit est parfois lent, assez pour parfois me faire impatienter sur les grands moments.
De même, on n'y voit pas très clair aussi dans le livre. Alors que c'est censé être un tome d'introduction, on est projeté brutalement dans l'univers noir et cynique de la Compagne Noire sans comprendre ce qui se passe, d'autant plus que certains passages ne sont pas expliqué. A la fin, nous n'avons pas toutes les réponses à nos question et cela m'a désarçonné...
Autre bémol, si l'intrigue est bien confectionné, il y a quelques rebondissements dont on voit à plein nez leur déroulement (il y a que moi qui devinait
que dès le début Volesprit allait faire des coups bas à la Compagnie et surtout à la Dame ? Par contre, je ne savais pas que c'était sa soeur...
Ah oui, ceux qui sont des âmes sensibles doivent s'abstenir, niveau violence, on est servi ! Bien que peu longues, les atrocités sont bien visuelles : du sang, des organes, des viols, des massacres... ajouté avec un peu de magie noire bien diabolique, et effrayante !
Au final, bien qu'un peu mitigé par ce premier tome, je suis pas moins intrigué par la suite, j'ai bien envie de savoir comment la Compagnie Noire va être entraîné dans les machinations de la Dame et des Asservis...