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3,56

sur 795 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La comédie. Voilà un registre où l'on n'attend pas forcément le grand Corneille de prime abord et pourtant d'un battement d'aile le voici nous servant une tragi-comédie pleine d'humour et de finesse.

Par le biais d'une mise en abîme que j'ai peu l'habitude de croiser au théâtre, l'illustre tragédien donne donc dans le comique. Pour ce faire, et comme le nom de la pièce l'indique, le jeu des illusions est de mise.

J'ai particulièrement aimé les personnages secondaires, Lyse, la servante d'Isabelle, et le capitaine Matamore (le bien-nommé) qui m'ont fait beaucoup sourire. Les amours plus ou moins crédibles s'entrecroisent et les espoirs tournent casaque à chaque scène. le pied-de-nez final est croustillant, je ne vous en dirais donc rien.

Alcandre, le mage grand illusionniste qui coordonne tout le récit, aura ce mot fataliste et philosophe que je goûte tout particulièrement parce qu'il nie sa capacité à dévier le destin par sa magie :
"Ainsi de notre espoir la fortune se joue :
Tout s'élève ou s'abaisse au branle de sa roue :
Et son ordre inégal, qui régit l'univers,
Au milieu du bonheur a ses plus grands revers."

Une belle découverte classique.
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Une pièce de théâtre sur le théâtre. Par une double mise en abîme, l'auteur nous fait voir dans le temps de la représentation, le pouvoir du spectacle théâtral.
Pridamant, par sa sévérité, a poussé son fils à partir. Pris de remord il a cherché à le retrouver, en vain. Sur conseil d'un ami, il se rend à la grotte du magicien Alcandre pour le consulter. Celui-ci lui fait voir la vie de son fils Clindor jusqu'à la mort de celui-ci. Mais n'est-ce pas le privilège du théâtre que de faire vivre au spectateur des aventures, des amours et de lui faire ressentir toutes les émotions qui en découlent, alors qu'elles sont irréelles ?
Bien sûr que serait une représentation sans intrigue amoureuse ? La belle Isabelle a trois prétendants : Adraste, Clindor, et Matamore. Lyse sa suivante trouve Clindor, valet de Matamore, à son goût et doutant de sa qualité de gentilhomme pense qu'il lui serait mieux assorti qu'à sa maitresse. Hésitant entre la vengeance et l'amour, elle le sauve pourtant. Et l'on n'échappe pas non plus au père autoritaire qui entend que sa fille épouse qui il choisit pour elle.
Soit une intrigue classique dans une mise en scène, interne à la pièce tout à fait originale.
Dans cette comédie apparaît entre autres le personnage de Matamore, soldat pleutre mais fanfaron, que Corneille a repris du théâtre espagnol et de la Commedia dell'arte, que l'on peut aussi faire remonter à Plaute, et dont le nom est resté dans le langage courant.

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Corneille a commencé sa carrière au théâtre par les comédies, qui ont connu en leur temps un grand succès. La seule que l'on continue à jouer encore maintenant assez régulièrement, est cette Illusion comique, pourtant atypique parmi les comédies de l'auteur.

Corneille a été un grand inventeur de formes, le théâtre français à son époque se cherche énormément. Après le modèle antique, mis à l'honneur par le XVIe siècle, l'imitation des pièces italiennes, vient celle des espagnoles. Corneille met en scène une comédie citadine, que l'on pourrait appeler une comédie de moeurs, qui remplace un comique outré par un comique plus délicat, censé utiliser le langage véritablement pratiqué de son temps, « l'enjouement » remplaçant le gros rire, et les scènes se passent dans un décor connu de tous, comme le montre les titres de certaines de ces pièces évoquant des lieux parisens « La place Royale » « La galerie du palais ».

L'illusion comique, assez unique dans l'oeuvre de l'auteur, est bien plus originale. Un père qui a chassé son fils désobéissant regrette maintenant son geste et voudrait le réparer. Un magicien promet de lui montrer, grâce à sa magie, les aventures de ce fils chassé. Nous suivons d'abord des scènes dans lequel Clindor (le fils en question) est entré au service de Matamore, un fanfaron, qui raconte en permanence des exploits héroïques imaginaires, tout en prétendant à l'amour d'une belle jeune fille. Ce personnage est habituel, stéréotypé, on le retrouve dans bon nombre de comédies de son temps. Bien évidemment, c'est Clindor qui est aimé par Isabelle. Mais le père lui destine un autre homme, que Clindor assailli tue. Il se retrouve en prison, mais peut fuir avec sa bien aimée grâce à la servante qui a séduit le geôlier. le magien fait voir ensuite au père une autre scène, dans laquelle, Clindor, devenu infidèle, a une intrigue amoureuse avec la femme d'un prince, et qui se termine par la mort des deux amants. le père est accablé, mais le magicien lui montre la scène suivante, dans laquelle Clindor partage avec ses compagnons la recette de la soirée : il est devenu comédien, et les deux scènes précédentes, sont des morceaux de représentations auxquelles il participait. le père n'a plus qu'à se rendre à Paris pour retrouver son fils.

Théâtre dans le théâtre, devenu plus banal aujourd'hui, mais bien plus novateur à l'époque, la pièce nous montre également des morceaux choisis de l'art théâtral de l'époque, ses artifices et charmes. Et met en valeur le théâtre, ce métier de comédien, réprouvé à l'époque, par l'église, par la loi (il est frappé d'infamie).

Passionnant.
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J'ai découvert cette pièce sue cette première lecture.
J'ai beaucoup aimé cette mise en abîme du théâtre lui même,
Et le passage de la comédie avec des personnages assez loufoques à la tragédie comme un catalogue de ce que l'auteur est capable d'écrire.
Encore un texte que je verrais jouer avec délice.
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Du théâtre dans le théâtre, une magnifique prouesse réalisée par Corneille ici. C'est l'histoire d'un homme, Pridamant, qui, désespéré par la disparition de son fils Clindor, décide d'aller consulter un mage qui se trouve dans une grotte en espérant obtenir des nouvelles de la chair de sa chair. Une chose incroyable se passe puisque la grotte d'Alcandre, le mage, se transforme elle-même en pièce de théâtre, dans laquelle le père peut suivre les aventures qui sont arrivées à son fils. Puis la magie se dévoile et le père apprend finalement que ce n'étaient que des comédiens qui ne faisaient que jouer une pièce sous les yeus de ce père désemparé et du mage.
Du tragique dans le comique, mélangez le tout et vous obtiendrez finalement une prodigieuse comédie réalisée par l'un des plus grands de son temps, Corneille. Un classique incontournable à découvrir !
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Pridamant est un homme qui cherche son fils depuis dix ans. Il rencontre alors un magicien du nom d'Alcandre, qui l'invite dans sa grotte pour lui montrer la vie que mène son fils. Qu'elle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre que le monde qui l'entoure est un théâtre au sein duquel son fils fait partie des comédiens! Pridamant est heureux, le lecteur aussi! Une belle pièce de Corneille qui a son mérite ;)
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Pierre Corneille était également très doué pour écrire des comédies. On dirait ici du pur Molière. L'auteur m'est apparu moins engoncé que dans certaines de ses tragédies. Un très grand moment de théâtre classique à mes yeux.
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Un chef d'oeuvre du baroque..Une pièce de théâtre dans le théâtre...C'est une oeuvre originale de par l'utilisation de la mise en abîme. Grâce à ce procédé Corneille mêle brillamment le genre tragique à celui du comique.À l'époque de la publication, le titre faisait pleinement référence à l'art théâtral . Aujourd'hui, les termes ont pris une connotation différente, c'est un oxymore entre comique et illusion, comme si un désenchantement pouvait être risible.

Une oeuvre incontournable...
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Pridamant n'a plus de nouvelles de son fils depuis 10 ans. Et quand un ami lui propose d'aller voir un magicien réputé pour le retrouver, il le suit et découvre Alcaste et ses pouvoirs hors du commun: il réussit en effet à faire paraître des "spectres parlants" qui montrent la vie de celui qui se fait désormais appelé Clindor, le fils de Pridamant. C'est une vie riche en aventures : il est au service d'un capitaine qui a tué plus de rois et séduit plus de princesses en mots qu'en faits, et surtout il est amoureux d'Isabelle, qui l'aime en retour mais qui est promise par son père à un autre. Et c'est comme cela que les choses se compliquent.
Je n'en dévoile pas plus car même si cette pièce est un classique, il est bon d'en garder quelques surprises surtout qu'elle n'en manque pas: on rit , on a peur, on s'indigne (Clindor n'est pas un amoureux parfait...), et bien sûr Corneille y ajoute son petit message personnel au Roi.
A lire sans souci si vous n'avez pas peur de l'alexandrins et de la langue du XVIIème. Moi, je me suis régalée.
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J'ai découvert ce texte lors d'un stage sur le théâtre baroque avec Benjamin Lazar. Puis, j'ai joué le rôle de Matamore. C'est une grande surprise, j'ai vraiment apprécié ce texte, surtout la mise en abîme que Corneille met en place au cours du texte, et ses inspirations tirées de la Commedia Dell' Arte.
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