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3,72

sur 176 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Drôle de roman, qui mérite la palme de l'originalité quant au sujet traité. Une lecture bien surprenante dès le départ. Ne connaissant rien au sujet d'enfants métis qui naissent blancs et qui sont susceptibles de foncer voire devenir noirs, je me suis empressée d'aller vérifier si ce phénomène était possible et courant.
J'ai alors pu constater que l'auteure était bien documentée sur la question. Pour exposer le problème, elle présente une femme que l'on peut qualifier de femme Lambda puisqu'elle n'est pas nommée contrairement à ses enfants et son mari ou tout autre personnage rencontrés au court du récit. Femme Lambda qui pourrait être vous mesdames, ou moi… Femme Lambda qui doit soudainement admettre une situation peu banale, et on n'en doutera pas, plus que contrariante : son bébé de cinq mois va pigmenter jusqu'à devenir noir, ce qui mène notre héroïne à une véritable révolution intérieure jusqu'à en devenir folle de rage, de désespoir, qui va se livrer à des actes de maltraitance malgré elle sur cet enfant, prête à rompre avec son entourage. Et ce bébé cache un autre secret de famille, un fait tout aussi grave que je tairais.



Tout au long de ce livre, je me suis sentie à la fois révoltée par ce coup du sort que subit cette femme, révoltée également par son comportement, agacée parfois par son refus d' accepter les faits, par ses délires, par les idées saugrenues qui germent dans son esprit même si on comprend que l'inconscient ne trie pas les idées et ne s'embarrasse pas de la notion de délire pour dicter les actes d'un individu.


Puis j'ai compris…ce roman est la description d'un travail de deuil : deuil d'un enfant qui sort de la destinée qu'on lui trace en tant que parents, deuil d'une vie tranquille si on imagine les écueils rencontrés au quotidien quand on est un couple blanc et qu'on élève un enfant de couleur, les questions, les regards, les contrariétés qui surgissent jour après jour, deuil de ce que l'on a jusqu'ici construit et que l'on voit s'effondrer comme un château de cartes.


On ne manquera pas de constater que l'éternelle question de l'instinct maternel se pose à nouveau. Existe-t-il réellement ? Il sera permis d'en douter en lisant ce roman, oui elle aime son fils, elle le montre dès le début, puis elle le rejette parce qu'elle ne se reconnaît pas dans cet enfant.



J'ai apprécié ce roman, toutefois, sans vraiment parler de monotonie, j'ai trouvé que l'histoire s'éternisait sur le problème de cette femme incapable de réagir, pour qui l'aide psychologique survient tard, qui ne reçoit aucune aide d'un mari absent, qui ne mesure pas l'étendue du problème et ne s'aperçoit pas de la relation que la mère entretient avec son enfant.

Un livre qui n'est pas exempt de ce suspens qui pousse le lecteur à poursuivre et que je ne regrette pas d'avoir lu.
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«Moi, je broie plutôt du noir»

Dans son second roman, Amélie Cordonnier confronte une femme à son bébé dont la peau noircit au fil des jours. Et pose des questions essentielle sur la filiation, l'amour maternel et la transmission.

C'est avec un premier roman choc Trancher que nous avions découvert Amélie Cordonnier. Elle y sondait la psychologie d'une femme subissant jour après jour les agressions verbales de son mari. C'est le même sillon qu'elle creuse avec Un loup quelque part qui met aux prises une femme confrontée à un lourd secret de famille et à un fils dont la peau noircit au fil des jours. Une épreuve douloureuse qu'elle va devoir affronter à vif. Car rien n'aurait pu lui laisser imaginer qu'un beau matin la peau de son fils allait se consteller de petites tâches. Alban était né «normal» comme sa soeur Esther. À 35 ans, avec Vincent, son mari, elle s'était réjouie de voir la famille s'agrandir. Mais tout va changer lorsqu'elle constate cette pigmentation bizarre, comme si son fils avait bronzé. «Elle a tellement flippé cette nuit et toute la matinée, qu'elle a fait des kilomètres de recherches sur Internet, et franchement, elle le regrette. Il n'y a que des horreurs sur Doctissimo. Elle a tout lu à propos des maladies de peau du style impétigo (…) A fait tout un tas d'élucubrations.»
Le second choc viendra du pédiatre qui lui explique que la couleur de la peau des bébés n'est pas fixée à la naissance, qu'elle est déterminée par la quantité et la nature des mélanines contenues dans la peau. Et que le teint est d'abord une question de génétique. Autrement dit, il faut rechercher un ancêtre noir dans sa famille. Pressé de questions, son père comprend qu'il n'a plus le choix. «Alors tout à coup, il avoue: "Tu as été abandonnée à la naissance, on t'a adoptée quand tu avais trois mois." Puis le souffle court, ajoute: "On avait prévu avec maman de te le dire pour tes douze ans. Mais sans elle, je n'ai jamais trouvé le courage…" La grenade qu'il lâche fait tout exploser. La terre s'ouvre sous ses pieds. Chute sans fin dans un puits sans fond. Un silence de mort la cueille. Et quelque chose meurt d'ailleurs en elle à cet instant-là. Qui ne saurait se résumer à l'insouciance ou à la joie. Une force lui est arrachée. Comme un membre amputé, qu'elle sent déjà en moins.»
C'est non seulement un sentiment de trahison mais aussi de honte avec lequel elle doit désormais affronter le regard des autres. Aussi décide-t-elle de cacher ce mal qui la ronge, de nier sa souffrance en cachant cette peau, en rejetant cet enfant du malheur. En concentrant son amour sur sa fille Esther. «C'est choquant mais comme ça. Faut pas croire que ça la fasse rire, elle est la première à souffrir. Si l'amour maternel pouvait s'inoculer, ce serait déjà fait.»
À l'aide d'un nuancier de couleurs qu'elle a trouvé chez Leroy-Merlin, elle note au jour le jour l'évolution des teintes de la peau d'Alban, élabore des stratégies pour cacher ces zones qui s'assombrissent, enfilant des gants et allant même jusqu'à tricoter une cagoule, manquant presque d'étouffer son fils sous les couches de vêtements.
Quand Vincent part en déplacement professionnel en la laissant avec ses angoisses, elle craque. Se rappelle le texte étudié en troisième: «À croire que Kafka s'est enkysté en elle. C'est comme si elle avait contracté La Métamorphose il y a des années, et que celle-ci avait attendu la naissance d'Alban pour se réveiller et les contaminer.» Alors elle s'enfuit, prend la route vers le sud pour rejoindre son père, sans pour autant pouvoir se débarrasser de ses idées noires. «Elle ne sait que faire de cette peau, mais pressent qu'elle risque d'y laisser la sienne.»
Amélie Cordonnier confirme ici tout son talent. En confrontant cette femme à une épreuve aussi inédite que traumatisante, elle nous parle de l'amour maternel, de la nécessité de connaître ses origines, de la force des liens familiaux. L'écriture se fait au scalpel, mettant à vif les sentiments. Car ici encore, pour guérir, il faut d'abord Trancher.

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Comment une mère peut-elle soudainement éprouver un sentiment de rejet pour son enfant? Que se passe-t-il donc dans son esprit pour qu'elle ressente une telle hostilité envers son bébé de 5 mois ?
C'est ce que nous raconte Amélie Cordonnier dans ce roman où problèmes d'identité et amour maternel s'emmêlent.

Voici une femme qui semblait épanouie.
Aimée de son mari et de sa fille aînée, c'est avec bonheur qu'elle avait accueilli son deuxième enfant, Alban, dans leur foyer confortable et sans histoire.
Et voilà qu'elle ne supporte plus son fils, qu'il lui fait horreur et la dégoûte. Alors que son entourage le trouve adorable, elle le voit se métamorphoser en cloporte. le bébé se transforme, il ne correspond plus à ce qu'elle attendait. Elle ne le reconnaît pas et n'en veut plus.

Alors, elle dissimule ce petit étranger aux yeux de tous, et elle dissimule à tous les sentiments contre nature qu'elle éprouve à son encontre. Elle a honte de lui, et elle a honte de cette honte. Kafkaïen, non ?
Sa répulsion est si forte qu'elle le néglige et qu'elle doit lutter contre la tentation de lui faire du mal.

Et c'est dans la tête de cette femme, qui a peur d'elle-même, que l'auteure isole le lecteur entre la culpabilité et la détresse.
J'avoue avoir éprouvé assez peu d'empathie pour la mère (dont on ignore le nom). Il n'empêche que l'appréhension m'a envahie crescendo à la lecture de cette histoire fort bien écrite.
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****

Quand Alban vient agrandir la famille de la narratrice, elle ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Il n'était pas voulu mais son arrivée est finalement accueilli avec plaisir par Esther, sa grande soeur et Vincent, son papa. La vie de famille prend donc un autre rythme mais quand la narratrice aperçoit une tâche brune dans le coup de son fils, tout tourne au cauchemar...

Amélie Cordonnier a écrit un premier roman particulièrement réussi. Trancher avait emporter mon coup de coeur de lectrice en 2018. J'attendais donc Un loup quelque part avec envie et impatience.
Une fois encore, Amélie Cordonnier frappe fort ! Elle s'empare d'un sujet sensible et tabou et en fait un roman puissant et addictif.

Le fameux instinct maternel est mis à mal et on suit la narratrice dans une descente aux enfers vertigineuse. Comment aimer un enfant qui ne ressemble pas à celui rêvé ? Comment accepter l'image qu'il renvoit, le secret dévoilé sur ses origines et la filiation qu'il affiche ? Comment supporter les sentiments de rejet et de dégoût qui prennent tout l'espace ?
La narratrice a bien du mal à rester lucide et à gérer ces émotions, qui l'isolent de sa famille et la coupent de sa propre vie.

Amélie Cordonnier interroge avec justesse sur ce qui se cache derrière l'image d'une "bonne mère", sur ce qui se joue dans la maternité et ses propres racines et sur ces sentiments parfois contradictoires qui s'entrechoquent dans ces périodes riches en émotions.
Avec son écriture rythmée, cinglante, Amélie Cordonnier ne nous épargne rien. Mais on ne peut que la suivre sur le chemin tortueux mais heureusement lumineux qu'elle nous dessine...

Un grand merci aux 68 premières fois pour cette lecture percutante et touchante...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Amélie Cordonnier avait frappé les esprits avec son premier roman "Trancher", qui racontait la violence domestique dans toute sa perversion avec un homme qui abreuvait de saillies verbales son épouse qui n'en pouvait plus.

Avec son deuxième roman, "Un loup quelque part" , Amélie Cordonnier confirme ici qu'elle aime sonder cette violence domestique, dans toutes ses dimensions, puisqu'ici ce n'est plus la relation conjugale qui est au centre de cette violence mais la relation filiale.

Comme dans "Trancher", on est immergé dans la tête ( même si la romancière a abandonné le "tu" du premier roman, le dispositif est assez proche), d' une jeune femme qui n'est jamais nommée, et si, contrairement à "Trancher" cette jeune femme n'est pas la victime mais bien le bourreau., elle est également en grande souffrance et le lecteur assiste mi impuissant, mi révolté, mi irrité ( tiens, on compterait pas de travers à Baz'art?) à son douloureux flirt avec une folie qui ne dit pas son nom.

En effet, mère d'une grande fille de 8 ans, Esther, l'héroïne d'un loup quelque part s'aperçoit un jour que le bébé qu'elle vient d'avoir, Adam, développe à 5 mois des taches mystérieuses sur plusieurs parties de son corps.


S'apercevant vite de la raison de ses tâches (raisons qu'on ne développera afin de conserver intact une partie du mystère à ceux qui veulent le découvrir), elle va développer un vrai sentiment de rejet à l'égard de son enfant , commencçant à exercer une maltraitrance particulièrement perverse auprès de ce petit être qui sent bien, comme toute la famille du reste, que quelque chose coince chez cette maman de plus en plus à la dérive et qui se voit quelques points communs avec.la métamorphose de Gregor Samsa, le célèbre personnage de Kafka.

"N'en peut plus de devoir prendre sur elle pour le nourrir, l'habiller, le baigner. S'en veut de réprimer un mouvement de recul chaque fois que les doigts d'Alban agrippent son pull. Culpabilise de ne jamais le bercer. de ne pas savoir le consoler. A honte de ne pas aimer le regarder, le toucher. de ne pas l'air tout court. »

Brisant les tabous entourant lien maternel, et osant montrer qu'il peut exister des mères qui n'éprouvent pas un amour absolu pour la chair de sa chair, "Un loup quelque part "aborde un sujet passionnant qui fait imploser une violence sourde et psychogoliquement difficile à soutenir.

Le sujet aurait pu être casse gueule si Amélie Cordonnier ne possèdait pas cette plume si délicate et subtile, à base de phrases très courtes, tranchantes , obsédantes ( jouant beaucoup sur les homonymies de mots) qui décrit dans un style percutant et aiguisé comme une lame cette descente aux enfers d'une femme qui devra vaincre des démons intérieurs enfouis au fond d'elle pour essayer de trouver cet amour maternel qui se dérobe terriblement à elle.

Une lecture certes dérangeante mais passionnante qu'on ne peut que vous conseiller en numérique ou en papier dès que les librairies pourront ouvrir ..

Et comme on a eu très récemment la chance d'interviewer son auteure, on vous prévient qu'une longue interview d'Amélie Cordonnier est à venir prochainement pour mieux comprendre avec elles les tenants et aboutissants de son roman..

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'aime les livres qui bousculent un peu les tabous, comme par exemple l'attachement d'une mère à son enfant qui ne va pas toujours de soi. C'est intéressant d'essayer de comprendre ce désarroi pour une mère de ne pas parvenir à aimer d'emblée. D'appréhender sa culpabilité de ne pas avoir la maternité innée. C'est ce sujet qu'aborde Un loup quelque part, mais pas seulement. Il vient mettre à jour que des secrets de famille peuvent être à l'origine de certains blocages. Toutefois quand ils paralysent l'amour au point de devenir maltraitante envers son enfant, un malaise se crée en nous. D'autant que pire qu'un rejet, l'enfant devient objet de répulsion, comparé à un cafard comme dans La métamorphose de Kafka... Et ce dégoût nait de l'apparence de Alban, son bébé, dont la peau devient noire... Ce qui rend peut être le propos encore plus dérangeant.

C'est donc une lecture pour ma part tout en paradoxe. Ce qui m'a tenue en haleine c'est naturellement d'avoir le fin mot de l'histoire : allait-elle se terminer par un drame, ou les noeuds tortueux et souffrants du rejet allaient-ils trouver une issue vers l'amour ?
Même si j'aurais aimé une psychologie davantage creusée, j'ai aimé ce livre malgré le malaise qu'il suscite.

L'écriture de l'auteure est fluide et agréable, si ce n'est, pour ma part, les moments où elle use et abuse de rimes dans ses phrases. le but est certainement d'y apporter une rythmique, une mélodie mélancolique. Mais cet effet trop artificiel m'a personnellement dérangée.

Une "lecture coup de poing" (comme l'indiquait la pastille sur la jaquette) dont on ressort marqué(e).
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Amélie Cordonnier a un vrai talent pour parler avec justesse de la vie des femmes bousculées par la vie, de leur fragilité et de leur force.

Une fois de plus, nous voilà plongés dans la tête de cette femme, déjà mère, qui n'aspirait qu'à vivre une vie tranquille, sans difficultés majeures, en apparence.

C'est ainsi que lorsque après avoir accueilli Esther, huit ans plus tôt, elle comprend qu'elle est de nouveau enceinte, sans se réjouir. Vincent est tellement content lui, qu'elle n'a pas le coeur de mettre fin à sa grossesse.

Tout s'est si bien passé la première fois. Seulement voilà, quelques jours après sa naissance, ce bébé joufflu se met à l'inquiéter. Que se passe-t-il avec Alban, d'où vient cette tâche ?

"Qu'il soit un démon, qu'il soit noir ou blanc, Malheur à celui qui blesse un enfant"

Le loup est lâché dans la bergerie. Est-elle victime ou bourreau, les deux peut-être ? Difficile pour le lecteur de rester insensible à ce qu'elle vit. L'amour maternel est-il inné ou instruit par la famille qui nous a chéris ?

Amélie Cordonnier nous offre un roman descriptif avec peu de dialogues dans lequel perce l'angoisse, l'urgence, la folie contrôlée de cette mère qui découvre sa propre histoire avec cette naissance.

L'auteure, une fois de plus, bouscule les idées reçues, la société et ses certitudes, avec un roman percutant qui restera en mémoire.
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On se sait comment elle s'appelle peut-être pour la rendre plus anonyme ou parce que c'est un phénomène qui peut survenir à toute femme (et pourquoi pas à un homme). Elle est mariée et mère de deux enfants : Esther 8 ans et Alban, le plus jeune, âgé de quelques mois et lors d'une visite chez le pédiatre le doute s'installe, s'insinue et se confirme. Et ce qu'elle croyait inébranlable, son couple parfait,  son amour maternel, sa famille, vacillent et sombrent dans un cycle infernal.

J'avais déjà entendu parler de cette auteure pour son premier roman Trancher (que je n'ai pas encore lu)  qui abordait déjà des thèmes durs, violents axés sur le couple et la famille et elle le fait à nouveau ici avec une écriture très particulière et c'est ce qui m'a le plus marqué dans ce roman. Une prose rythmée et sonore tellement les phrases, les mots se répondent les uns aux autres, comme une longue tirade qui résonne comme un poème sombre, noir, des phrases sèches comme les pensées qui se succèdent et qui tournent en rond, s'accumulent et qui reflètent l'angoisse d'une mère qui perd pied. Ce rythme, ces mots qui riment m'ont parfois gênée, ils étaient parfois trop présents et au bout d'un moment presque attendus, recherchés mais qui donnent à l'écriture et au rendu une identité particulière et surtout un son.

C'est un roman très marqué par les couleurs, de la maternité heureuse ébranlée à la propre enfance de l'héroïne, ayant perdu à double titre l'image maternelle, de la filiation, la sienne mais aussi celle vis-à-vis d'Alban, aux non-dits, aux questionnements qui resteront sans réponse. J'ai trouvé habile la façon dont l'auteure a choisi la manière dont son héroïne focalise sa propre blessure sur son enfant.

Amélie Cordonnier évite tous les stéréotypes qui peuvent mener une femme à cette sorte de "folie", rien ne la prédestinait à y sombrer peu à peu, à s'isoler mais le trouble est là, qu'elle ne peut s'empêcher de s'identifier à Gregor Samsa, le personnage central de la métamorphose de Kafka, elle hallucine, elle est obsédée par cet enfant qu'elle a sous les yeux, dont elle observe la mutation en un être qu'elle ne reconnaît pas comme fruit de ses entrailles.

Comme pour Chanson douce de Leïla Slimani, on ne comprend pas l'aveuglement de l'entourage qui ne voit pas la détresse, la lente descente aux enfers de cette femme mais également celle de l'enfant car parfois le trait est tellement forcé, va à l'extrême que cela semble incroyable et pourtant combien d'exemples dans l'actualité de cas semblables. Mais passons, c'est un roman et il faut accepter le deal car à l'évidence ce qu'il en ressort c'est le cheminement des pensées, le processus de lamination, son mécanisme et toutes les ruses mises en place pour tenir.

Alors ai-je aimé ? Oui malgré le sujet difficile, oui parce qu'il y a un travail d'écriture singulier et original, oui parce qu'elle évite de sombrer dans le glauque même s'il est présent et effleuré et oui parce qu'elle évite un final qu'il aurait été facile d'imaginer..... Cela se lit d'un trait, on retient presque sa respiration, à chaque page tournée on espère que le pire n'est pas arrivé, on secoue Vincent, Elsa pour qu'ils ouvrent les yeux mais nous-mêmes est-on à même de voir un proche qui sombre ?
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je ne sais comment commencer la chronique de ce roman, qui a soulevé en moi des émotions contradictoires. Ecrit de toute évidence pour faire réagir, j'y ai senti quelque chose d'artificiel qui m'a empêchée d'adhérer complètement à cette lecture : il y a comme un parti pris de froideur et de distance parfois, qui me semble loin de ce que ressent une mère dans une telle situation, même si la culpabilité et les tourments sont bien présents à d'autres moments. Autre détail qui m'a gênée : la mise à l'écart du père qui pourtant accueille avec bienveillance cette annonce "coup de tonnerre" d'avoir un enfant noir, et malgré ça ne reçoit aucune confidence de la mère en détresse, alors que l'on perçoit bien qu'elle n'arrive pas à gérer seule cette situation. On n'arrive d'ailleurs pas à savoir si son drame réside dans la couleur de son enfant ou dans l'annonce de son adoption à elle, et bien que les deux évènements soient liés, leur mise en relation n'est pas vraiment exploitée. Enfin, côte forme, l'emploi systématique d'allitérations et de métaphores filées à l'extrême alourdit quelquefois le texte. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir lu ce roman sans m'ennuyer, et d'y avoir trouvé, quelquefois, un certain plaisir.
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Il est né, le deuxième enfant de ce couple uni et aimant. Ils sont déjà parents d'une petite Esther adorable et sans histoire, voilà qu'arrive un fils aimé et choyé. Enfin jusqu'au jour de cette visite chez le pédiatre, lorsque sa mère découvre une tache bizarre sur le petit corps d'Alban. Et jour après jour, les marques se font plus nombreuses, la couleur de sa peau change. Car Alban s'avère être un bébé surprise, un bébé métis. Mais pourquoi, et comment ?
Les découvertes et les révélations sont violentes et déstabilisantes pour cette maman complétement perdue dans le silence de ses origines, dans ce secret enfin dévoilé qui bouleverse sa vie. Qui est-elle et d'où vient-elle ? Une fillette adoptée par des parents aimants. Par ce père devenu veuf qui se mure dans le silence et n'ose révéler ce lourd secret à sa fille au décès de son épouse.
Le silence est fracassant, la révélation déstabilisante, elle est face à cet enfant qu'elle ne reconnait pas, qu'elle hésite à aimer, à prendre dans ses bras, à accepter. La voilà plongée dans un immense désarroi, celui de réaliser qu'elle a été abandonnée à la naissance, puis le silence de son père, enfin la couleur de l'enfant, comment peut-elle vivre avec ça ? Mais elle a en même temps une réaction totalement démesurée, celle de "cacher cet enfant que je ne saurais voir"par tous les moyens, même les plus invraisemblables. Un peu trop peut-être, on a un peu de mal à y croire à ces accessoires, mais dans la réalité, on sait bien hélas que la maltraitance n'a pas de limite… surtout dans une famille un peu trop aveugle confrontée à cette mère désespérée.
Un roman qui a le mérite de poser de bonnes questions sur la maternité, l'instinct maternel, la filiation et la connaissance de soi.
Chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/08/01/un-loup-quelque-part-amelie-cordonnier/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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